"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

lundi 5 décembre 2011

Au pied des géants

Peu de treks comme le tour des Annapurnas permettent de côtoyer certains des plus hauts sommets du monde pendant deux semaines et de dépasser les 5000m d'altitude sans difficulté technique ou logistique particulière. La choix de la deuxième quinzaine de novembre s'avèrera judicieux pour échapper aussi bien à la foule qu'à la neige. Pour atteindre le point de départ du trek, à 800m d'altitude, il faut d'abord huit heures interminables de bus sur une route périlleuse. Les premiers jours de marche nous font suivre un chemin bien balisé qui remonte progressivement une vallée jusqu'au village de Manang, situé à 3500m. Nous voyons défiler les paysages au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude. Nous passons d'abord entre rizières en terrasse et bananiers avant de traverser des forêts de bambous, de feuillus puis de sapins et d'atteindre les zones d'altitude où paissent les yaks. C'est à Manang que les choses sérieuses commencent. Le village suivant étant situé à plus de 4000m, il est en effet vivement recommandé d'y passer une journée d'acclimatation afin d'éviter d'éventuels troubles liés à l'altitude. Pas vraiment une journée de repos, il s'agit au contraire de gagner un maximum d'altitude dans la journée et de redescendre dormir au village. L'occasion pour nous de découvrir un lac (partiellement) gelé à 4600m et surtout l'une des plus belles vues du trek sur le massif des Annapurnas. 

Annapurna III et glacier du Gangapurna
Le moment fort du trek et la motivation de chaque randonneur, c'est le passage du col du Thorong La, situé à 5416m. L'ascension se fait en trois courtes journées de marche pour ne pas gagner trop d'altitude à la fois mais il ne faut pas s'y tromper, ce sont des étapes assez physiques: le pas devient lent, le souffle court et les nuits extrêmement fraîches, surtout celle au High Camp, à 4900m (plus haut que le Mont-Blanc). Nous franchissons le col le dimanche 27 novembre à 8h48, morts de froid mais heureux! 

Preuve à l'appui: passage du Thorong La, 5416m
 La vue n'est pas particulièrement impressionnante mais le sentiment d'accomplissement est grisant et se lit sur tous les visages. Le passage du col ne marque en aucun cas la fin de la journée mais le début d'une descente vertigineuse jusqu'au premier village à l'ouest. C'est déjà pour beaucoup de marcheurs la fin du voyage depuis la construction de la route. Pour nous, il reste encore une petite semaine de marche sur des sentiers désertés, au coeur de paysages époustouflants comme les hautes vallées désertiques du Mustang qui ne voient jamais la pluie. Les points forts de la seconde partie du trek sont le magnifique village blanc de Marpha, le glacier du Dhaulagiri (sixième plus haute montagne du monde) et petite récompense, les sources chaudes de Tatopani (idéal pour les jambes fatiguées).

Paysage de vallée au-dessus de Tatopani
Il nous faudra finalement seize jours pour parcourir le circuit dans son intégralité. Toutes les conditions étaient réunies pour un trek inoubliable: soleil omniprésent et soucis logistiques réduits au minimum. Nous avions choisi de faire le trek sans guide ni porteur. Il était après tout bien difficile de se perdre et nous avons eu peu de mérite à porter nos sacs chaque jour car nous n'emportions ni tente ni nourriture. Le chemin est en effet jalonné de lodges où nous étions logés chaque soir pour des sommes dérisoires dans des chambres basiques. En contre-partie, les repas (délicieux) y sont chers et les prix vont jusqu'à doubler dans les zones les plus reculées. Mais nous avons joué le jeu avec plaisir tellement il est agréable de prendre un bon repas après une longue journée d'effort et nous avons été impressionnés par ces cortèges de porteurs locaux qui approvisionnent les villages de proche en proche depuis la route, parfois située à plusieurs jours de marche. Nous avons été heureusement surpris de voir que tout est mis en oeuvre pour minimiser l'impact écologique de notre passage: recharges d'eau potable disponibles dans presque tous les villages d'altitude, douches solaires (mieux vaut arriver tôt pour avoir de l'eau chaude), utilisation du bois de chauffage minimisée (pas de chauffage dans les chambres, seulement quelques heures dans la pièce commune). 

Porteur de tout et n'importe quoi sur le trek
Few treks like the Annapurna Circuit offer spectacular high mountain views and allow you to go above 5000m without technical difficulty or special logistics. The choice of the second half of November turned out to be a good one as we managed to escape the crowd as well as the snow. To reach the starting point of the trek, at 800m above sea level, it took us eight long hours by bus on a dangerous road. The first few days, the well-marked trail followed a valley gradually uphill to the village of Manang, located at 3500m. The trek is amazing because you get to see different lanscapes as you gain altitude: terraced rice fields, banana trees in the lower parts, then bamboo and pine forests and yak pastures in high mountain areas. It is in Manang that the real fun began. The next village was located above 4000m so it was highly recommended to spend an acclimatization day there before pushing on in order to avoid possible problems related to altitude. Not really a rest day. On the contrary, this was all about gaining altitude during the day and returning to Manang to sleep. We hiked to the Ice Lake at 4600m and the view of the Annapurna Range up there turned out to be one of the best of the trek.
The highlight of the trek and motivation of each hiker is the Thorong La pass, at 5416m. The ascent is done in three short days to avoid gaining too much altitude at a time but don't be mistaken, these are quite strenuous days: the pace is slower, you're sometimes breathless and nights up there are really cold, especially the one at the High Camp, at 4900m (higher than Mont Blanc). We reached the pass on Sunday, November 27th at 8.48am, freezing but happy! The view was not particularly impressive but the sense of accomplishment was exhilarating and could be read on every face. The pass marked by no means the end of the day but the beginning of a steep descent to the nearest village to the west. It is where many hikers end their trip as they take advantage of the new road but we wanted to walk the entire circuit and still had a week on deserted trails among breathtaking scenery such as the high desert valleys of Mustang that never see the rain. The highlights of the second part of the trek were the beautiful whitewashed stone village of Marpha, the Dhaulagiri glacier (the sixth highest mountain in the world) and last but not least, the hot springs of Tatopani (ideal for tired legs).
It took us sixteen days to walk the entire circuit. We had a perfect weather and minimal logistical concerns. We chose to trek without a guide or porter. It was after all very difficult to get lost and we had little merit to carry our backpacks every day because we didn't have any tent or food. There was accommodation all along the way (lodges) where we could stay every night for a pittance (usually one euro) in basic rooms. The meals were expensive (for local standards) and the prices would double up in the most remote areas. But it was nice anyway to get a delicious meal after a long day of effort and we were impressed by all the locals we saw on the trails carrying all kinds of goods on their back to supply remote villages from the road. We were also pleasantly surprised to see that a lot is done to minimize the environmental impact of tourists: refillable drinking water available in many villages, solar showers (it's better to arrive early though to get hot water) and use of firewood minimized (no heating in the rooms, only a few hours in the common room).

La vallée des temples

L'arrivée en avion au Népal offre une vue imprenable sur la chaîne himalayenne et ses sommets enneigés. Il nous tarde de partir randonner avant que le froid hivernal ne s'installe et que la neige ne vienne recouvrir le principal col du trek. Mais avant cela, Katmandou est une étape incontournable. 

Vieille ville de Patan dans la vallée de Katmandou
C'est une ville surprenante, mélange de couleurs et de cultures mais c'est surtout la juxtaposition d'ancien et de moderne qui étonne. Les temples et palais du Moyen-Age sont éparpillés dans une ville chaotique et surpeuplée. La richesse de l'architecture du 17ème ou 18ème siècle tranche avec les constructions modernes hasardeuses qui poussent vers le ciel. Nous passons ainsi plusieurs jours à déambuler dans les ruelles envahies de marchandises, de piétons et de véhicules en tout genre, à la découverte des temples aussi bien hindous que bouddhistes qui parsèment la ville. Ajoutez à celà la multitude des dieux hindous, la complexité de l'imagerie religieuse et la surperposition des deux croyances qui marquent la culture népalaise et l'affaire devient vite très complexante pour le touriste néophyte. 

Bouddha en méditation
Les démarches d'obtention du visa indien, qui prendront une semaine et nous coûteront quelques séances d'attente interminables, prolongent notre séjour dans la capitale et nous en profitons pour visiter l'ancienne ville royale de Patan, un temple bouddhiste envahi par les singes et les touristes ainsi que le complexe hindou de Pashupatinah, situé au bord d'une rivière sacrée, où nous assistons à notre première crémation.
Nous découvrons aussi avec plaisir la richesse de la cuisine népalaise qui associe saveurs tibétaines et indiennes, et pour quelques roupies, nous nous régalons de momos, ces délicieux ravioli à tremper dans une sauce au curry, de daal bhat, riz blanc servi avec une soupe aux lentilles et un curry de légumes et des thukpas, copieuses soupes de nouilles. Nous redécouvrons une diversité culinaire qui nous avait manquée en Afrique. Une fois le plein de culture fait et nos estomacs rassasiés, nous quittons la grisaille et le vacarme pour rejoindre les hauteurs.

Délicieux momos
Before we landed in Nepal, we got an amazing view of the Himalayan range from the aircraft. We couldn't wait to go hiking before it got too cold and snowy on the trail. But we were to spend a few days in Kathmandu first, a perfect introduction to the country.
It is a fascinating city, a mix of colours and cultures, of old and new. Medieval temples and palaces are spread out in the chaotic and crowded streets of the old town. The architectural monuments from the 17th and 18th centuries couldn't contrast more with the modern sprawling buildings. We spent many days wandering around the backstreets and courtyards full of shops and motorcycles and exploring the numerous Hindu and Buddhist temples. It is easy to get lost though with the huge number of Hindu gods, all the religious symbols and the fact that in Nepal, Hinduism and Buddhism have a lot of common features (followers of both religions often pray at the same temple). It took us one week to get the Indian visa so we used the opportunity to take a few side trips such as the old royal city of Patan, the "Monkey Temple" and the Hindu complex of Pashupatinah which stands on the banks of a holy river and where we witnessed a cremation.
We ate like kings in Kathmandu and sampled the local dishes - even though most of them are actually either Indian or Tibetan - for a few rupees: momos (delicious dumplings dipped in a a spicy sauce), daal bhat, the staple meal (rice, lentil soup and curried vegetables) and thukpas (thick noodle soups). A culinary diversity that we had missed in Africa! Once we had enjoyed the culture and the food, we left the chaos and grey skies and headed to the mountains.

vendredi 18 novembre 2011

Dubai, la ville des superlatifs

Un passage par cette ville du golfe était quasi inévitable pour rallier le continent asiatique depuis l'Afrique. Pas vraiment attendue ni rêvée, la destination Dubai s'est pourtant avérée assez intéressante, fascinante même par certains aspects. Dubai, c'est d'abord un melting pot incroyable, un avant-goût d'Asie. Et puis, difficile de rester insensible à cette folie des grandeurs: plus haute tour du monde (828m), plus grand centre commercial, des chantiers à perte de vue. Impossible n'est pas Dubai...
 
 
It was difficult to bypass Dubai on our way from Africa to Asia. Unlike many other places, we were not really looking forward to this stopover in the Gulf city but it turned out to be an interesting (and even somehow fascinating) stop. First of all, Dubai is an incredible melting pot, a foretaste of Asia!
And then, difficult not to fall for the grandiose achievements such as the world's tallest building, the world's largest mall and numerous ongoing construction projects. It seems nothing is impossible in Dubai...

jeudi 17 novembre 2011

Entre deux continents

Un simple bras de mer nous sépare de notre ultime destination africaine: Zanzibar n'est qu'à quelques kilomètres (ou 90 minutes de ferry) de Dar es Salaam. Nous ne passerons qu'une soirée à Dar. On nous avait dit que la ville n'avait pas beaucoup d'intérêt mais nous sommes agréablement surpris par son architecture coloniale mélangeant inspirations allemande et britannique et par cette ambience incontestablement africaine avec cependant des accents indiens et arabes. Le changement d'atmosphère est encore plus palpable dès l'arrivée en ferry sur l'île de Zanzibar qui offre au voyageur une vue imprenable sur les plus beaux palais de Stone Town, alignés fièrement sur le front de mer. Déjà un avant-goût d'Orient...
Vue de Stone Town depuis le ferry
La vieille ville de Stone Town est tout aussi fascinante qu'elle est fatigante. Les ruelles étroites sont charmantes et on s'y perd avec plaisir pour découvrir les vieilles maisons décrépies et les fameuses portes swahili richement décorées mais le charme est rapidement rompu par le ballet incessant des mobylettes et vélos accompagnés d'innombrables coups de klaxon.
Nous découvrons aussi dès notre arrivée une autre facette de Zanzibar: les touristes. C'est la première fois que nous en voyons autant depuis le début de notre voyage. En deux mois en Afrique, nous n'avions pas croisé un seul touriste français mais en cette semaine de vacances de Toussaint, ils sont nombreux à être venus fuir la grisaille de novembre sous le soleil de Zanzibar. L'affluence des voyageurs attire aussi son lot de profiteurs, rabatteurs et autres désagréments mais malgré tout, nous tombons nous aussi sous le charme de Stone Town. Nous apprécions notamment la cuisine locale et faisons chaque jour le plein de légumes, qui nous ont tant manqué sur le continent. Fini le poulet-frites ou poulet-riz! Le vrai bonheur, c'est aussi un peu d'avoir un accès rapide à internet et la Wifi pour communiquer avec nos familles. 
 
A la découverte de la vieille ville
Mais assez parlé de Stone Town. Après tout, si nous sommes ici, c'est aussi pour les fameuses plages de Zanzibar. Nous avons choisi de partager notre séjour entre Paje au sud-est, où nous espérons découvrir les joies du kite surf et Kendwa au nord, réputée pour ses plages idylliques. Malheureusement pour nous, la saison de kite surf vient de se terminer mais nous nous consolons vite à Kendwa où la plage de sable blanc, bordée de cocotiers, fait face à une mer turquoise. L'endroit idéal pour se reposer quelques jours avant les trois semaines de trek au Népal. Jugez-en par vous-mêmes!
 
Plage de Kendwa

Our last stop in Africa was Zanzibar Island, a few kilometers off Dar Es Salaam. We spent only one night in Dar but what was supposed to be another boring African metropolis according to many people we had met on the road actually surprised us with its colonial architecture (there are a lot of British and German-style buildings) and its mix of influences from Africa, India and the Arabian peninsula.
After a short ferry ride (90 minutes), we reached Zanzibar Island and the view of the oriental palaces along the waterfront was amazing. The old Stone Town is truly fascinating but it is also very exhausting. The narrow streets are a great place to get lost and marvel at the old mansions and the beautifully carved wooden doors rather, that is if you can forget for a while about the crazy motorcyclists and unpleasant horns.
We soon discovered the other side of Zanzibar: tourism. We had not seen so many tourists in two months. There were quite a lot of French families with the kids spending the school holiday in the sun. And because of that, we got our share of hassle from the street touts and would-be guides but still, we had a great time there. We especially enjoyed the local cuisine and filled up on vegetables we had missed so much on the African continent. No more chicken & chips or chicken & rice! And after all this time without a decent internet connection, it was so good to get wifi and to be able to skype! But enough about Stone Town. After all, if we had come all the way to Zanzibar, it was for its world-famous superb beaches. First, we went to Paje on the east coast because this was supposed to be the best place on the island to learn kite surfing but when we got there, we found out that the kite season was over. So we spent the rest of the time in Kendwa, a wonderful stretch of sand in the far north. The perfect place to relax before a long mountain trek in Nepal. See for yourself!

lundi 7 novembre 2011

L'autre Tanzanie (itinéraire bis)

En passant la frontière, nous savions que notre périple allait prendre une tournure différente. Pour la première fois, nous abordions un pays sans itinéraire pré-établi mais avec au contraire une idée bien précise de ce que nous allions manquer. La Tanzanie est peut-être la destination rêvée pour découvrir l'Afrique dans toute sa spendeur, quel autre pays peut en effet s'enorgueillir de regrouper le plus haut sommet d'Afrique, les trois plus grands lacs du continent et des réserves animalières parmi les plus célèbres au monde? Mais pour nous, cette Afrique-là est hors de portée pour cette fois. Il faut en effet compter près de 1000 USD pour faire l'ascension du Kilimanjaro et au moins 200 USD par personne pour une journée de safari dans le parc Serengeti ou au cratère Ngorogoro. On est bien loin de nos 30 € par jour! Du coup, nous nous contenterons de rejoindre Dar es Salaam sur la côte et de là, l'île de Zanzibar, ultime étape de notre aventure africaine. Il y a bien  un bus direct pour Dar depuis la frontière mais nous optons pour l'itinéraire bis qui traverse les Highlands (hautes terres) du sud de la Tanzanie d'ouest en est avant de remonter la côte jusqu'à Dar.
Le climat des Highlands est agréable car les villes sont situées à plus de 1000m d'altitude. Tout est très vert et les cultures omniprésentes (théiers, caféiers, bananiers, pommes de terre, etc.). Nous comprenons vite pourquoi lorsque nous prenons notre première grosse averse depuis notre arrivée en Afrique. Des trombes d'eau et même de la grêle viennent en effet gâcher les derniers kilomètres de notre randonnée au lac de cratère près de Tukuyu. A Njombe, nous ne trouvons ni le monastère ni les saucisses dont nous avait parlé Irma mais du fromage et du yaourt. Rien que pour ça, nous sommes contents d'être venus! 
 
Une agréable surprise à Njombe!
Nous quittons rapidement les hauteurs verdoyantes pour retrouver la plaine chaude et poussièreuse. La route de montagne a fait place à une piste praticable uniquement en saison sèche et où les bus avancent péniblement. Au total, la traversée du pays nous prendra quatre jours. Pas grand chose à voir sur le parcours et nous arrivons chaque soir épuisés et couverts de poussière rouge de la piste. 
 
Quelque part entre Songea et Tunduru
Nous n'avons pas vu un seul touriste depuis notre arrivée en Tanzanie et personne ne parle un seul mot d'anglais. Nous sommes contents d'avoir appris quelques mots de swahili pour commander à manger et négocier le prix de l'hébergement ou du transport. L'arrivée sur la côte nous fait vite oublier cette traversée du désert et nous passons deux jours sous le charme de Mikindani. Cette petite bourgade sans prétention dispose de nombreux vestiges d'un lourd passé pas si lointain mais ici, le visiteur est livré à lui-même pour retrouver l'ancien marché aux esclaves ou les ruines d'une prison. Au large, les récifs coralliens sont magnifiques et nous faisons l'une de nos plus belles plongées à quelques mètres seulement du marché aux poissons, parmi les ancres des bateaux de pêcheurs et de vieux pneus échoués. Dans cet endroit improbable, nous découvrons une diversité sous-marine inattendue.
 
Dans les rues désertes de Mikindani
Si Mikindani est une bonne surprise, l'arrêt suivant à Kilwa Masoko sera en revanche l'une de nos plus grosses déceptions. La ville est quelconque et peu accueillante. Nous y passons deux jours à négocier la traversée en bateau jusqu'à l'île de Kilwa Kisiwani pour visiter les ruines de ses palais et mosquées mais impossible d'obtenir un prix raisonnable. Désormais, plus d'hésitation, nous prenons le premier bus direct pour Dar es Salaam.

This was not just another border crossing. For the first time, we had no idea where we were going to spend the following days but we knew we were going to give a few places a miss. Tanzania may have the highest mountain in Africa plus some of the world's most famous national parks but none of these really is an option when you're on a budget. You need for example 1000 USD to climb Mount Kilimanjaro and at least 200 USD per day for a safari in the most popular national parks. So, we had to stick to the cheaper places and make our way to Dar Es Salaam (on the coast) and from there to Zanzibar. There was a direct bus to Dar from the border but we went for the less classic route and decided to head east through the southern highlands and then north along the coast to Dar.
The highlands offer an enjoyable (cool) climate as most cities there lie above 1000m. Everything is green and locals can grow about anything, from tea and coffee to bananas and potatoes. We soon enough realized why: on the way back from a crater lake near Tukuyu (nice hike by the way), we were caught in a big rain shower (the first one in two months). Next stop was Njombe. We couldn't find the monastery and sausages mentionned by Irma but we were lucky enough to find some cheese and yoghurt. Well worth the trip! We soon left the green highlands for the dusty and hot plain. The mountain road turned into a bumpy dirt road, only passable in the dry season. All together, it took us four days to reach the coast. Not much to see on the way. Every day, after a long bus ride, we would arrive tired and covered with red dust from the road. We hadn't seen a single tourist yet. It's a good thing we had learnt some basic swahili right from the start as no one speaks english (at least in the south).
Once on the coast, we spent the first two days in Mikindani. This sleepy little town has a long history and various old buildings, though it requires a little bit of exploring to find the old slave market or the prison ruins. Offshore, there are beautiful coral reefs but we actually had one of our best dives close to the shore. We had to swim between boat anchors and old tyres but the fish diversity there was incredible (quite unexpected, only a few meters away from the local fish market). Further north, we stopped at Kilwa Masoko but the town was not really interesting nor were the locals particularly friendly. We tried to get on a boat to the nearby island of Kilwa Kisiwani (to visit ruins there) but couldn't get a decent price for the ride so we decided it was just about time to catch a direct bus to Dar Es Salaam.

jeudi 3 novembre 2011

Un musée à ciel ouvert

Pas beaucoup d'étapes culturelles dans notre périple africain, il faut dire que l'Afrique australe est plus connue pour ses paysages et sa faune que pour ses monuments historiques. Au nord du Malawi, un site permet toutefois de se plonger dans un passé somme toute assez récent (à notre échelle d'européens) et de découvrir l'univers des missions coloniales. Livingstonia, probablement la plus célèbre d'entre elles, a été établie à la fin du dix-neuvième siècle par les Britanniques afin de poursuivre les objectifs (ou idéaux) du célèbre Dr. Livingstone: évangélisation et éducation de la population locale bien sûr mais aussi mettre un terme à l'esclavage, un commerce encore très lucratif à l'époque dans la région. Après deux tentatives infructueuses au bord du lac (pour cause de paludisme), les missionnaires se sont installés ici à neuf cents mètres au-dessus du lac, loin des moustiques. Un isolement relatif qui se poursuit encore aujourd'hui. Pas de transport en commun, il faut donc marcher pour atteindre le site! Nous partons du lac sous une chaleur écrasante avec nos gros sacs sur le dos et il nous tarde de prendre un peu de hauteur pour trouver de la fraîcheur. Les premiers kilomètres sont éprouvants: pas un arbre pour nous faire de l'ombre. La piste, toute en lacets, semble interminable et impossible avec nos sacs de prendre les raccourcis trop abrupts. Et pour se motiver, rien de mieux que de compter les fameux lacets - vingt d'après le guide de voyage - qui jalonnent le parcours.

La piste de Livingstonia et ses fameux lacets
Mais après un peu moins du compte et deux heures de marche, c'est déjà l'arrivée à la Mushroom Farm, notre campement pour la nuit, avec comme récompense une vue imprenable sur le lac et au loin, les monts Livingstone (déjà la Tanzanie). Le lendemain matin, nous parcourons les derniers kilomètres pour rejoindre Livingstonia. Rien ne semble avoir changé en un peu plus d'un siècle. La cathédrale et les veilles maisons en pierre sont toujours là, l'hôpital toujours en service. Seule nouveauté, l'université avec ses grandes pelouses et étudiants en uniforme, un petit d'air Oxford en terre africaine. 

Un des nombreux bâtiments victoriens
Après quelques excursions autour de Livingstonia, nous redescendons vers le lac pour passer notre dernière nuit au Malawi. Et pour la première fois depuis notre arrivée en Afrique, nous découvrons trois de ces fameux "overland trucks", fraîchement débarqués de Tanzanie. C'est un concept typiquement anglo-saxon, une sorte de colonie de vacances mobile qui permet de traverser le continent africain en un temps record, en passant par les sites touristiques les plus connus. Les touristes du jour semblent déjà bien maîtriser le rituel et se mettent, aussitôt arrivés, à planter leurs tentes et à préparer le repas qu'ils prendront assis en rond à côté de leur bus, sans se mélanger. Ce soir, c'est décidé, nous fuyons les "envahisseurs" et allons dîner dans le campement voisin où nous sommes accueillis par Irma et Willie, un couple de sud-africains sexagénaires, installés depuis peu. Ici, pas encore d'overland truck, pas de touriste du tout d'ailleurs. Deux personnages atypiques et attachants avec qui nous allons passer une soirée d'anniversaire de Pierre (en ce 20 octobre) passionnante à parler de l'Afrique. Nous repartons même avec l'adresse d'un monastère tanzanien qui fait paraît-il du fromage et des saucisses. Irma a lu ça dans un livre et rêve d'y aller. C'est promis, Irma, on vous tient au courant!

Vue sur le lac depuis le plateau de Chombe

Southern Africa boasts amazing landscapes and wildlife but does not have much in the way of historical or cultural sights. There's a place though, in northern Malawi, that provides an interesting glimpse into the country's recent (at least for us Europeans) colonial past. Livingstonia is probably the most famous mission in this part of Africa. It was established at the end of the nineteenth century by Scottish missionaries (and named in honour of Dr Livingstone) in order to introduce Christianity to central Africa, educate the local population but also to put an end to the slave trade, which was still operating at that time. They had already tried to settle twice on the lakeshore but were forced to relocate because many people had died from malaria. That's why they built the mission 900m above the lake (where mosquitoes aren't an issue).
The site is quite isolated and you need to walk to get there as there's no public transportation. We did the walk on a very hot day. The dirt road follows a series of twenty bends but you can't really take the short cuts when you have a big backpack, they are too steep! So we started counting the bends and finally, after a two-hour uphill hike, we reached the Mushroom Farm, a very nice camp with dramatic views over the lake and the Tanzanian mountains. On the next day, we walked the last six kilometres to the mission. Livingstonia is quite an unusual place and is probably very similar to what it used to be a century ago. The cathedral and the old stone houses are still around and the mission hospital is still in use. A more recent addition though is the university with its green lawns and students in uniform (Oxford on African soil?). After a few walks around Livingstonia, it was time to head back to the lake to spend our last night in Malawi. And for the first time since our arrival in Africa, we got to see the famous overland trucks, these air-con buses full of Brits and Americans rushing from one attraction to the other. Three of them had just arrived from Tanzania and dozens of tourists were already busy installing tents and cooking dinner.
We decided to go to the next camp for dinner and there, we met the owners, Irma and her husband Willie, two sixty-something-year-old South Africans who had opened this place a few months before. There was no one there but the four of us spent a memorable night chatting about Africa. Irma wouldn't let us leave without the address of a Tanzanian closter where monks make cheese and sausages. She had read about it and dreamt ever since of going there. We promised we'd let her know if we happened to stop there on our way to Zanzibar.

Une semaine au paradis

Likoma n'a rien d'une île carte de postale et pourtant, c'est bien un petit paradis. Plantons le décor... Ici, les baobabs et les manguiers remplacent les cocotiers. On pourrait presque se croire au bord de l'océan Indien tant le lac est immense et ses eaux cristallines. Les couchers de soleil enfin sont grandioses. 
 
 
Mais ce qui caractérise peut-être le plus Likoma (et sa petite soeur Chizumulu), c'est le calme qui y règne. Les véhicules à moteur se comptent sur les doigts de la main et il y a d'une façon générale très peu d'activité sur les deux îles. Comme bien souvent au Malawi, pas vraiment d'agriculture mais plutôt quelques rares cultures de subsistence. On plante ici cinq pieds de maïs, là trois pieds de tomates et une rangée d'oignons. Bref, de quoi nourrir sa famille en complément de la nsima, cette farine de maïs cuite dans l'eau jusqu'à obtenir une texture proche de la polenta. L'activité principale, c'est la pêche, pratiquée principalement les nuits sans lune à la lueur des lampes à essence. Les poissons les plus gros sont mangés, les plus petits séchés au soleil puis vendus.
Sur les îles, le touriste est encore une espèce rare. Ce qui permet d'avoir un rapport assez privilégié (pas encore trop "pollué" par le tourisme) avec les locaux. Et peut-être plus encore qu'ailleurs au Malawi, difficile pour un "Mazungu" (Blanc) de passer inaperçu. Chaque fois que nous traversons un village, nous sommes accueillis par les cris de joie des enfants. 
 
Toujours un franc succès!
Entre deux séances hamac ou baignade, nous en profitons aussi pour faire notre première plongée en eau douce et découvrir la faune aquatique locale, les fameux cichlidés, ces poissons exotiques de toutes les couleurs et dont ils existent des centaines d'espèces différentes dans le lac. Le séjour sur Likoma sera aussi pour nous l'occasion d'assister à un spectacle naturel surprenant. A première vue, on a l'impression que le lac est en feu et que de lourdes volutes de fumée noire s'élèvent vers le ciel mais non, il n'y a pas le feu au lac, ce sont des millions de mouches minuscules appelées "lake flies" qui éclosent en même temps à la surface du lac et qui s'élèvent dans un gros nuage noir pour se reproduire et pondre de nouveaux oeufs à la surface de l'eau, avant de venir sur la terre ferme pour y mourir. 
 
Le nuage de "lake flies"
Après presque une semaine sur Likoma, nous nous rendons - en dhow, petit voilier traditionnel - sur l'île voisine de Chizumulu pour y attendre le ferry. Nous y resterons un peu plus lontemps que prévu (et c'est tant mieux) car le MV Ilala a presque 24h de retard cette semaine!

Likoma is no conventional tropical island, though it is truly idyllic. There are no palm trees but massive baobabs and mango trees everywhere. The water is so clear and the Malawian mainland so far away that it's easy to believe you're on the ocean. Sunsets are spectacular too. But what makes Likoma so special is that it's so quiet. It is free of cars and hassle and there's not a lot of activity on the island. Fishing is the major source of livelihood, along with some subsistence agriculture (maize and tomatoes). Tiny fish is usually sun-dried after it is caught.
Few travellers make it to the islands and the contact you have with local people is still warm and rewarding (not affected by mass tourism). Don't expect to be able to walk in peace though as a "Mazungu" (white person) is usually spotted from miles away and always ends up being a popular attraction for local kids!
We spent most of the time relaxing and swimming but we also had our first freshwater dive to get a closer look at the local aquatic life and more particularly the cichlids (colourful tropical fish). During our stay on the island, we witnessed an amazing natural phenomenon. At first sight, it looked like the lake was on fire but what seemed to be a dark smoke cloud was actually a swarm of tiny little flies. They're called lake flies and there were millions of them laying eggs on the surface of the water and heading to the shore where they would die after a 24-hour lifetime.
After almost a week on Likoma, we took a dhow (traditional sailboat) to the smaller island of Chizumulu to wait there for the ferry and happened to stay there longer than expected as the MV Ilala was a day late!

jeudi 20 octobre 2011

Croisière à l'africaine

Un vendredi matin à Monkey Bay, au bord du lac Malawi... Ce n'est pas un minibus que nous attendons mais un bateau. Véritable institution, le ferry MV Ilala écume les eaux du troisième plus grand lac africain depuis plus d'un demi-siècle et assure une liaison hebdomadaire (dans chaque sens) entre les principaux ports du Malawi (il fait même un arrêt au Mozambique). C'est aussi le seul moyen (économique) de se rendre sur les îles de Likoma et Chizumulu. Nous avons en effet décidé de partir à la découverte de la plus grande des deux, Likoma, et de nous "couper" ainsi du monde pendant une semaine.

Embarquement à Monkey Bay
Le ferry est aussi célèbre pour ses retards. En effet, si l'on sait quand il part, on ne sait jamais exactement quand il arrive (c'est l'Afrique après tout). Mais pour l'heure, nous embarquons à peu près dans les temps. Nous nous attendions à un petit ferry hors d'âge comme ceux qui coulent de temps en temps au large des côtes africaines mais rien de tout cela. Si le MV Ilala a ses plus belles heures derrière lui, c'est tout de même un bâteau imposant avec ses 3 niveaux et un faux air de paquebot de la grande époque. Comme notre "croisière" doit durer au moins une trentaine d'heures, nous optons pour la 1ère classe qui nous donne accès au pont principal que nous partageons avec deux autres touristes. Ici pas de cabine, ni de chaises longues, le vrai luxe, c'est l'espace et la tranquillité. Et nous saurons le savourer au fur et à mesure que les niveaux inférieurs se remplissent. Des passagers bien sûr, mais surtout des sacs, des meubles, des poules, etc. Les chargements et déchargements sont sans aucun doute la principale attraction de la traversée.

Jamais à vide!
A chaque arrêt, c'est le même spectacle de la foule immense qui se presse au bord du quai à l'approche du ferry, des vendeurs à la sauvette qui proposent boissons et snacks pour supporter la longue attente (le bâteau arrive toujours avec plusieurs heures de retard voire parfois un jour entier en fin de parcours) et puis les curieux bien sûr, beaucoup de curieux. Après tout, le passage du MV Ilala deux fois par semaine est pour beaucoup la principale occupation de la journée.
Pour nous, la traversée se résume surtout à lire, discuter avec nos compagnons de voyage et surtout attendre l'heure des repas, que nous prenons dans la cantine du personnel à laquelle nous avons accès en tant que passagers de première classe. En seconde classe, c'est nsima à tout les repas. Nous avons droit au classique poulet (ou poisson) - riz. Le voyage est plutôt agréable même si ça tangue pas mal (mais pas de malade à bord). Le soir, nous louons un matelas de mousse et passons la nuit à la belle étoile dans notre sac de couchage. Le bonheur. La deuxième journée est longue, comme prévu! Nous arrivons finalement à destination à 22h au lieu de 13h, soit neuf heures de retard. Ou neuf heures de croisière en plus, selon les points de vue...

The Lake Ferry was a welcome break from the usual minibus travel. The MV Ilala has run up and down the lake - which is the third largest in Africa - once a week for more than fifty years, stopping at the main Malawian ports (and even in Mozambique). This is also the only (affordable) access to the islands of Likoma and Chizumulu. We had decided to "get away from it all" during one week and explore the biggest one, Likoma Island.
The ferry is not known for its punctuality. You usually know when it leaves but can't know for sure when it's going to arrive (but this is Africa). We left quite on time though. We were expecting one of these very old and crowded boats but it was actually not that bad and the ferry was still in reasonable condition. As the journey to the island takes at least thirty hours, we decided to travel "first class", which on the Ialala means nothing more than staying on the breezy, uncrowded upper deck and using the communal showers and toilets. But we really enjoyed it, especially as the lower deck was getting more and more crowded after each stop. One of the highlights of the trip was to watch passengers and goods such as furniture or chickens being transported on smaller boats (as the bays are often too shallow) to the ferry at each port. Or vendors selling food and drinks. The arrival of the boat is also a popular attraction for locals.
We spent most of the time reading, chatting with other travellers and waiting for meals (served in the ferry's restaurant and consisting of chicken or fish and rice). It was very windy and there was quite a little bit of rolling on the boat but everyone was fine! We hired a mattress and spent the night on the deck under a fantastic night sky. The second day was a long one as we arrived at 10pm instead of 1pm. Nine hours delay. Or nine hours more to enjoy the cruise, depending on how you look at it!

Incontournable safari

Nous voilà en Afrique depuis un mois maintenant et toujours pas le moindre animal sauvage en vue (il y a bien quelques oiseaux qui sortent un peu de l'ordinaire mais qu'en est-il des grands animaux emblématiques des documentaires animaliers?). Il faut dire qu'ils ont eux aussi pas mal souffert des conflits dans la région (comme la guerre civile au Mozambique) et bien sûr du braconnage. Pas vraiment intéressés par le principe même du safari (plusieurs heures dans un véhicule tout-terrain avec d'autres touristes) et un peu sceptiques quant à la notion même de parc national (zoo qui ne dit pas son nom?), nous décidons quand même de tenter l'expérience. Le parc national de Liwonde n'a certes pas l'envergure et la renommée des plus grands parcs africains (il fait seulement 50km de long sur 15km de large et n'abrite pas de grands fauves) mais il est très facile d'accès, très abordable et bizarrement peu touristique. Notre pied à terre pour ces quelques jours de "brousse" sera le Liwonde Safari Camp, situé à la limite du parc. L'absence d'électricité est compensée par le cadre (au milieu des baobabs centenaires voire millénaires) et les délicieux repas pris en commun.

Un très vieux baobab
Et puis, première constatation: on voit presque plus d'animaux sur place que dans le parc. Il y a en effet une rivière juste à côté du Safari Camp et puis, en cette fin de saison sèche, c'est une des rares zones encore relativement vertes. Après une petite marche de quinze minutes, voici donc nos premiers babouins, phacochères, antilopes et surtout - clou du spectacle - éléphants.

A quelques pas du Safari Camp
Il y a les animaux qu'on voit mais aussi ceux qu'on entend, une fois la nuit tombée (comme les hyènes et les hippopotames). Et ceux qui s'invitent en nombre chaque nuit dans le campement: les éléphants! Le premier soir, ils étaient apparemment une cinquantaine. Ceci dit, personne n'est sorti pour vérifier... Ces petites bêtes là imposent le respect. Les clôtures électriques n'y font pas grand chose, les éléphants détruisent tout sur leur passage et pour s'en convaincre, il suffit de voir les traces laissées sur le tronc de certains baobabs. En tout cas, très impressionnant de les entendre manger à quelques mètres seulement des tentes. Nous ne les reverrons pas durant notre safari à l'intérieur du parc mais buffles et antilopes viendront compléter le tableau.

Pas de grands fauves mais de nombreuses antilopes

We had been in Africa for one month and had not spotted any of the famous game species yet. So we decided to go for the classical african experience - the safari - even though we didn't relish the idea of hours in a 4WD with other tourists and were not quite sure about the difference between a wildlife reserve and a big zoo. The Liwonde National Park is a relatively small park, only 50km long and 15km wide, and may not be the most popular one in Southern Africa (no big predators there) but it is very accessible, affordable and surprisingly underrated. We stayed at the Liwonde Safari Camp, just outside the national park. There was no electricity but the lanterns made the place very atmospheric after dark. We soon realised there were a lot of animals to be seen around the camp. It was the end of the dry season and the camp was one of the few green places left in the whole area so a lot of animals were coming to graze and drink at the river during the day. After a fifteen-minute guided walk, we had already spotted baboons, warthogs, antelopes and our first elephant. Then, there were the animals you could hear after dark (such as hyenas and hippos). And those who were visiting the camp every night: elephants! There were probably fifty of them but no one went out to check... It is very impressive to hear them eat just outside of your bungalow. And you can tell they were here just by looking at the baobabs! We didn't see the elephants inside the park during the game drive but were lucky enough to spot buffaloes and rare antelopes.

Nous prenons un peu de hauteur

Petit pays, le Malawi étonne pourtant par sa diversité. Pour mieux nous en rendre compte, et avant de rejoindre le lac, nous partons à l'assaut du massif de Mulanje. Surgi comme de nulle part (géologiquement parlant issu d'un point chaud), il impressionne par ses versants très abrupts et culmine à un peu plus de 3000m d'altitude. Sur les pentes les plus arrosées, des plantations de thé à perte de vue et encore quelques traces de forêt primaire.

Champs de thé à perte de vue
En deux jours, pas le temps de s'attaquer aux sommets mais nous voulons rejoindre les hauts plateaux (situés à 2000m) et passer la nuit dans un des nombreux refuges avant de redescendre. Comme souvent en Afrique, il faut prendre un guide ou bien un porteur (qui connaît lui aussi parfaitement le chemin). Le choix est vite fait et pour seulement 5€ par jour pour un porteur, on est bien loin des tarifs astronomiques pratiqués en Tanzanie! Tout est organisé en cinq minutes et il nous faudra à peine plus de temps pour régler les derniers achats au supermarché local. L'ascension, assez raide par endroits, nous prendra une bonne partie de la journée. Il faut dire que notre porteur (guère plus haut que le sac) n'a pas vraiment le gabarit idéal pour porter nos 20kg (condensé de nos deux sacs) - mais plein de bonne volonté - et du coup, les arrêts sont très fréquents!

Notre porteur (sans sac)
La faune locale se fait assez invisible mais l'intérêt de la rando est ailleurs: les nombreux points de vue tout au long du parcours et surtout, les hauts plateaux, assez austères et tellement éloignés des clichés africains.

Sur les hauts plateaux
Les nuits y sont assez fraîches en cette saison et à cette altitude, pas besoin de moustiquaire! Une fois de plus, pas de touriste en vue et pas trop difficile dans ces conditions de se répartir les lits. Le refuge n'a bien sûr pas l'électricité mais nous sommes accueillis avec une bassine d'eau chaude (pour une bonne douche) et un feu de cheminée. Des petits plaisirs que nous savons apprécier, particulièrement depuis le Lesotho!

There is more to Malawi than a lake so before heading there, we decided to take a couple of days to explore the Mulanje massif, the premier hiking destination in the country. This spectacular massif consists of a plateau set at an average elevation of 2000m and numerous peaks, the highest one at 3000m. There are vast tea estates on its slopes, as well as some forested areas. Two days was not enough time to tackle the peaks but we wanted to reach the plateau and spend the night there in one of the mountain huts, then descend on the second day. It is compulsary to arrange either a guide or a porter (who also knows the way). So for 5€ a day, we hired a porter! Ridiculously cheap compared to the treks in Tanzania for example. Everything was set up in five minutes but we still had to stock up at the local supermarket.
The ascent was quite steep and took us most of the day as our porter had to stop very often to catch his breath. He was a short guy and probably not the most appropriate person to carry our 20kg backpack!
We didn't spot many animals on this hike but the views along the way were really impressive and so was the plateau. Nights are quite chilly at this time of the year and the good thing is that you don't need a mosquito net up there. The hut itself was comfortable even though there was no electricity. We were the only tourists staying there. We were brought a bucket of hot water (to take a shower) and had a nice cooking fire prepared for us. That is luxury!

Des souris et des hommes

Le Malawi est parfois appelé "the warm heart of Africa", le coeur chaleureux de l'Afrique, en hommage à la gentillesse de ses habitants et notre première impression ne fait pas mentir le dicton. Dès le passage de la frontière, on note un changement. Il est déjà plus facile de communiquer dans cette ancienne colonie britannique où tout le monde parle anglais mais ce n'est pas tout. Les gens semblent plus curieux, ouverts et optimistes. On vient nous serrer la main, échanger quelques mots avec nous. Rien à voir avec les mozambicains, certes accueillants, mais plutôt timides et qui paraissaient parfois porter la misère du monde sur leurs épaules.
Blantyre, la seconde ville du pays, n'a pas grand chose à offrir au touriste de passage mais c'est malgré tout un pied à terre plutôt agréable pour ces premiers jours au Malawi. Et puis, nous qui avions manqué la floraison des jacarandas à Prétoria, nous voilà servis! Ils sont partout dans la ville et lui donnent un cachet bien particulier. Jugez-en par vous-mêmes!

Centre-ville de Blantyre
C'est aussi l'occasion pour nous de diversifier un peu nos repas. Ethiopien, indien, chinois, les restaurants de Blantyre sont assez chers et surtout destinés aux expatriés du coin mais ça change du poulet-riz ou poulet-nsima (appelée xima au Mozambique, c'est cette semoule de maïs qui accompagne la plupart des repas).
Autre alternative culinaire: les petits snacks qu'on trouve dans les campagnes au bord de certaines routes. Nous avons testé les brochettes d'oiseaux (pas mauvais) mais pas les souris (il y a quand même des limites!).

Une petite brochette pour la route?

Malawi is sometimes called "the warm heart of Africa" and we soon realised after crossing the border that there was something different about this country. Of course, it is easier to communicate in this former British colony as almost all Malawians speak English fluently. But they also seem to be fairly easygoing and friendly towards foreigners. Not that Mozambicans were not welcoming! But they were usually more distant and shy. Malawians, on the other hand, launch quite easily into questions or conversation.
Blantyre, Malawi's second-largest city, does not have much in the way of tourist attractions but it is a pleasant place with a compact central area. And we got to see there the flowering jacarandas we had missed in Pretoria. They are everywhere in the city and give it a unique charm. 
This was also the opportunity for us to sample a different restaurant every night (such as ethiopian, indian and chinese) and although restaurants in Blantyre are quite expensive and usually full of expats, it was a nice change from the usual chicken and rice or chicken and nsima (also called xima in Mozambique, it is a porridge made from maize meal and served everywhere). By the way, you can also buy some interesting snacks on the roads in Malawi: grilled little birds on a stick (quite tasty actually) or even mice!

Il y en a un qui se régale!

mardi 18 octobre 2011

Changement de cap

Après six plongées à Tofo, il est temps de reprendre la route vers le nord. Pas trop grave puisque notre étape suivante est également une destination plongée! Après un petit passage par la capitale provinciale - pleine de charme - Inhambane et un de ces longs voyages africains si peu confortables (durant lequel nous passons la ligne symbolique du Tropique du Capricorne), nous arrivons à Vilankulo. Cette petite ville côtière est plutôt décevante, il n'y a même pas pas de plage à proprement parler mais c'est le passage obligé pour rejoindre l'archipel de Bazaruto. Un petit paradis tropical, accessible seulement la journée pour le commun des mortels car les quelques hébergements qu'on trouve sur place sont tous des hôtels de luxe (les "lodges", un concept assez répandu en Afrique), pas vraiment dans notre budget!
Pause déjeuner sur l'île de Bazaruto
Nous nous consolons quand même en faisant un arrêt sur une des îles entre deux plongées. Et c'est vrai qu'elles sont splendides. Sable fin, eau cristalline, un vrai décor de carte postale! La plongée est sympa aussi: des tortues pas farouches du tout, des raies qui nous font un ballet sous-marin et de magnifiques coraux.
Plongée à Two Mile Reef
Nous avions prévu de longer la côte du Mozambique jusqu'à Pemba mais (premier) changement de programme. Les distances étant assez considérables (trois à quatre jours pour rejoindre le nord du pays) et le transport assez pénible (surtout quand on a des grandes jambes et des gros sacs à dos), nous décidons de nous enfoncer dans les terres et de filer plein nord. Première étape sur la route du Malawi: Chimoio et ses collines verdoyantes. Puis, changement de décor, le paysage se fait beaucoup plus aride, les baobabs sont omniprésents, nous traversons la province de Tete et le célèbre fleuve Zambèze (encore tout un symbole). La frontière n'est plus qu'à deux heures de route!

After six dives at Tofo, it was time to continue northwards and head to our next stop, which was also a diving destination. After a stopover in the charming provincial capital (Inhambane) and one of these long and tough african journeys on a bus (we crossed the Tropic of Capricorn), we arrived at Vilankulo. This sleepy coastal town is quite uninspiring and doesn't have a proper beach but it is the gateway for visiting the nearby Bazaruto archipelago. A tropical paradise only accessible during the day as there is no budget accomodation on the islands. There are only a few upmarket lodges, nothing for those who have limited purse strings! But we got to see one of the islands between two dives. Clear turquoise waters, white sand, they are truly amazing! Diving there is also very good with lots of turtles, rays and colourful reefs.
We had planned to stick as long as possible to the coast but because of the long distances (at least three or four days to get to the north of the country) and the less than comfortable bus rides (with a big backpack on your knees!), we decided to head straight to Malawi. We stopped at Chimoio (green hilly area) and crossed dry and dusty Tete province (dotted with huge baobab trees) and the famous Zambezi river. The border was only a two-hour drive away!

dimanche 25 septembre 2011

A la rencontre des géants des mers

Notre première étape, à 450 km au nord de Maputo, est le village de Tofo, réputé pour son ambiance décontractée très prisée des touristes sud-africains qui viennent en nombre pendant leur vacances scolaires mais c'est surtout un haut-lieu de la plongée!
Enfin quelques jours sans transport, que nous apprécierons sûrement après toutes ces heures de bus, de marche et encore de bus. Le cadre est idyllique, une longue plage de sable fin et derrière la dune, des cocotiers par milliers. Et l'embarras du choix au niveau de l'hébergement en cette période creuse. Nous optons pour une petite hutte rustique à flanc de dune. Pas de superflu. Le cadre est planté. 


Tout est parfait, sauf le temps: le vent souffle fort,la mer est mauvaise et l'eau assez froide. Le lendemain matin, le verdict tombe au club de plongée: pas de sortie aujourd'hui, la mer étant trop agitée. Une longue journée en perspective (pas grand chose à faire sur place à part la plongée). Deuxième jour, retour au club et même verdict, pas de sortie ce matin. L'aprés-midi, le moniteur n'est toujours pas emballé mais le vent a tourné et nous n'en pouvons plus, nous insistons et faisons notre première plongée, accompagnés de deux allemands et d'une autrichienne (ce qui va devenir notre petit groupe de plongée de la semaine). Nous ferons finalement 6 plongées en 4 jours et chaque sortie est un pur bonheur: les baleines à bosse, présentes en nombre à cette époque, accompagnent nos sorties en bateau et rythment nos plongées de leur chant. La visibilité est réduite, une dizaine de mètres environ mais il faudrait être aveugle pour ne pas profiter du spectacle: une baleine à bosse qui vient se gratter le ventre par 30 m de fond tout près de nous, une raie manta, des requins de récif et des tortues. Du pur bonheur! 

Un requin guitare (vu à Manta Reef)
Clou du spectacle, lors de notre dernière sortie, un requin baleine passe à quelques mètres de notre bateau, nous nous jetons vite à l'eau avec masque et tuba et nous voilà en pleine mer avec le plus gros poisson du monde qui nage paisiblement un mètre en dessous de nous. Un spectacle enivrant, aussitôt répété lors de l'Ocean Safari (sauf pour David resté à terre pour cause de mal de mer) avec une dizaine de requins baleines et un ballet de raies mantas.

Requin baleine (au large de Tofo)



Mise en bouche mozambicaine

Le paysage sec assez décevant que nous découvrons après la frontière fait bientôt place aux premiers cocotiers. Une fois de plus, après un voyage ridiculement long, nous arrivons à destination à la tombée de la nuit. Impatients bien sûr de repartir vers les plages plus au nord mais une fois de plus, notre route passe d'abord par une capitale. Située à l'extrême sud du pays et économiquement plus proche de Johannesburg que des provinces du nord, Maputo est pourtant une introduction parfaite à cet immense pays. Le ton est vite donné. L'influence portuguaise se ressent partout. Dans la langue bien sûr mais aussi dans l'architecture, la musique, la cuisine et pleins de détails de la vie quotidienne. Certes, Maputo ne présente pas un grand intérêt touristique (quelques bâtiments coloniaux plus ou moins bien conservés) mais elle fait partie de ces villes dont on peut affirmer qu'il doit y faire bon vivre. L'atmosphère y est d'abord beaucoup plus décontractée qu'en Afrique du Sud, beaucoup moins de barbelés et même s'il n'est pas conseillé de s'y déplacer à pied la nuit, on s'y sent bien. Et puis, il y a les petits cafés pleins de charme (où l'on trouve du vrai café!) et de bons restaurants de fruits de mer et de grillades. Ajoutez à cela les couleurs et le rythme de vie typiquement africains et vous obtenez un mélange intéressant.

Bâtiment colonial dans le centre de Maputo
Le meilleur endroit pour apprécier la ville est peut-être la terrasse du restaurant Costa do Sol depuis laquelle on peut observer les parties de foot improvisées sur la plage et les femmes ramassant les coquillages à marée basse, tout en dégustant un curry de crevettes.
Front de mer
Nous avons voulu terminer la journée par un concert dans l'un des bars de jazz de la ville. Plus d'expatriés que de locaux et une musique plus rock que jazz mais une bonne expérience quand même (les occasions de sorties le soir ne sont pas si fréquentes depuis le début de notre voyage).
Dans un autre registre, notre arrivée à Maputo marque aussi le début de la guerre contre les moustiques! Vêtements imprégnés, répulsif, moustiquaire et traitement préventif anti-palu, rien n'a été laissé au hasard mais nous savons que la bataille s'annonce rude.
Demain, nous entamons notre remontée vers le nord avec pour objectif (début novembre) l'île de Zanzibar.

jeudi 15 septembre 2011

Hors du temps

Qacha's Nek est un petit bourg qui grouille d'animation dans la journée, tout le monde vient y faire son marché. Pas vraiment d'intérêt touristique à proprement parler mais, chose plutôt rare au Lesotho, l'endroit est assez vert et ne manque pas de charme. Nous y faisons un arrêt un peu plus long que prévu, le bus qui devait nous conduire à notre prochaine étape étant apparemment "en réparation" depuis quelques jours. 
 
Marché et gare de minibus à Qacha's Nek
Pour terminer notre périple au Lesotho, nous voulons rejoindre le parc national de Sehlabathebe, le plus ancien du pays et de là marcher jusqu'en Afrique du sud. Atteindre le parc est déjà - comme l'indique le Lonely Planet - une aventure en soi. Après un trajet en mininus de 4h sur une piste chaotique, entassés comme des sardines à l'arrière du véhicule (qui ferait presque regretter celui de Semonkong passé entièrement debout), nous atteignons au coucher du soleil le hameau de Mavuka. Impression de bout du monde. C'est exactement ce que l'on cherchait!
 
Rien ne vaut un petit verre de vin devant un coucher de soleil!
Le lendemain, petite marche de trois heures pour atteindre le coeur du parc et plus particulièrement la lodge du parc où nous allons passer la nuit. Construite dans les années 70 pour le premier ministre de l'époque qui venait pêcher dans le coin, elle bénéficie de tout le confort possible dans un endroit aussi reculé, à savoir l'eau courante (potable), une cuisine équipée et une lampe à gaz dans chaque pièce. Que du bonheur donc! D'autant plus que le site est somptueux: pics alpins, de l'eau partout (ruisseaux et mares) et de bizarres formations rocheuses. En plus, nous faisons connaissance avec la faune locale (jusque là, c'était surtout moutons, chèvres et chevaux) comme l'antilope des montagnes et le cobra (si, si, on vous assure, sacrée surprise!).
 

De là, la frontière est toute proche, sur les hauts plateaux. Le poste de frontière, en revanche, est dans la vallée, à plusieurs heures de marche. Encore une fois, un simple tampon et nous voilà de retour en Afrique du sud. Autre monde, autre époque presque...