"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

jeudi 19 juillet 2012

Les Poilus de Sumatra

Après cinq jours sur l'île volcanique de Samosir au milieu du lac Toba, nous repartons du petit village de Tuk-Tuk comme l'on sort d'un songe. Le lieu est certes propice à l'oisiveté mais nous avons encore du mal à croire que nous ayons pu passer autant de temps à faire si peu de choses. Un peu de sédentarité ne fait pas de mal après plus de dix mois de voyage! Nous voulons tout de même profiter du temps qui nous reste avant le retour et ne désespérons pas de trouver la Sumatra sauvage que nous sommes venus chercher. La route entre Medan et Bukit Lawang ne sera toutefois pas très prometteuse en ce sens. Plus encore qu'ailleurs, la forêt primaire y a cédé la place aux plantations d'hévéas et de palmiers à huile. Les cultures se succèdent et les troncs s'étendent à l'infini dans un alignement déconcertant. Ce n'est qu'en arrivant dans le village de Bukit Lawang que nous devinerons pour la première fois la jungle à l'horizon. Il faut dire que c'était ici ou jamais: c'est après tout l'un des rares espaces préservés du nord de l'île et refuges pour orang outans.

Récolte du latex à l'orée du parc national
En partant avec trois autres compagnons de trek, un guide et son assistant, nous n'avons pas beaucoup d'illusion sur la mascarade de marche dans la jungle qui nous attend pour les deux jours à venir. Nous avons pourtant retenu la leçon du parc national de Chitwan au Népal mais la tentation était trop grande de voir de près les "gens de la forêt" (traduction littérale de l'indonésien orang utan). Nous traversons d'abord une plantation d'hévéas pour atteindre l'entrée du parc et il ne nous faudra pas aller bien plus loin pour apercevoir nos premiers grands singes mais aussi nos premiers touristes. Il semble d'ailleurs que l'un n'aille pas sans l'autre: nous sommes en effet nombreux à contempler les primates semi-sauvages qui peuplent les abords immédiats du village. En les voyant se balancer si gracieusement de branche en branche, on en oublie vite la présence des autres spectateurs et le contexte discutable de cette rencontre. Nous savourons la chance que nous avons de les voir déambuler dans leur environnement naturel. 

Pas vraiment sauvages mais tellement fascinants!
Nous sommes d'abord surpris par leur taille, proche de celle des humains mais avec des bras et des jambes démesurés, et par leur lenteur, imposée par leur poids conséquent qui les oblige à s'assurer de la solidité de chaque branche avec de se balancer de l'une à l'autre. En les observant de plus près, on ne peut qu'être stupéfait par certaines ressemblances, surtout lorsqu'on s'attarde sur les expressions du visage ou leurs gestes, parfois si proches des nôtres. Nous verrons au total plus d'une dizaine de femelles avec leurs petits et un énorme mâle que nous nous contenterons d'observer de loin. Le contrat est rempli et nous savourons la soirée passée dans un camp de fortune au milieu des varans et macaques, habitués des lieux. Nous ne sommes en réalité pas si loin du village et le lendemain, il ne nous faudra pas marcher bien longtemps pour rejoindre la rivière et retourner au point de départ sur une embarcation de fortune construite avec des chambres à air de pneus de tracteurs. Nous étions partis sceptiques et revenons ravis de l'expérience tout en regrettant presque de repartir aussi vite. Mais pour rien au monde nous ne manquerions la prochaine étape du voyage!

Un regard qui en dit long...

After five days on the volcanic island of Samosir in the middle of Lake Toba, we left the small village of Tuk-Tuk and it felt like waking up from a dream: the place was indeed conducive to idleness but we still could not believe that we had spent so much time doing so little. A sedentary lifestyle does not hurt after all after ten months of traveling! We really wanted to enjoy the time left before flying back home though and were still longing to find the wild Sumatra, the illusion that had brought us there in the first place. The road between Medan and Bukit Lawang was not very promising in that sense. More than elsewhere, the primary forest had disappeared to give way to rubber plantations and oil palms. The perfect and endless alignment of the trunks was quite puzzling. It was not until we arrived in the village of Bukit Lawang that we had our first glimpse of the jungle in the distance. We were looking at one of the few protected areas in North Sumatra and a well-known sanctuary for orangutans.
We did not have many expectations about the two-day "jungle trek" that we had booked. We still had in mind the very disappointing experience at Chitwan National Park (Nepal) but the opportunity to see up close the "people of the forest" (literal translation from Indonesian for orang utan) was too much of a temptation. Leaving the village with three other trek companions, a guide and his assistant, we first crossed a rubber plantation before we finally reached the park entrance. It did not take us long to spot our first great apes but also the first unavoidable tourists. There was quite a crowd contemplating the many semi-wild primates inhabiting the immediate vicinity of the village. Seeing them so gracefully swinging from branch to branch, we soon forgot the presence of other spectators and the questionable context of this encounter. It was quite enjoyable to be able to observe them in their natural environment.
We were initially surprised by their size, similar to that of humans but with disproportionate arms and legs, and by their slowness due to the fact that they had to make sure that each branch was strong enough to carry their heavy weight. Watching them closely, the similarities with humans striked us, especially some facial expressions or gestures, sometimes human-like. We got to see in total more than a dozen females with babies and a huge male - luckily enough - from afar. Exactly what we had come for! We spent the night at a camp supposedly deep in the jungle and spent some time watching the resident monitor lizards and macaques fighting for food. We were actually not that far from the village and the next day, it took us no more than a couple of hours to reach the river and get back to the starting point. It was good fun though as we did it on a few tractor tires tied together and dragged by the current, the local version of rafting! We had left a bit skeptical but all in all, it was an exhilarating two days. We could have easily spent a few more days in Bukit Lawang but for nothing in the world we would have missed the next leg of the trip!

dimanche 8 juillet 2012

Ascensions sulfureuses

Après quelques jours sur l'île minuscule de Malapascua à traquer l'étonnant requin-renard, il est déjà temps de quitter les Philippines. Nous resterons longtemps sous le charme de cet archipel et de la joie de vivre de ses habitants, parmi les plus accueillants que nous ayons rencontrés. Et dire que c'est le seul pays qui ne faisait pas partie de notre itinéraire initial! Après un passage éclair à Singapour, nous revoilà dans une ville asiatique vibrante et chaotique, au coeur de l'immense Sumatra. En dehors d'une mosquée et d'un ancien palais, il n'y a pas grand chose à voir à Medan mais c'est un point de passage incontournable, au carrefour des principales attractions touristiques de l'île. De là, seulement soixante-dix kilomètres nous séparent de la petite bourgade de Brastagi mais nous nous sentons bien vite dans un tout autre univers: après plus de deux heures de bus sur des routes sinueuses, la chaleur étouffante des plaines a cédé la place à la fraîcheur relative des hauts plateaux à 1300m d'altitude. Les gens aussi semblent avoir changé et nos premiers sourires d'Indonésie viennent adoucir la rengaine des éternels "Hello Mister".

Dans le cratère du volcan Sibayak
Dès le lendemain, nous partons à l'assaut de notre premier volcan indonésien qui n'est qu'à quelques kilomètres de marche du centre-ville. Pas de jungle épaisse à l'horizon, le chemin est goudronné sur une bonne partie et seuls les derniers mètres ont un petit goût d'aventure et une sérieuse odeur de soufre! Les fumerolles n'en finissent pas de cracher leur jet de vapeur pestilentielle dans un fracas inattendu et nous nous précipitons au sommet pour admirer la vue sur le cratère et les alentours du volcan. Nous qui espérions apercevoir au loin les fameuses étendues sauvages de Sumatra, nous restons un peu sur notre faim: la présence humaine est bien visible et les cultures en tout genre s'étendent à perte de vue. Sur l'autre versant, nous nous arrêtons longuement dans des sources chaudes naturelles. Un moment de détente à peine mérité! 

On exagère à peine!
Le programme du jour suivant est un peu plus ambitieux: le mont Sinabung est plus loin, plus haut (2400m) et un peu plus sauvage. Dès l'arrivée au pied du volcan, nous réalisons que l'ascension sera plus raide, surtout à l'approche du sommet. Nous y sommes accueillis en nage par un magnifique soleil et apprécions la vue miraculeusement dégagée du cratère, plus impressionant que celui de la veille mais bien calme en comparaison avec une seule fumerolle sans grand panache. De retour sur la route, nous galérons un peu pour trouver un minibus pour rentrer sur Brastagi mais après quelques longues minutes d'attente, une voiture nous dépasse, s'arrête puis fait marche arrière pour nous laisser monter. A l'intérieur, Ita et sa soeur nous proposent de nous prendre en stop. Elles ont fui la chaleur de Medan pour le week-end et sont venues passer la journée au bord du lac au pied du volcan. Avant de rentrer, elles veulent faire un détour par les sources chaudes de Brastagi et nous sommes ravis de les accompagner. Une rencontre inattendue et notre première leçon d'hospitalité indonésienne!

La vue au sommet du Mt Sinabung est tout simplement grandiose!
                                                                                                                          
After a few days on the tiny island of Malapascua tracking the amazing thresher shark, it was time to leave the Philippines. We will long remain under the spell of this archipelago and the irresistible joie de vivre of its inhabitants, among the friendliest we have ever met. And this is actually the only country that was not part of our original route! After a quick stopover in Singapore, we were soon back to the bustle and chaos of Asian cities, this time in the heart of Sumatra. Outside a mosque and an ancient palace, there was not much to see in Medan but most travellers end up spending a night there at one point as it is at the crossroads of the island’s main sights. We quickly escaped to the small town of Brastagi, only seventy kilometers away and it immediately felt like a different world: after a two-hour bus ride on a winding road, the oppressive heat of the plains gave way to the relative coolness of the highlands located at an altitude of 1300m. People also seemed to be different and our first Indonesian smiles were a welcome respite from the usual and sometimes irritating "Hello Mister".
The next day, we started the ascent of our first Indonesian volcano which was only a few kilometers walk from the city center. No thick jungle in sight, the path was paved almost all the way to the top and we only got a sense of adventure – and a strong smell of sulfur - on the final few meters! It was surprisingly noisy up there with all the fumaroles spitting out pestilential steam and we rushed to the top to admire the view of the crater and surroundings. We were hoping to see in the distance the famous wilderness of Sumatra but we were for a disappointment: human presence was clearly visible with plantations of all kinds extending out of sight. On the way back, we stopped at some hot springs for a relaxing but barely deserved break!
The program for the following day was a bit more ambitious, Mount Sinabung being higher (2400m) and not as popular with hikers. Upon arrival at the foot of the volcano, we realized that the climb would be steep, especially near the summit. We had a perfect weather the whole day and could enjoy the incredible cloud-free view of the crater, more impressive than the other one on the previous day but comparatively very quiet with only a single fumarole without much panache. Back on the road, we had a hard time finding a minibus to go back to Brastagi but after a few long minutes of waiting, a car stopped and we were in for a ride. Ita and her sister were from Medan and had come to spend the day at the lake at the foot of the volcano. Before heading back home, they wanted to take a detour to the hot springs and offered us to join them. The unexpected often brings the best experiences and we got our first lesson of Indonesian hospitality!

samedi 30 juin 2012

Une simple bouffée d'air

La petite île de Siquijor, au large de Dumaguete, incarnait pour nous la promesse de plages secrètes et préservées. Dès la traversée en ferry, nous n'en croyons pas nos yeux: nous n'avons encore jamais vu une eau aussi claire et les teintes turquoises sont tout simplement irrésistibles. Nous avons envie de nous mettre à l'eau, juste là, dans le port un peu négligé où nous débarquons mais déjà, les impatients chauffeurs de tricycles s'agitent pour nous conduire à notre destination finale, un petit village de la côte ouest, idéalement situé donc pour profiter des couchers de soleil. Il n'y a pas d'autres clients dans notre petite pension familiale et nous réalisons d'ailleurs bien vite que nous sommes quasiment les seuls touristes sur toute la côte. 

Dure journée sur l'île de Siquijor!
A force de chercher le calme, nous l'avons trouvé et nous nous sentons presque seuls à l'heure de boire notre Cuba Libre dans un bar désert face au soleil couchant. Les plages de l'ouest étant encombrées de déchets végétaux ramenés par le vent et les courants, nous partons à la découverte du reste de l'île en scooter, à la recherche de sable blanc et qui sait, peut-être aussi de touristes. Nous ne tardons pas à trouver une eau qui invite à la baignade et même par endroits quelques locaux qui nagent tout habillés. Après soixante-quinze kilomètres de conduite détendue dans un cadre on ne peut plus rural et bucolique (poules, cochons et églises au rendez-vous), nous voilà déjà à San Juan, à quelques minutes de notre point de départ. Un petit détour par les sources thermales en plein milieu du village et il est temps de rentrer pour l'Happy Hour! 

Retrouvailles avec le scooter
Nous resterions bien encore quelques jours mais nous sommes attendus à Moalboal, sur l'île voisine de Cebu. Rendez-vous a été pris quelques semaines auparavant pour tenter l'expérience de la plongée en apnée lors d'un cours de deux jours organisé par un ami autrichien du recordman Herbert Nitsch. Nous sommes donc en confiance, d'autant que nous ne sommes que quatre à suivre la formation, avec deux Taiwanais. Une petite matinée de théorie et nous voilà bien vite dans la piscine pour les premiers exercices d'apnée statique. Après seulement quelques minutes de relaxation (à la recherche du fameux silence intérieur) et de respiration par le ventre, nous sommes capables de tenir notre respiration pendant trois minutes! Nous sommes encore loin du record mondial de plus de onze minutes mais il est impressionnant de voir ce que peut accomplir le corps humain avec un peu d'entraînement. L'après-midi est consacrée à l'immersion libre. En pleine mer, nous descendons le long d'une corde attachée à une bouée. Ce n'est pas encore le Grand Bleu mais les sensations sont incroyables et nous sommes contents d'atteindre quinze mètres dès le premier jour. Pas d'exploit au programme de la deuxième journée, juste quelques rappels de sécurité et une sortie d'apnée-détente au milieu des poissons autour de l'île minuscule de Pescador. Avant de repartir et pour explorer un peu plus les fonds marins, nous faisons deux plongées (avec bouteille) pour réaliser une fois encore que les Philippines ne sont décidemment pas la destination de rêve pour les amateurs de (gros) poissons. Tout ce qui se mange a été pêché depuis longtemps et nous devons nous contenter de quelques Némos et autres espèces minuscules, jusqu'à ce que surgisse devant nos yeux une raie manta.
  
Rencontre inattendue à Moalboal
Nous sommes sous le charme de sa nage gracieuse mais notre guide, lui, ne s'en remet visiblement pas et part à sa poursuite. Nous le regardons s'enfoncer de plus en plus alors que nous sommes déjà descendus à presque quarante mètres! Nous remontons lentement en espérant le voir revenir bien vite. Une fois sur la terre ferme, il nous expliquera qu'il n'avait pas vu de manta ici depuis 2006. Sacré jour de chance à Moalboal!


The small island of Siquijor, off Dumaguete, had lured us with the prospect of secret and unspoiled beaches. From the ferry arriving in the main harbour, we could not believe our eyes: we had never seen a water that clear and the turquoise sea was simply irresistible. We wanted to jump in right away even though it was not the cleanest place for a swim but already, we were accosted by a handful of tricycle drivers willing to take us to our final destination, a small village located on the west coast and therefore a perfect sunset-watching spot. There were no other guests in our small family hotel and we actually soon realized that we were almost the only tourists in the area. We had been looking for peace and there it was but all of a sudden, it was not that fun anymore, especially when sipping a Cuba Libre in a deserted bar! The western beaches were full of green stuff washed up by the strong currents so we set out to explore the rest of the island by scooter in search of white sand and who knows, maybe also tourists. It didn't take us long to find crystal clear water and even a few locals swimming with their clothes on. After seventy-five kilometers of relaxed driving in a rural setting (chickens, pigs and churches aplenty), we arrived at San Juan, just minutes away from our starting point. After a short detour to the pools in the middle of the village, it was time to head back for Happy Hour!
It would have been great to stay a few days more but we were expected in Moalboal on the neighboring island of Cebu. We had booked a few weeks before a two-day freediving course organized by a friend of the Austrian record holder Herbert Nitsch. Quite a good reference and luckily, we were only four students, the two of us and two Taiwanese. After a short theory session, we went to the pool for the first practical exercises (of what is called static apnea). A few minutes of relaxation (trying to reach inner silence) and belly-breathing and we were able to hold our breath for three minutes! We were still far from the world record (which is a bit more than eleven minutes) but it was amazing to actually see what the human body can accomplish with a little practice. The afternoon was devoted to Free Immersion Apnea. In the open sea, we had to pull ourselves down using a vertical rope attached to a buoy. Not quite like The Big Blue (the movie) but still, the sensations were incredible and we were pleased that we could reach fifteen meters on the first day. There was no major record broken on the second day, we had a safety talk and then went for some Fun Freediving around Pescador Island. Before we left Moalboal, we decided to explore a bit more the local underwater world so we signed up to do two (scuba) dives. We realized once again that the Philippines was definitely not the dream destination for big fish fans. Everything that could be eaten was long disappeared and there were only a few Nemos left! But then, to the surprise of all, a manta ray passed by, swimming amazingly graceful through the waters. Our divemaster was even more distracted than we were and didn't seem to notice that we had almost reached forty meters! We ascended a few meters waiting for him to show up. Once back on the boat, he told us that he had not seen a manta there since 2006. That must have been a very lucky day indeed!

samedi 23 juin 2012

Le coq est mort

Avec plus de 7000 îles aux Philippines, ça en fait des kilomètres de plage et nous n'avons que l'embarras du choix pour les trois semaines à venir. C'est finalement la ville de Dumaguete, située au sud de l'île de Negros, qui retiendra notre attention pour sa proximité avec quelques sites de plongée renommés et ses nombreuses liaisons maritimes avec les autres îles centrales des Visayas. La petite capitale provinciale ne dispose d'aucun attrait touristique majeur (il n'y a même pas de plage) et pourtant, nous y découvrons une atmosphère authentique, loin des excès de Manille, tout particulièrement à la tombée du jour, quand toute la ville semble se donner rendez-vous sur le front de mer pour une dernière promenade et un snack ou deux dans l'une des nombreuses gargottes. Nous profitons d'une journée de battement (avant la plongée) pour aller chercher un peu de fraîcheur aux chutes de Casaroro toute proches. Après un court trajet en jeepney (ces anciennes jeeps de l'armée américaine aux couleurs désormais flamboyantes), nous marchons les derniers kilomètres sous une chaleur écrasante en pensant déjà à la baignade qui nous attend. 

Un cadre propice à la baignade
Sur le chemin du retour, nous passons devant un bâtiment qui nous avait semblé plus tôt désaffecté mais où règne désormais une agitation grandissante. C'est dimanche après-midi et il y a aux Philippines un rituel plus sacré que la messe du matin: les combats de coqs! Les propriétaires n'en finissent plus d'arriver avec leur champion sous le bras et ce n'est rien de moins qu'une centaine de volatiles qui vont s'affronter sous nos yeux dans quelques minutes! Les préparatifs sont un moment magique où tout semble possible pour les éleveurs qui caressent en silence leur coq comme un animal de compagnie ou plutôt comme une amulette sensée leur porter bonheur. L'ultime étape est cruciale, il s'agit de placer une petite lame en forme de sabre à l'arrière de l'une des pattes de l'animal. Rien qu'à voir l'objet, on comprend aisément que l'issue du combat sera fatale au perdant et même dans la plupart des cas aux deux adversaires. 

Fin prêt pour le combat!
Quand l'heure du premier duel arrive, nous nous pressons autour du ring en plexiglas. Les paris commencent et ça crie aussitôt dans tous les sens. L'organisateur tente de nous en expliquer le déroulement ainsi que le système de répartition des gains mais nous sommes vite perdus. Au bout de quelques minutes, tout est bouclé et les premiers gallinacés font leur entrée dans les bras de leur propriétaire. Une fois leur aptitude au combat vérifiée par l'arbitre, la protection des lames est retirée et les coqs se jettent alors littéralement l'un sur l'autre, pressés d'en découdre. Difficile alors de suivre vraiment le déroulement du combat: ça hurle de plus belle, les volatiles sautent, retombent, les plumes volent dans tous les sens et puis soudain, après quelques secondes seulement, tout s'arrête: l'un des deux adversaires gît inerte sur le flanc. L'arbitre le soulève, le secoue un peu pour en tirer peut-être encore quelques secondes de combat puis le laisse retomber. Le malheureux sera plumé quelques mètres plus loin et finira à la casserole. Le vainqueur, lui, s'il est encore suffisamment vif, échappera - pour cette fois - à ce sort. Tout a été tellement rapide que nous n'avons pas été choqués par la cruauté du spectacle. Nous suivons même avec intérêt les affrontements suivants. Ce qui n'est pour nous qu'un divertissement improvisé est sans aucun doute une part intégrante de la culture philippine.



With over 7000 islands and plentiful beaches in the Philippines, we were spoiled for choice and it was a tough choice to decide where to spend the following three weeks. We finally opted for Dumaguete, a small city located in the south of the island of Negros, as it is close to several renowned dive sites and well connected (by ferry) to the other Central Visayas islands. The small provincial capital has no major tourist attraction (not even a beach) but we discovered there an authentic atmosphere, far from chaotic Manila, especially at dusk when the whole city seemed to move to the waterfront for a late walk and a snack in one of the many street stalls. We went for an excursion to the nearby Casaroro Falls, a great opportunity to cool off. After a short jeepney ride (the US military jeeps left over from WII known for their flamboyant decoration), we walked the last few kilometers under a scorching heat looking forward to the swim awaiting us!
On the way back, we passed a building that had earlier seemed to be empty but there was now a growing crowd in front of it. It was Sunday afternoon and there is on this day in the Philippines a ritual more sacred than the morning Mass: cockfighting! The cock owners were arriving one after the other with their champion-to-be and no less than hundred roosters were about to fight in front of us! We got to capture every special moment of the preparations, including the last and crucial step: a sharp blade (or knife) being attached to the leg of the animal and just by looking at it you could tell that the fight was going to be fatal for the loser, if not for both opponents. When things got started, we got as close as possible to the ring. Spectators began betting on the outcomes and screaming in all directions. Someone tried to explain us how it worked and how the money was to be split but the thing just looked way too complex. The combatants finally entered the arena, in the arms of their owner. Once the referee had checked their ability to fight, the covers were taken off the blades and as soon as they were released, the roosters started running into each other with an impressive frenzy. We had a hard time being able to tell what exactly was going on: people were yelling furiously, the birds were jumping, falling and feathers were flying in all directions but then, suddenly, it all stopped. The referee picked up the loser lying on its side, shaked the nearly dead body to restart the fight and eventually let it fall. The unfortunate fowl would then be plucked and put into boiling water. The winner, assuming it was still reasonably fit, had escaped - at least this time - this sad fate. We were not really shocked by the cruelty of the show as everything had been so fast. We even watched with interest the following matches. What turned out for us to be an impromptu entertainment is undoubtedly an integral part of Filipino culture.

mercredi 13 juin 2012

Les fameux trottoirs de Manille

Certaines villes ont une réputation qui leur colle à la peau et effectivement, notre arrivée de nuit dans la capitale philippine n'est pas des plus engageantes. Pauvreté flagrante, prostitution à peine dissimulée et quartiers mal famés, un mélange détonnant en guise de comité d'accueil! Oui mais voilà, les choses sont rarement aussi simples et les premières impressions, sans être pour autant trompeuses, ne sont pas toujours déterminantes. Il faut dire que Manille a plusieurs visages. De jour, dans le quartier des routards de Malate, la misère n'en est pas moins omniprésente mais les "travailleuses de la nuit" ont laissé leur place aux marchands ambulants et surtout, nous découvrons un autre aspect, typique du pays: le sourire, présent sur tous les visages. Face à la chaleur et l'humidité ambiantes, nous n'en menons pas large et nous arrivons péniblement dans le coeur historique de la ville, Intramuros, entouré de remparts. Le style colonial (espagnol) et l'aspect délabré des bâtiments sont trompeurs: la plupart des édifices ne sont en effet pas d'origine et ont été reconstruits maintes fois jusqu'à la seconde moitié du vingtième siècle. 

Architecture coloniale dans le quartier d'Intramuros
L'occasion pour nous de constater une fois de plus que la Seconde Guerre mondiale n'a pas été seulement dévastatrice en Europe et que l'occupation japonaise fut tout aussi douloureuse que celle menée par les Allemands. Même si la plupart des noms de rues sont encore en espagnol et l'architecture évoque l'ancienne mère-patrie, Intramuros n'a rien d'une ville musée. Ce qui fait son charme, c'est le mélange du passé (tout est dans l'atmosphère) et du présent, caractérisé comme bien souvent en Asie par ces scènes de rue si ordinaires et pourtant si photogéniques.
Le deuxième jour, c'est une toute autre facette de Manille qui se cache derrière les quelques mots volontairement intrigants et agicheurs "Discover The True Manila" ("Découvrez le vrai Manille") sur le tableau d'annonces de notre auberge de jeunesse. Ceux qui attendaient une visite guidée conventionnelle en seront pour leurs frais: en fait, l'objectif de la journée, comme nous l'explique Edwin, le "cerveau de l'opération", c'est de faire découvrir aux touristes un quartier défavorisé pour sortir un peu des clichés traditionnels (mendicité et insécurité) et de créer une opportunité de dialogue.

Un accueil très chaleureux!
Dans les faits, c'est aussi l'occasion (ou l'illusion) pour les voyageurs souvent insouciants que nous sommes de nous rendre utiles l'espace de quelques heures en distribuant quelques sacs de nourriture et en mettant la main au porte-feuille. Si l'idée est honorable, difficile tout de même d'échapper à la désagréable sensation de voyeurisme: nous pénétrons dans l'univers des bidonvilles et dans l'intimité de nombreux foyers, appareil photo sous le bras, l'expérience n'est pas anodine! Comme bien souvent, c'est la joie de vivre et l'innocence des enfants qui auront le dernier mot. Ils nous font bien vite oublier la chaleur accablante et l'insalubrité et posent comme de vraies petites stars! Manille n'est clairement pas une ville facile mais il y a encore tant à découvrir.

Un des nombreux sourires qui ont marqué cette matinée

Some cities have a bad reputation stuck to them and not surprisingly, our arrival at night in the Philippine capital was by no means engaging. Flagrant poverty, barely concealed prostitution and bad neighborhoods, that was our first glimpse of the metropolis, quite an explosive mix! However things are rarely that simple and first impressions don't always give the whole picture. Manila is indeed a city of many faces. During the day, in the backpacker district of Malate, misery was no less real but the "ladies of the night" had given way to street vendors and most importantly, we discovered the people and their wonderful smiling faces. We faced the scorching heat and humidity and headed to the historic heart of the city, Intramuros, surrounded by defensive walls. The Spanish colonial style and the overall dilapidated aspect of the district were misleading: most buildings were actually quite recent as they had been rebuilt many times until the second half of the twentieth century. This was once again a reminder of the devastation caused by the Second World War - not only in Europe! - and no doubt that the Japanese occupation was just as painful as that conducted by the Germans. While most street names are still in Spanish and it has retained a strong colonial flair, Intramuros has nothing of an open-air museum. What makes its charm is the mix of past (it's all about the atmosphere) and present, the latter characterized by the typical street scenes, so common in Asia and yet so photogenic.
The second day we got to experience a completely different side of Manila. It all began with a few intriguing words - "Discover The True Manila" - left on the Event Board of our hostel. Those who had expected a conventional guided tour were probably surprised: the goal of the whole operation, as Edwin - the man behind the idea - explained us, was to take tourists to a very poor part of the city, try and break traditional cliches and create an opportunity for dialogue. In other words, a good occasion for otherwise insensitive travelers to be (or feel) helpful for a few hours by distributing some food bags and donating some money. A more than honorable idea but still, we couldn't help but feel like voyeurs as we entered the slum and at the same time the privacy of many people, with camera in hand. Was it really a genuine experience? Once more, it was the joie de vivre and innocence of the children that settled the question. They made us forget about the dust and dirt and posed happily for our cameras just like stars! Manila is clearly not an easy city but there is so much to discover!

mercredi 6 juin 2012

Trésors millénaires et pavillons éphémères

La Corée est décidément pleine de surprises et en arrivant à Gyeongju au sud-est du pays, nous ne nous attendions pas à trouver autant de joyaux historiques dans cette petite ville de 300.000 âmes. L'ancienne capitale du royaume de Silla, qui a unifié la péninsule au VIIème siècle, a conservé de nombreux vestiges de ce passé glorieux qui en font aujourd'hui une étape incontournable. A commencer par ces centaines de tombes si particulières, immenses tumuli de roches et de terre, étranges maisons de Hobbit aux dimensions impressionnantes! 
 
Tumuli de Gyeongju dans la lumière du soir
Les plus imposantes, situées en plein centre-ville, sont celles des premiers rois et reines de Silla et nous ne nous lassons pas de les observer sous les différentes lumières de la journée. Des fouilles ont permis de mettre à jour des milliers d'objets (dont de somptueuses couronnes en or) qui font désormais le bonheur de tous les musées du pays! Petit à petit, avec l'introduction du bouddhisme et la généralisation de la crémation, les tombes sont devenues plus modestes. L'arrivée de cette nouvelle religion a toutefois permis la construction d'un des temples majeurs de Corée (et l'un des plus beaux): Bulguk-sa. Non loin de là, après une petite marche si prisée par les locaux, une statue du Bouddha, stupéfiant de majesté, trône au milieu d'une grotte artificielle en granit. Une porte vitrée en ferme l'accès, il faut donc se contenter de la vue depuis l'extérieur. Gyeongju n'est pas seulement un musée à ciel ouvert: la ville est aussi célèbre pour son "ssambap", la spécialité locale, composée de riz et d'une vingtaine d'accompagnements à déguster enroulés dans des feuilles en tout genre (salade, choux et algues). On en perdrait presque l'appétit devant tant de nourriture!
 
Copieux banquet façon coréenne!
Notre passage en Corée coïncidant avec le lancement de l'Exposition Universelle 2012, nous sautons sur l'occasion et faisons le détour par Yeosu, une ville portuaire au sud du pays qui avait grand besoin d'un petit coup de pouce pour attirer quelques investissements et changer son image de bassin industriel. En plus, le thème s'annonce particulièrement intéressant: "pour des côtes et des océans vivants". Le site occupe tout le front de mer et il est difficile d'imaginer ce qu'il pouvait y avoir ici avant la construction de ces dizaines de pavillons gigantesques, bâtis sur un même modèle sans âme de béton et de tôle ondulée. A l'intérieur, chaque pays y va de son petit gadget pour véhiculer un même message - les océans sont l'avenir de l'homme - et se faire un peu de publicité au passage. Un petit tour par l'aquarium flambant neuf qui ne désemplit pas et nous voilà bien contents de retrouver le calme à l'extérieur. 
 
Rien de mieux que de prendre un peu de hauteur (ici à Busan)
Après presque trois semaines au pays du matin calme, nous rejoignons Busan, deuxième ville après Séoul. Pour accéder au principal temple historique, Beomeo-sa, nous sautons par habitude dans le premier bus bondé avant même de remarquer la file inhabituellement longue des candidats au voyage. Nous avons du passer pour de drôles d'impolis! Ce n'est qu'une fois arrivés sur place que nous comprenons la forte affluence du jour: c'est l'anniversaire de la naissance de Bouddha, un peu comme un 15 août à Lourdes. Nous laissons bien vite le temple aux fidèles et continuons la marche jusqu'au sommet de la colline, bien loin de la ferveur en contre-bas et offrant une vue imprenable sur l'agglomération moderne et bétonnée, coincée entre la mer et les montagnes. Mais Busan est surtout réputée pour la fraîcheur de son poisson (à consommer cru) et nous nous perdons avec plaisir dans les dédales de l'immense marché aux poissons. Jamais encore nous n'avions vu une telle diversité de fruits de mer! Ça grouille, ça bouge et ça éclabousse dans les aquariums: si nous perdons vite toute trace d'appétit, le spectacle est fascinant!  
 
Il est frais le poisson!

South Korea is definitely full of surprises. When we arrived in Gyeongju, in the southeast of the country, we did not expect to find so many historical gems in this town of 300,000 souls. The ancient capital of the Silla Kingdom that unified the peninsula in the seventh century retains many vestiges of its glorious past and is a must-see sight for tourists. Starting with the more than hundred very special burial sites, huge mounds of earth that resemble small hills or Hobbit houses! The most impressive ones, located in the city center, are those of the early kings and queens of Silla and we couldn't get tired of admiring them under different daylights. Thousands of artefacts were excavated there (including sumptuous gold crowns) that today are the pride of many museums in the country. Gradually, with the introduction of Buddhism and the spread of cremation, graves became smaller. The arrival of this new religion, however, brought the construction of one of Korea's major (and most beautiful) temples: Bulguk-sa. A short walk away stands a majestuous Buddha statue, in the middle of an artificial granite cave. It was not possible to go inside so we had to be content with the view from outside. Gyeongju is not only an open-air museum, it is also famous for its "ssambap", the local specialty consisting of rice and twenty or so side dishes to eat wrapped in all kinds of leaves (salad, cabbage and seaweed). The sight of so much food almost made us lose our appetite!
Our stay in Korea coinciding with the launch of the World Expo 2012, we jumped on the occasion and made a detour to Yeosu, a port in the south, badly in need of a little help to attract investments and change its image of industrious city. In addition, the theme of this year's edition ("The living ocean and coast") promised to be particularly interesting. The entire waterfront area was dedicated to the exhibition and it was hard to imagine what could have been there before the dozen huge pavilions were built on the same - soulless - pattern. Inside, each country had its own little gadgets to convey the same universal message - the oceans are the future of the earth - and get some publicity along the way. After a quick tour through the brand new aquarium, we were glad to get back to the quiet streets of Yeosu.
After almost three weeks in The Land of the Morning Calm, we reached Busan, the second biggest city. On the way to the main historic temple, Beomeo-sa, we hopped on the first - crowded - bus before we actually noticed there was an unusually long line of locals waiting for a ride. We must have seemed very rude! It was only once there that we understood the "why" of the crowds: it was Buddha's Birthday and the temple was probably as busy as Lourdes on August 15! We soon left the place to the faithful and just continued walking up the hill where we could find some peace and stunning views of the modern, sprawling city, wedged between sea and mountains. But Busan is best known for its fresh fish (eaten raw) and the best place to soak up the port atmosphere was the huge fish market. Never before had we seen such a variety of seafood! All kinds of weird things crawling around in tanks: even though we soon lost all trace of appetite, it was a fascinating experience!

dimanche 27 mai 2012

D'un parc à l'autre

Après cinq jours à Séoul, nous quittons la capitale un peu à contre-coeur (il reste encore tellement à découvrir) mais nous n'avons déjà plus que deux semaines pour explorer le reste de la péninsule. Ça tombe bien, le pays n'est pas très grand et nous passons d'une côte à l'autre (en l'occurrence de la mer Jaune à l'ouest à la mer du Japon à l'est) en moins de trois heures de bus. Direction l'emblématique parc national de Seoraksan. A l'arrivée, de gros nuages et quelques gouttes de pluie nous laissent craindre le pire pour les jours à venir. Mais dès le lendemain, le beau temps est de retour et c'est sous un soleil radieux que nous débutons notre marche. Une fois de plus, l'aménagement du site est impressionnant et les premiers kilomètres ont des airs de parc d'attraction. Parking géant, téléphérique et gargottes en tout genre côtoient un temple ancien et une statue géante de Bouddha. Il faut dire que les Coréens sont tous adeptes d'activité physique en général (comme en témoignent les nombreux appareils de musculation présents dans tous les parcs publics) et de randonnée en particulier. Ils s'y adonnent par ailleurs dans les tenues les plus techniques, armés de bâtons et de sacs à dos dernier cri, prêts à gravir l'Everest. 

La Corée est un pays de montagnes
L'ascension du jour s'annonce elle plus modeste: le Daecheongbong n'est qu'à 1708m mais assez vite, les choses se corsent et nous transpirons à grosses gouttes sur le sentier qui se rétrécit et sous un soleil devenu de plomb. Chaque pas offre une nouvelle perspective sur un paysage majestueux, où d'étranges formations rocheuses dominent une dense forêt de pins et de feuillus aux couleurs somptueuses en ce début de printemps. Un vrai décor d'estampe japonaise, une comparaison qui ne serait pas forcément du goût des Coréens! Puis, le sentier laisse progressivement place aux escaliers métalliques et nous voilà bientôt au sommet pour savourer la vue et une délicieuse soupe de nouilles. Le lendemain, accompagnés d'une foule bien plus dense encore, nous parcourons les quelques quatre kilomètres de montée toute en marches qui conduisent aux rochers granitiques du Ulsan Bawi semblant jaillir de la montagne. Le temps d'une petite photo incontournable à côté du drapeau coréen et il faut déjà redescendre pour laisser la place aux suivants!

Photo à la coréenne dans un cadre splendide
En descendant la côte en direction de l'ancienne capitale de Gyeongju, nous ne pouvons nous empêcher de faire une petite halte par le parc de Haesindang qui offre un spectacle d'un genre bien particulier: le jardin renferme un temple dédié à une vierge qui se serait noyée tout près de là et une cinquantaine de sculptures phalliques sensées apaiser l'âme perdue de la jeune fille. On ne sait pas si ça marche mais c'est l'occasion d'une franche rigolade et nous ne sommes pas les seuls: là encore, les Coréens (et Coréennes) sont nombreux et se prêtent aussi au jeu de la photo, sans aucune pudeur! 

On vous épargne les photos les plus osées!

After five days in Seoul, we were reluctant to leave (there was still so much to discover) but we only had a little bit more than two weeks left to explore the rest of the peninsula. Good thing that it's not a big country and we bussed from one coast to the other (from the Yellow Sea in the west to the Sea of Japan in the east) in less than three hours. Our first stop was the iconic Seoraksan National Park. When we arrived, big clouds and a few raindrops let us fear the worst for the following days. But in the end, we were fortunate to have sunny weather to start our walk. The park entrance was pretty built up and the first few hundred meters felt more like an amusement park: giant parking lot, cable car and all kinds of food stalls next to an ancient temple and a giant Buddha statue. It must be said that Koreans are quite fond of physical activity in general (fitness equipment is found in most public parks) and hiking in particular. They don't take it lightly though and are equipped with the most up-to-date technical gear (be it hiking sticks or backpacks), ready to climb the Everest. Our ascent was a more modest one: the Daecheongbong is only 1708m high but soon enough, things got a little tougher, the path narrowed and we started sweating under the scorching sun. Each step was providing a new perspective on the majestic landscape with rock formations dominating a mixed deciduous/pine forest (hence the beautiful greens). It was like a Japanese drawing. Well, Koreans might not appreciate the comparison! Then, the trail gradually gave way to metal stairs and we eventually reached the summit where we enjoyed an amazing view and a delicious noodle soup. The next day, accompanied by a much denser crowd, we walked the four kilometers (mainly steps) leading to the granite rocks of Ulsan Bawi that seemed to come out of nowhere. A very popular picture place, especially the one spot with the Korean flag! It was soon time to head back and wedge our way through the ascending crowd.
On our way along the coast to the ancient capital of Gyeongju, we could not resist making a quick stop at Haesindang Park, a sight of a very special kind. This garden features a temple dedicated to a virgin who drowned and fifty or so phallic sculptures supposed to appease - according to the legend - her spirit. We do not know if it works but it was a pretty hilarious experience and there were lots of Koreans, men and women alike, posing for funny pictures without inhibition.

jeudi 24 mai 2012

Tout Asie-mut!

En quittant l'Australie pour la Corée, nous savons que nous ne reverrons pas avant longtemps le magnifique ciel étoilé de l'hémisphère sud. Adieu donc à la Croix du Sud et bonjour au printemps qui nous attend à notre arrivée à Séoul! Nous appréhendons un peu la mégalopole de plus de vingt millions d'habitants. Il faut bien reconnaître que depuis le début de notre voyage, peu de villes ont trouvé grâce à nos yeux mais cette fois, nous sommes d'emblée surpris par le calme qui règne dans les rues. Pas de foule, peu de circulation et aucun bruit de klaxon, rien à voir avec l'Inde ou le Vietnam! Pour étancher notre soif de culture et d'histoire, nous consacrons notre premier jour à la visite d'un des cinq palais royaux, Changdeokgung, célèbre pour son jardin "secret", un havre de paix autrefois réservé au roi et à sa cour. Nous sommes vite impressionnés par le soin avec lequel les Coréens entretiennent leur monuments historiques. Ces efforts de conservation (et souvent même de reconstruction) n'ont d'égal que leur engouement pour ce patrimoine. Si les occidentaux se font plutôt rares, nous sommes à chaque nouvelle visite encerclés par des hordes de groupes scolaires et cars de touristes coréens. 

Succès non démenti auprès des collégiennes!
De l'histoire millénaire de la péninsule, nous ne retiendrons qu'une seule date, qui revient à maintes reprises: 1592 ou la première invasion nippone. Il faut dire que les Japonais ont tout brûlé ou détruit sur leur passage, laissant un traumatisme encore bien vivant. Toute l'agglomération regorge de trésors d'architecture ancienne et en plus des incontournables temples et palais, nous découvrons de vieux quartiers qui ont conservé non sans mal leurs hanoks ou demeures traditionnelles ainsi que le mur d'enceinte de la vieille ville, en partie préservé et qui a des airs de grande muraille.

Maisons traditionnelles coréennes et ville moderne en arrière-plan
Mais le temps est loin de s'être arrêté à Séoul et nous découvrons une cité moderne avec une volonté affichée de remettre l'environnement au coeur du développement urbain. A ce titre, la rivière Cheong-Gye-Cheon est tout un symbole: autrefois enfouie sous une autoroute, elle a été ressuscitée et réaménagée pour devenir un lieu de promenade prisé de la jeunesse branchée, accro aux nouvelles technologies. Quand la nuit tombe, toute la ville semble se mettre à table dans les nombreux restaurants et c'est l'occasion pour nous de retrouver les joies de la cuisine asiatique après des mois de malbouffe en Nouvelle-Zélande et en Australie. Nous goûtons à tout (ou presque) et sommes vite convertis à la gastronomie coréenne, à commencer par le kimchi, ce chou fermenté épicé qui agrémente tous les repas! Et pour faire descendre tout ça, rien de tel qu'un peu de makgeolli, vin de riz fermenté très légèrement pétillant, assez proche du vin nouveau (allemand ou alsacien, pas du Beaujolais!). Nous nous démarquons en cela des locaux qui eux boivent le so-ju comme de l'eau: ce simple mélange d'eau et d'éthanol n'a pas un grand intérêt gustatif mais il fait qu'on rigole bien autour de la table avec tout de même 25% d'alcool!  

Le Séoul moderne by night

When we left Australia for South Korea, we knew it would be a while before we'd see again the starry sky of the southern hemisphere. Goodbye Southern Cross, hello spring! We were a bit intimidated by the idea of visiting a megalopolis of more than twenty million people. Since the beginning of our journey, we had not really enjoyed big cities but this time, we were immediately surprised by the rather quiet streets of Seoul. Few crowds, little traffic and no horning, so nothing like India or Vietnam! To quench our thirst for culture and history, we spent our first day in one of the five royal palaces, Changdeokgung, famous for its "secret" garden, a peace haven once reserved for the king and dignitaries. We were impressed to see how well the Koreans maintain their historic buildings. These conservation (and often reconstruction) efforts are only matched by the enthusiasm they show for this heritage. If Westerners were pretty rare, we were surrounded at each new visit by lots of school groups and Korean tour buses. The Korean peninsula has an ancient history but the only date we could remember - mainly because it was mentionned everywhere - was 1592 or the first Japanese invasion. It must be said that the Japanese burned or destroyed pretty much everything on their path, a still traumatic event for many Koreans. Seoul still boasts many architectural treasures and in addition to the numerous temples and palaces, we got to explore old neighborhoods that have retained - not without difficulty - their hanoks (traditional houses) as well as the old city wall that looked a bit like the Great Wall of China.
But it's not all about the past in Seoul and we discovered a modern city, ready to put the environment at the heart of urban development. As such, the Cheong-Gye-Cheon river is a great example: once buried under a highway, it has been resurrected, landscaped and has become a popular place among walkers and young people addicted to new technologies. After sunset, the whole city seemed to rush into the many restaurants and after months of "junk" food in New Zealand and Australia, it was about time for us to sample again some tasty Asian cuisine. And it didn't take much to convert us into Korean food lovers, starting with kimchi, the spicy fermented cabbage that is served at every meal! And to wash it down, nothing better than some makgeolli, a fermented rice wine, slightly fizzy and quite similar to the German or Alsatian "new wine". The favorite drink among locals though seemed to be so-ju: a mixture of water and ethanol that does not taste particularly good but with 25% alcohol, it is guaranteed to provide good laughs around the table!

vendredi 18 mai 2012

Le sable dans tous ses états

Notre expérience de la côte est australienne ne serait pas complète sans un petit détour par Fraser Island, la plus grande île de sable au monde. Quasiment déserte, elle compte en revanche une centaine de dingos, parmi les derniers de race pure du pays. Comme bien d'autres îles, elle se visite essentiellement en tour organisé, à moins d'investir dans la location d'un énorme 4x4 ou d'avoir comme nous du temps à perdre et l'envie de marcher plusieurs jours. Nous voilà donc repartis avec nos gros sacs sur le dos. A l'intérieur, notre tente minuscule et des nouilles déshydratées pour nourrir un régiment. En dehors de quelques resorts, pas de ravitaillement possible sinon en eau potable et c'est déjà ça que nous n'aurons pas à porter! Dès nos premiers pas dans le sable, nous oublions le ciel menaçant: des dauphins font leur apparition et semblent nous accompagner un instant. Plus loin, dans la forêt, un dingo vient à notre rencontre. Curiosité partagée mais la prudence reprend vite le dessus, il ne s'éternise pas. Après ces moments magiques, il est temps de prendre nos quartiers pour la nuit. Camping désert, coucher de soleil à 18h, la soirée s'annonce plutôt courte! 

Journée de galère, les pieds dans l'eau!
Le lendemain, nous partons sous une pluie battante. Le sentier disparaît à plusieurs reprises, envahi par les lacs que nous sommes sensés longer, ce qui nous oblige à couper tout droit à travers la forêt. Mais pas le temps de se lamenter, c'est notre plus grosse journée avec ving-huit kilomètres pour atteindre la côte est et une carotte pour nous motiver: la perspective d'une nuit au sec dans un bungalow. Le troisième jour, la pluie est vite oubliée: le soleil est de retour et nous sommes comme transportés dans un autre décor. Le paysage jusque là plutôt quelconque est comme transformé sous le beau ciel bleu. Sur la 75 Mile Beach, nous parcourons une douzaine de kilomètres sans avoir vraiment l'impression d'avancer tellement le décor semble figé sur la plage qui s'étire à l'infini devant nous. 

Dans les traces des 4x4, sur la 75 Mile Beach
Depuis notre arrivée sur l'île, nous n'avons pas vu un seul marcheur mais pour l'heure, nous ne sommes pas vraiment seuls. Nous sommes dépassés par une multitude de 4x4 qui filent à toute allure sur la plage à marée basse. Un vrai Paris-Dakar! Mais c'est seulement en marchant qu'on peut découvrir le lac Wabby, niché entre la forêt et une impressionnante dune qui s'étire sur des centaines de mètres depuis la mer. Nous ne tardons pas à nous mettre à l'eau, les bains de mer n'étant pas envisageables du fait des forts courants et des requins. Le meilleur reste encore à venir avec l'emblématique lac McKenzie et ses allures de lagon. Et on peut dire qu'il tient toutes ses promesses avec son sable blanc et son eau turquoise (quoique un peu fraîche). Le paradis des photographes!

Une plage qui n'a rien à envier à celles de Zanzibar!
C'est à quelques mètres seulement de ce cadre idyllique que nous plantons notre tente, dans l'enclos "anti-dingos" prévu à cet effet. Dernière nuit sur l'île, on en serait presque nostalgique mais c'est l'occasion de se faire plaisir avec nos dernières provisions et le fond de cubi de vin rouge que nous traînons depuis cinq jours. Du baume au coeur!       


Our experience of the Australian East Coast would not have been complete without a side trip to Fraser Island, the largest sand island in the world. Almost free of settlement, it is home to 100+ wild dingoes, some of the last remaining pure ones in the country. Like many other islands in this area, it is usually visited on an organized tour unless you can afford a 4x4 rental or you have time to spare and fancy a multi-day hike like we did. So there we were, carrying once again our big backpacks with our tiny little tent and enough dehydrated noodles to feed an army.  Except for some resorts, there are no supplies on the island so we had to be self-sufficient (but at least we didn't have to bring all the water with us). We started walking along the beach under threatening skies but soon got distracted by a few dolphins who kept us company for a while. Later in the forest, we came across our first dingo. There was a moment of shared curiosity but caution finally took over and it vanished quickly. After these magical moments, it was about time to pitch the tent for the night. Deserted campground, sunset at 6pm, our first evening in the wilderness did not turn out to be particularly exciting!
We set off early next morning in pouring rain. The trail was flooded in places as we were supposed to walk along a few lakes and we had to cut straight through the bush. But no time to complain, it was our toughest day with twenty-eight kilometers to cover to reach the east coast and a carrot to motivate us: the prospect of a dry night in a bungalow. An then, the sun came out and the rain was history for the rest of the trip. It was like being in another setting, the landscape looked so different under a blue sky! We walked a dozen kilometers on the 75 Mile Beach, which is indeed endless. Since our arrival on the island, we had not seen a single hiker but at that moment, we were not really alone. We were overtaken all the way by lots of four-wheel-drive vehicles, beach driving being very popular at low tide on Fraser Island. A feel of Paris-Dakar! But beautiful Lake Wabby, nestled between native forest and an impressive sand dune is only accessible by foot. It was not long before we took a dip in the picturesque freshwater lake, especially as the beaches along Fraser Island are not recommended for swimming due to dangerous currents and plentiful sharks. The best was yet to come with iconic and lagoon-like Lake McKenzie. With white sand and turquoise water (though a little cool), it does not fail to impress. A photographer's paradise! We spent the (last) night just a few meters away, in the dingo-safe fenced area specially designed for campers. The perfect place to drink the remaining wine we had been carrying for five days. A welcoming conclusion to a great walk!


mardi 15 mai 2012

A la rencontre du Titanic australien

La tentation était grande et nous ne résistons pas à une petite escapade dans le nord du Queensland, l'Australie tropicale. Après tout, le gros de la saison des pluies est passé et il nous tarde d'enfiler à nouveau palmes et bouteille. La grande barrière de corail est à priori LA destination de choix mais après quelques recherches sur des forums spécialisés, nous tombons sur des témoignages plutôt négatifs: ballet des bateaux qui déversent leur flot de plongeurs, pour la plupart inexpérimentés, corail abimé par endroits et sites décevants. En revanche, le spot qui semble faire l'unanimité, qualifié à maintes reprises de meilleur d'Australie, c'est l'épave du Yongala. Nous voilà donc partis pour Townsville, grosse bourgade sans charme particulier mais point d'embarquement pour Magnetic Island, un petit havre de paix à huit kilomètres au large dont la majeure partie est classée parc national et que nous avons choisi comme base pour les jours à venir. Mais une fois de plus, la météo s'acharne: le club de plongée annule la sortie en mer et après une journée pluvieuse sur les sentiers de l'île, nous décidons de partir plus au sud - plus près de l'épave - pour mettre toutes les chances de notre côté. Pas question de rater un site de cette envergure!

L'épave du Yongala qui gît par 15-30m de fond
Mais qu'est-ce qui rend cet ancien bateau à vapeur si spécial? Le Yongala est avant tout le témoin d'une page d'histoire du pays: mis en service en 1903, il assurait la liaison entre la côte est australienne et les mines d'or à l'ouest du pays. Un an avant le Titanic, en plein cyclone, il coule avec ses 122 passagers et ne sera localisé que 46 ans plus tard! Outre la fascination qui entoure toujours les épaves et à plus forte raison le Yongala, ce qui rend réellement cette plongée si spéciale, c'est l'incroyable concentration de vie marine autour du bateau et surtout la taille surdimensionnée des poissons! Alors, avec le retour du soleil et de conditions plus favorables, il est temps de braver le mal de mer et de se jeter à l'eau. Nous réservons d'avance quatre plongées. Ça fait quand même un peu mal au portefeuille mais nous ne le regretterons pas! Dès la première descente, c'est l'émerveillement: requin léopard, raie aigle, serpents de mer, toute la panoplie de poissons tropicaux et accessoirement l'épave. 

Une raie aigle surgit à l'improviste
Il faudra bien quelques plongées supplémentaires pour arriver à se concentrer sur le bateau! Notre guide a été très clair: interdiction formelle de pénétrer à l'intérieur. Pas très grave, il y a tellement à voir à l'extérieur et puis mieux vaut laisser les corps reposer en paix. Chaque immersion est différente de la précédente: des détails nouveaux apparaissent, quelques tortues se joignent à nous et nous pouvons même faire nos deux dernières plongées sans guide, en binôme. A chaque fois, la même magie, profusion de vie, les mêmes couleurs éclatantes et ce, malgré une visibilité plutôt moyenne. Nous n'apercevrons pas comme certains le fameux requin bouledogue mais peu importe, nous en avons pris plein les yeux. Le Yongala aura tenu ses promesses!

Une tortue peu farouche!

It was really tempting and we could not resist enjoying a short getaway in North Queensland, Tropical Australia. After all, the rainy season was almost over and we were longing for a new diving experience. The Great Barrier Reef was THE obvious destination of choice but after some research on the internet, we came across negative reviews: loads of boats dropping their mostly inexperienced divers at the same time, damaged coral areas and disappointing dive sites. However, the spot that seemed to make unanimity, often rated as the best in Australia, was the wreck of the SS Yongala. So we made our way to Townsville, a rather uninteresting city but the access point for Magnetic Island, eight kilometers offshore that would make a perfect base for a few days. But once again, the weather was not on our side: the dive trip we had booked was cancelled and after a rainy day of hiking, we decided to go further south - closer to the wreck - to try to put the odds on our side. There was no way we were going to miss such a world-class spot!
But what makes this former steamboat so special? First of all, the Yongala forms a part of Australia's history: lauched in 1903 to take up the busy passenger route between the East Coast and the gold fields of Western Australia. One year before the Titanic, it disappeared in a cyclone with its 122 passengers and it was not until 46 years later that the wreck site was discovered! Beyond the fascination surrounding shipwrecks and especially this one, what actually makes this dive so special is the incredible concentration of marine life around the boat and the size of the fish! So, with the return of the sun and more favorable conditions, it was about time to brave seasickness and jump into the water. We had booked four dives. Quite pricey but worth every penny! As soon as we started descending, we were amazed by what we saw: leopard shark, eagle ray, sea snakes, the whole range of tropical fish and eventually the wreck itself. A good thing we had more dives to come to get to focus on the ship! Our guide had made it very clear, noone was allowed to enter the Yongala. No big deal as there was so much to see elsewhere anyway and it is probably wiser to let the bodies rest in peace. Each dive was different: details we had not noticed before, turtles joining us and we could even dive on our own at the end (without a guide). And every time the same profusion of life and vivid colors despite a rather average visibility. We did not get to see the resident bull shark - others did - but regardless we got the whole show and it was amazing. The Yongala is definitely up to its reputation!

dimanche 13 mai 2012

Chronique d'une déception annoncée

Il y a des endroits comme ça qui n'ont pas besoin de présentation. Une baie d'un bleu éclatant, un pont centenaire, ce pourrait être San Francisco mais l'édifice blanc imposant en forme de voile (ou de coquillage, au choix) est à Sydney ce que la Tour Eiffel est à Paris. Seulement voilà, les lieux mythiques ne correspondent pas toujours à l'image qu'on s'en fait et sur le podium des désillusions, Sydney occupe désormais pour nous la première place. Réputée pour être l'une des plus belles villes au monde, nous arrivons conquis à l'avance mais bien vite, il faut nous rendre à l'évidence: Sydney est plutôt fade, voire glauque par endroits. Le semblant de quartier historique des Rocks, assez kitsch et sans âme, n'y change rien: on est bien loin du dynamisme culturel et architectural de Melbourne ou du charme désuet d'Adelaide. Même si la magie n'opère pas, nous nous consolons quand même avec quelques vues remarquables du centre-ville depuis l'autre côté du Harbour Bridge. Difficile de rester insensible face à ce décor de carte postale!

Vue imprenable sur la baie de Sydney
Tout n'est quand même pas perdu, Sydney a un atout indéniable, elle est bien située. Les plages légendaires, paradis des surfeurs, sont à portée de bus et les non moins célèbres Blue Mountains ne sont qu'à quelques heures en train. Le nom est trompeur, ce ne sont en réalité pas des montagnes mais un haut plateau creusé au fil du temps qui s'ouvre sur des canyons vertigineux. Le premier coup d'oeil depuis la station touristique de Katoomba est saisissant: de la forêt à perte de vue! 

Un paradis pour randonneurs
Au loin, on retrouve indéniablement ces teintes bleutées qui ont donné son nom à la région. Pour la plupart des touristes, la visite se limite à quelques belvédères dont celui des emblématiques Three Sisters, trois éperons rocheux sculptés par l'érosion et de loin le site le plus photographié. Mais comment s'arrêter à la contemplation quand le cadre est si propice à la marche? Nous voilà partis pour quelques bonnes randos! L'option camping est vite écartée en raison du temps pluvieux mais quelques excursions à la journée nous permettent quand même de nous enfoncer dans la forêt humide en contrebas qui tranche avec les paysages plus secs d'eucalyptus du plateau et les sections à flanc de falaise offrent une infinité de perspectives sur les chutes d'eau, particulièrement impressionnantes après ces quelques jours de pluie. C'est clair, les grands espaces australiens, eux, ne déçoivent jamais!

Les impressionnantes chutes de Wentworth

There are places that do not need an introduction. A sparkling blue bay, a century-old bridge, it could be San Francisco but the imposing white building with sail-like (or shell-like) roofs is to Sydney what the Eiffel Tower is to Paris. Unfortunately, reality does not always match the myth and for us Sydney now ranks first on the scale of diappointment. Often praised as one of the most beautiful cities in the world, we thought it was going to be love at first sight, so to speak but we soon realized that Sydney was rather bland, even a bit shabby in some places. The historic precinct of the Rocks made no difference as it was pretty kitsch and soulless: far from Melbourne's vibrant architecture and culture or the quaint charm of Adelaide. What we did enjoy though was the dramatic view of the Sydney skyline from across the Harbour Bridge. Difficult to remain insensitive to this picture-perfect vista!
All was not lost though, Sydney's definite asset being its location. The legendary beaches, a surfer's paradise, are just a bus ride away and the equally famous Blue Mountains only a few hours by train. The name is misleading, they are not actually mountains but a plateau dissected in some areas by deep gorges or canyons. The first glance at the landscape from the resort town of Katoomba was striking: lush forest everywhere you looked! In the distance, you could see this blue-greyish tinge that gave its name to the area. Most tourists only made a few stops at a few lookouts including the iconic Three Sisters, three rocks carved by erosion and by far the most photographed sight. But this was perfect hiking territory and we simply had to do a bit of exploring on foot. Camping was not an option anymore because of the rainy weather but a few day trips would still allow us to get a glimpse of the rainforest, down in the valley. It was quite different from the drier eucalypt landscapes of the plateau with cliffside path sections offering breathtaking views of the numerous waterfalls, particularly impressive after a few rainy days. One thing is sure: unlike big cities, the great outdoors never disappoint in Australia!