"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

samedi 21 janvier 2012

Farniente à l'indienne

Diu, ancien comptoir portugais sur la mer d'Oman, est un peu à l'écart de notre itinéraire nord-indien mais nous ne résistons pas à l'appel de la plage pour célébrer le passage à 2012 et passer quelques jours de repos sous le soleil. Après une nuit dans le train et une longue journée de bus sur des routes défoncées, nous traversons enfin le pont qui relie l'île de Diu à l'état voisin du Gujarat. C'est décidé, au retour nous prendrons un vol low cost pour retourner à Delhi!
Avec seulement vingt mille habitants sur l'ensemble de l'île, la ville que nous traversons à la tombée de la nuit, à la recherche d'un hébergement, est un village à l'échelle indienne. Quel calme après le tumulte des cités du Rajasthan! Mais il ne faut pas s'y tromper, la ville est loin d'être déserte: c'est une période d'affluence et les rares hébergements non complets affichent des tarifs exorbitants à l'approche du nouvel an. Nous trouvons quand même une chambre abordable, certes sommaire, mais dans un cadre insolite: le toit d'une vieille église reconvertie en musée. Nous sommes entre de bonnes mains: notre hôte Georges est un personnage atypique, une vedette locale, connu de tous pour ses barbecues et les veillées alcoolisées qui s'ensuivent inmanquablement. 
 
Séance photos sur le toit de l'église
De jour, la ville offre un spectacle incroyable: les rues sont désertes et propres, bordées de maisons coloniales délabrées, de vieilles églises blanchies à la chaux et de pimpantes villas modernes. Le ciel est d'un bleu profond et la température de 30ºC nous fait vite oublier les nuits fraîches des plaines du nord. Les plages, sans être spectaculaires, invitent au farniente mais une petite période d'adaptation s'impose. En effet, l'ancienne enclave portugaise, connue pour son alcool bon marché (50 roupies pour une bière de 650 mL, soit 75 cents) est une destination particulièrement populaire auprès des indiens du Gujarat, où l'alcool est strictement interdit, apparemment par respect pour Gandhi qui était originaire de l'état. Du coup, ils sont nombreux à venir, pour un week-end ou des vacances, se saoûler et importuner les touristes occidentales en bikini. A chaque sortie à la plage, nous sommes littéralement encerclés par des dizaines d'indiens, souvent éméchés, qui nous observent avec curiosité et tentent de voler quelques clichés d'Eléonore. Dans ces conditions, la pauvre ne risque pas de bronzer beaucoup, c'est l'exposition minimale. Mais ils sont toujours gentils et nous amusent presque avec leur petit numéro. 
 
Souvenir d'une journée mémorable en compagnie d'Allegra, Andy et A.
En dehors de la plage, les journées plutôt oisives sont rythmées par les repas et nombreux jeux de cartes et nous sympathisons avec les touristes occidentaux que nous croisons et recroisons dans la ville minuscule et sur le chemin du Sunset Point. C'est en bonne compagnie que nous fêtons la nouvelle année autour d'un barbecue puis d'un feu de camp sur la plage. C'est encore avec trois d'entre eux que nous décidons de partir à la découverte de l'île en scooter. Après les négociations - et complications - typiquement indiennes pour louer trois scooters, nous partons enfin pour le village de Vanakbara, à l'extrémité ouest de l'île, où nous arrivons un peu tard pour le retour des pêcheurs mais juste à temps pour découvrir l'animation du marché aux poissons où les femmes tentent de vendre leurs dernières marchandises. Les plus belles prises étant déjà parties, il reste surtout des petits poissons et, chose effarante pour les plongeurs que nous sommes, des raies et des petits requins. Par centaines, en tas. 
 
Leçon de biologie marine avec Allegra sur le marché aux poissons
Si nous étions le matin tous les trois simples passagers, nous goûtons vite au plaisir de conduire un scooter, les cheveux au vent, sur des routes désertes. Une expérience qu'il nous tarde de renouveler. Mais tout a une fin et après quatre jours de pur bonheur sédentaire, il est temps de reprendre la route. 

Diu, a former Portuguese trading post on the Arabian Sea, was not quite on our itinerary but we could not resist the call of the beach to celebrate the new year and relax a few days in the sun. After a night on the train and a long bus trip on bumpy roads, we finally crossed the bridge that connects the island of Diu to the neighboring state of Gujarat. We decided we would take one of these cheap flights to get back to Delhi!
With only twenty thousand inhabitants on the whole island, Diu is actually more of a village for indian standards. And so quiet after the chaotic cities of Rajasthan! But do not be mistaken, the city was far from empty: it was high season and the few non fully booked hotels or guesthouses were charging exorbitant rates. We still managed to find an affordable room, even though it was a basic and overpriced one, but in an unusual setting: the roof of an old church converted into a museum. We were in good hands: our host George was quite atypical and a local star known for his barbecues and parties. During the day, what an incredible sight! The streets were empty and clean, lined with crumbling colonial buildings, old whitewashed churches and modern villas. The sky was deep blue and the warm climate made us quickly forget the cool nights of the northern plains. The beaches, although not spectacular, were nice enough to relax a few hours but it was difficult to get away from it all. Indeed, Diu is known for its cheap booze (50 rupees or 0,75€ for 650 mL of beer) and is a popular holiday or weekend destination, particularly among Indians from Gujarat, where alcohol is forbidden, apparently by respect for Gandhi who was a native of the state. As a result, many young Indians go there to get drunk and annoy western tourists in bikinis. Every time we went to the beach, we ended up being surrounded by dozens of Indians, often tipsy, staring at us with curiosity and trying to take pictures of Eléonore. Difficult for her under the circumstances to have some proper sunbathing! But they were always nice and entertained us more than they disturbed us.
Apart from the beach, our lazy days were punctuated by meals and many card games. We made some new friends among the western tourists we met and met again in the tiny city and on the way to Sunset Point. We celebrated the New Year in good company over a good barbecue and later, sitting around a campfire on the beach. With three of our new friends, we decided to explore the island by scooter. After the usual negotiations and complications, we finally got the three scooters and left for Vanakbara, a small village at the western end of the island. We arrived too late to watch the return of the fishermen, but just in time for the lively fish market where women were selling the catch of the day. The bigger fishes were long gone, what remained was mostly small stuff but it was really sad to see the huge number of dead rays and small sharks. Hundreds of them, juveniles. That day, the three of us rode a scooter for the first time and we really enjoyed it. We can't wait to repeat it! But everything has an end and after four days of sedentary happiness, it was time to hit the road again.

1 commentaire:

  1. La "pauvre" petite Eléonore pâlichonne a quand même pris quelques couleurs (non mais! ;p)

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