"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

dimanche 29 janvier 2012

Pélerinage et pérégrinations dans le centre montagneux

S'il y a une couleur qui domine sur l'île, c'est bien le vert. C'est encore plus vrai dans le centre montagneux où s'ajoutent aux rizières et forêts les fameuses plantations de thé qui ont fait la renommée de Ceylan (désormais Sri Lanka, nom officiel depuis quarante ans). C'est dans ce cadre idyllique que nous allons passer quelques jours, histoire de trouver un peu de fraîcheur mais aussi de découvrir deux sites majeurs de pélerinage de l'île: un temple et une montagne sacrée. Le premier, c'est le temple de la Dent à Kandy, troisième ville du pays, qui a une signification énorme pour tous les bouddhistes du pays (et d'ailleurs) puisqu'il renfermerait une dent du Bouddha. Pas moyen de la voir, elle est conservée dans un reliquaire, lui-même visible seulement trois fois par jour et le prix d'entrée nous dissuadera de toute façon définitivement de franchir les portes du sanctuaire. Tout n'est pas perdu pour autant puisque plus de ferveur religieuse nous attend sur le chemin de l'Adam's Peak. Pour la petite histoire, l'empreinte qui se trouve au sommet (2243m) de cette montagne serait celle du Bouddha pour les bouddhistes, celle d'Adam descendu du paradis pour les chrétiens et musulmans voire même celle de Shiva pour les hindous. Ce qui fait qu'au final, c'est un lieu de pélerinage pour toutes les confessions de l'île et un site incontournable pour les touristes qui s'aventurent hors des plages. 
 
Sur le chemin (du retour) de l'Adam's Peak
L'ascension se fait de nuit pour éviter la chaleur et admirer le lever de soleil depuis le temple au sommet. Tout le chemin est éclairé et rythmé par d'innombrables boutiques de souvenirs religieux-kitsch. Pas vraiment une randonnée en soi mais les 5200 marches tout le long sont assez raides et les deux heures de montée assez rudes pour les jambes. A nos côtés, plus de touristes que de locaux mais en arrivant en haut, nous nous rendons compte que ces derniers sont déjà là, emmitouflés, partis bien plus tôt et attendant sagement l'aube. Difficile de dénicher un bon point de vue, c'est un peu la cohue mais le lieu est malgré tout assez magique. Puis vient le moment de partir et là, ce n'est pas comme la montée, tout le monde veut redescendre au même moment! Quant à l'empreinte, nous l'avons bien cherchée mais jamais trouvée! 
 
Pélerins et touristes dans l'attente du lever du soleil
Nous l'avons constaté plusieurs fois depuis notre départ: souvent, le meilleur dans le voyage, ce n'est pas la destination mais le voyage lui-même. C'est ce qui résume assez bien les trajets en train au Sri Lanka, surtout dans les montagnes. Belle prouesse britannique (la plus haute gare est quand même à presque 1900m d'altitude), les vieilles lignes ferroviaires ont beaucoup de charme et même si les trains sont plutôt lents (au moins, on a le temps d'admirer le paysage), ils sont bien moins bondés que les bus. Très facile sinon d'acheter un billet, les indiens devraient en prendre de la graine! 
 
Du vert, rien que du vert entre Hatton et Haputale
C'est ainsi que nous arrivons à Haputale, ville majoritairement tamoule (et donc hindoue, par opposition aux cinghalais essentiellement bouddhistes) située sur une crête et entourée de plantations de thé. L'endroit parfait pour se reposer quelques jours, d'autant plus que nous tombons un peu par hasard chez les Bawa, une famille musulmane adorable. Madame Bawa, que nous ne verrons jamais, nous concoctera nos meilleurs rice & curry, partagés avec d'autres touristes autour de la table commune. On est si bien qu'on hésiterait presque à rester pour toujours mais bon, après de belles balades dans des paysages verdoyants et la visite de la fabrique de thé de Dambatenne, construite à la fin du dix-neuvième siècle par le bientôt célèbre Sir Thomas Lipton, il est temps de partir pour la plage!

Green is definitely the dominant color on the island. This is especially true in the central mountainous region, home to paddy fields and forests as well as the tea plantations that have made Ceylon (official name of the country until 1972) famous. The perfect setting to enjoy a few days of rest and to get some fresh air but also to discover two major pilgrimage sites: a temple and a sacred mountain. The former, the Temple of the Tooth in Kandy, Sri Lanka's third largest city, holds great significance to all Buddhists in the country (and elsewhere) since it supposedly houses a tooth of the Buddha. It is impossible to see it though as it's kept in a reliquary, itself visible only three times a day and truth to be told, the entrance fee deterred us anyway from entering the sanctuary. All was not lost though as we were to find more religious fervor on the way to Adam's Peak. For the record, the footprint at the top (2243m) of this mountain is held to be that of the Buddha for the Buddhists, that of Adam for Christians and Muslims and that of Shiva for the Hindus. As a result, it is a pilgrimage destination for every confession on the island and a must-see attraction for tourists ready to venture out away from the beaches. The ascent is done at night to avoid the heat and enjoy the sunrise from the temple at the top. The whole path is lit and there are countless little shops selling religious (kitsch) souvenirs kitsch. It is not really a hike but the 5200 steps all the way to the top are quite steep and we found the two-hour climb to be fairly hard for the legs. There were more tourists than locals on the way up but when we reached the top, we realized that Sri Lankan people were already there, with winter clothes. They had left much earlier and were waiting around the temple. Difficult to find a good spot to watch the sunrise, it was a bit crowded up there but very scenic though. Then came time to leave and it was not like the ascent, everyone wanted to go down at the same time! As for the footprint, we tried to look for it but couldn't find it!
We have noticed over the months that very often, the best part of travelling is not the destination but the journey itself. This summarizes well enough train journeys in Sri Lanka, especially in the mountains. Nice British achievement (the highest railway station is located at almost 1900m above sea level), the old railway lines have a lot of charm and even if the trains are pretty slow (at least, we had time to admire the landscape), they are way less crowded than buses. And it's very easy and straightforward to buy a ticket. Indians should take a leaf out of this! Anyway, that's how we got to Haputale, a predominantly Tamil city (Tamils are usually Hindus as opposed to the Buddhist Sinhaleses), located on a ridge and surrounded by tea plantations. We found - totally by accident - a great guesthouse, run by the Bawas, a very nice Muslim family. Ms. Bawa - we actually never got to see her - cooked us our best rice & curry ever that we shared with other tourists around the common table. We could have stayed there forever but after some nice walks in the lush countryside and a visit to the Dambatenne tea factory, built in the late nineteenth century by the famous Sir Thomas Lipton, it was time to go to the beach!

Deux mille ans d'histoire sri-lankaise

Après seulement un jour à Colombo, direction le nord du Sri Lanka. Là où des royaumes sont nés et se sont éteints, la jungle abrite désormais les ruines des anciennes capitales. Il n'en faut pas plus pour faire revivre en nous le souvenir des temples d'Angkor et c'est plein d'entrain que nous partons pour la plus importante cité historique, au nom imprononçable d'Anuradhapura. Le trajet, qui nous fait traverser la moitié de l'île, ne prendra pas plus de quatre heures. Ce qui nous permet de visiter dès notre arrivée le site voisin de Mihintale. C'est là que le fils d'un roi indien aurait converti le souverain d'Anuradhapura au bouddhisme au IIIème siècle av. JC, introduisant ainsi la religion - aujourd'hui prédominante - sur l'île. Bien sûr, il ne reste rien pour attester de la vérité historique mais de nombreuses statues en stuc nous rappellent l'importance des protagonistes. Avec une interminable succession de marches donnant accès à une grande statue du bouddha, un dagoba (monument bouddhiste en forme de dôme) imposant et un étrange rocher, le lieu est propice à la balade. 
 
Procession devant l'imposant dagoba blanc d'Anuradhapura
Le lendemain matin, nous partons à la découverte des ruines d'Anuradhapura. Mauvaise surprise, après la fin de la gratuité du visa depuis le 1er janvier 2012, nous découvrons que le billet combiné valable dans les principaux sites historiques a lui été supprimé. Qu'à cela ne tienne, nous payons les 25 $ d'entrée qui donnent accès aux ruines. Les temples et autres vestiges étant relativement dispersés, nous optons pour le vélo, comme nous l'avions fait à l'époque à Angkor. Si la visite est agréable, nous nous souviendrons surtout de la journée passée à faire du vélo parmi des paysages magnifiques alternant jungle et rizières. En effet, les énormes dagobas ont certes traversé notre ère sans grand dommage mais de la vieille cité ne subsistent que quelques bassins et dallages dont chaque pierre a été soigneusement réalignée. 
 
Salle nº2 du temple troglodytique de Dambulla
L'étape suivante sur le circuit historique est Dambulla. Au pied d'une falaise, la roche a été creusée et des petites salles aménagées pour accueillir une centaine de statues du Bouddha et de magnifiques peintures murales. Autre site incontournable: Sigiriya, célèbre pour ses fresques représentant des femmes dévêtues. A 30 $ l'entrée, c'est tout allégés que nous entamons l'ascension du rocher qui semble surgi de nulle part. Les ruines du fort au sommet sont tout sauf impressionnantes mais la vue à 360 degrés sur la jungle alentour est imprenable. Cette fois encore, nous sommes plus sensibles au cadre naturel qu'aux vestiges eux-mêmes et l'affluence disproportionnée et les tarifs exorbitants auront vite raison de nos dernières velléités touristiques dans la région...
 
A l'assaut du rocher de Sigiriya
After only one day in Colombo, we headed to the North of Sri Lanka. The place where kingdoms rose and fell is covered by jungle which hides the ruins of the ancient capitals. The description was quite appealing and reminded us of the fabulous temple complex of Angkor and we couldn't wait for this one. The journey to the city with the unpronounceable name of Anuradhapura took us through half of the island in no more than four hours. So we had plenty of time to visit the nearby site of Mihintale in the afternoon. This is supposed to be the place where the son of a famous Indian king converted the ruler of Anuradhapura to buddhism in the 3rd century BC, which marked the introduction of the now dominant religion on the island. Of course, nothing remains to attest to the truth of these events, but many stucco statues remind us of the importance of these historical figures. With an endless flight of stairs leading to a big Buddha statue, an imposing white dagoba (dome-shaped Buddhist monument) and a strange rock, this is a perfect place for a walk.
The next morning, we started to explore the ruins of Anuradhapura. We had an unpleasant surprise waiting for us: after the end of the free tourist visa since January 1, 2012, we found out that the combined ticket for the main historical sites was no longer available. We had to pay the $25 admission price (valid only for this one place). The temples and other ruins being relatively scattered, we chose to go by bike, like in Angkor a few years before. Anuradhapura was a nice place to discover but cycling amongst scenic paddy fields and jungle was actually more fun than the visit itself. The huge dagobas may not have undergone much damage in centuries but what remains of the old city is basically a few ponds and paving stones carefully realigned. Our next step on the historic tour was Dambulla. At the foot of a cliff, this temple was carved into the rock and five small caves designed to house more than hundred Buddha statues and beautiful paintings on the walls and ceiling. Another must-visit spot was Sigiriya, famous for its frescoes depicting semi-naked women. Once again, we were relieved of a large amount of money ($30) but at least, it kept us lighter for the ascent of the rock that seems to rise out of nowhere. The ruins of the fort at the top were anything but impressive but the 360 degree view of the surrounding jungle was magnificent. Once again, we enjoyed much more the natural environment than the ruins themselves and the disproportionate number of tourists combined with exorbitant prices soon made us lose our appetite for more sightseeing in the area.

jeudi 26 janvier 2012

Ceylan, premières réjouissances

En arrivant au Sri Lanka, troisième et dernière étape du sous-continent indien, nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre. Très occupés par notre long périple en Inde du Nord et savourant chaque instant de la présence d'Eléonore, nous n'avons que timidement feuilleté le Lonely Planet en français acheté d'occasion à Delhi. Pour la troisième fois depuis notre départ d'Afrique, quelques heures d'avion suffiront à nous transporter dans un environnement complètement différent. Fini le temps des passages de frontière à pied ou en bus qui permettaient une transition en douceur, progressive. L'avion, c'est toujours plus brutal, déstabilisant. Et dans le cas présent, le choc est tout d'abord climatique. Chaleur et humidité sont au rendez-vous, même à cette heure tardive. Il est vrai après tout que l'équateur ne passe pas bien loin d'ici. 
 
Colombo, ville ouverte sur l'Océan Indien
Le lendemain de notre arrivée, nous faisons déjà connaissance avec la capitale, Colombo. Pas vraiment prisée des touristes (qui sont nombreux dans le pays comme nous ne tarderons pas à le découvrir), notre verdict tombe assez vite: moderne mais avec un certain charme colonial, dynamique mais étrangement agréable pour une grande ville asiatique, étonnament prospère si l'on se souvient que le pays était encore en proie à une guerre civile il n'y a pas si longtemps (jusqu'en 2009) et surtout très propre (mais après l'Inde, notre jugement serait-il biaisé?). Ajoutez à cela un soleil de plomb, un bord de mer pas désagréable et quelques cocktails en soirée dans un hôtel plutôt chic et cela donne un petit air de vacances. Elle est bien loin la grisaille du nord de l'Inde! Mais serons-nous toujours aussi enthousiastes à notre retour, à la fin du séjour? 
 
Bière fraîche sur la terrasse du très chic Galle Face Hotel à Colombo
Colombo marque aussi nos retrouvailles avec Eva, une amie autrichienne rencontrée au chaleureux Pink Papaya de Chimoio au Mozambique. C'est avec elle que nous avions passé la frontière du Malawi avant que nos chemins ne se séparent au Parc national de Liwonde, Malawi. Depuis, nous suivions régulièrement son aventure africaine sur le blog (http://epontheroad.blogspot.com). Si nous nous étions ratés de peu à Zanzibar, cette fois, nous ne laissons rien au hasard. Nous sommes heureux de la retrouver en pleine forme et de parler de nos aventures et projets respectifs. Pour Eva, après un mois à se ressourcer au Sri Lanka, départ imminent pour Zanzibar, le continent africain lui manque. Quant à nous, nous avons trois semaines pour découvrir l'île et ses trois attraits majeurs: les cités anciennes, la région montagneuse et les plages du sud. Pour une fois, l'arithmétique du voyage semble coller.
 
Retrouvailles avec Eva
When we arrived in Sri Lanka, our third and final stop on the Indian subcontinent, we didn't really know what to expect. We had come across a second-hand Lonely Planet guide book in Delhi but we didn't really have time to look into it as we had been busy travelling around northern India and enjoyed every moment of our time with Eléonore. For the third time since we left Africa, we were brought within a few hours on a plane to a whole new environment. Gone are the days of border crossings on foot or by bus which allowed a smooth and progressive transition. In a way, air travel is more brutal, more unsettling. And in this case, we first got a weather shock. Even though we arrived late at night, it was so hot and humid. It is true after all that the island is not very far from the equator. Then, the following day, we got to discover the capital city, Colombo. Not really popular with tourists (we would soon find out that there were lots of them in the country), it was our introduction to the country and our first impression was pretty good. Modern but still retaining a certain colonial charm, vibrant but strangely enjoyable for a large Asian city, surprisingly prosperous given the fact that the country was still facing a civil war not so many years ago (until 2009) and, last but not least, very clean (but after India, how could it possibly be otherwise?). Add to that sunny skies, a pleasant waterfront and a few cocktails in a fancy hotel and it almost felt like holidays after northern India! Will this still be the case when we return at the end of our stay on the island?
In Colombo, we also enjoyed a happy reunion with Eva, an Austrian friend we had met at the Pink Papaya guesthouse in Chimoio, Mozambique. We had crossed the border to Malawi together before we said goodbye at Liwonde National Park and went separate ways. Since then, we've been following her adventures on the blog (http://epontheroad.blogspot.com). We had missed each other in Zanzibar but this time, things worked out well. We were really happy to see her again and talk about our trip and projects. She had come to Sri Lanka to take a break and was about to leave for Zanzibar. She really missed Africa. We, however, had three weeks to discover the island and its three major attractions: the ancient cities, the mountains and the southern beaches. The equation seemed to work fine.

samedi 21 janvier 2012

Les coulisses du Taj

De retour à Delhi, nous retrouvons le chaos et le harcèlement des vendeurs du quartier de Paharganj mais nous ne nous éternisons pas. La ville incarne désormais (et peut-être assez injustement) tout ce que nous n'aimons plus en Inde du nord: la grisaille, la circulation, la foule, la merde, le bruit, etc. Nous partons dès le lendemain matin pour Agra. Outre l'incontournable Taj Mahal, la ville abrite quelques trésors architecturaux auxquels nous allons consacrer nos derniers jours en Inde. En particulier des mausolées et tombeaux moghols construits en grès rouge et marbre blanc. L'architecture d'inspiration persane est particulièrement raffinée et la recherche de la perfection conduira à la construction du Taj Mahal. Ces sites étant assez éloignés les uns des autres, nous n'avons d'autre choix que de prendre un rickshaw (ou tuk-tuk) le premier jour et nous n'obtenons un bon prix qu'à la condition d'inclure deux arrêts (de ving minutes minimum) dans des boutiques de souvenirs à la fin de notre parcours. L'exercice se transforme vite en calvaire face à l'insistance des vendeurs qui tentent de nous refourguer de vulgaires bibelots. Nous regrettons bien vite les maigres économies réalisées!
Le lendemain, nous partons pour Fatehpur Sikri, éphémère capitale moghole aux magnifiques palais. Construite au XVIème siècle mais vite abandonnée par manque de ressources en eau, la  ville est inchangée depuis cinq siècles. Un vrai voyage dans le temps. 
 
Palais de grès rouge de Fatehpur Sikri
Après deux jours à Agra, nous n'avons toujours pas visité le Taj Mahal et ce ne sera pas non plus pour le troisième jour: c'est vendredi, jour de fermeture hebdomadaire. Nous en profitons donc pour découvrir l'imposant fort rouge d'Agra qui offre une belle vue sur le Taj. Après trois jours de préliminaires touristiques, nous pénétrons enfin dans l'enceinte du Taj et nous sommes immédiatement séduits par la beauté du lieu. A l'approche du mausolée, impossible de rester insensible à la symétrie parfaite de sa silhouette qui se démarque dans le brouillard. Impossible aussi de résister à la tentation de se faire prendre en photo comme les centaines d'autres touristes qui nous entourent. A l'approche du bâtiment, on est surpris par la richesse des décorations: ce qui semblait être d'un blanc immaculé est en fait richement orné de décors floraux réalisés en pierres semi-précieuses multicolores incrustées dans le marbre blanc. A l'intérieur, la tombe de la reine tant aimée semble toute petite dans son écrin de marbre surdimensionné. Nous repartons comblés par la magie du lieu. 
 
Incontournable photo devant le Taj Mahal
Mais l'envers du décor est tout aussi intéressant et la ville d'Agra est déconcertante de contradictions. Elle abrite en effet le Taj Mahal mais en dehors de l'allée principale qui mène les touristes de leur bus climatisé à l'entrée du complexe, les rues alentour sont particulièrement sales et les vaches et les cochons y déambulent parmi les ordures. Agra accueille chaque jour des milliers de touristes mais rares sont ceux qui y passent plus de quelques heures et la concurrence est rude entre les différents hôtels et restaurants, et ce pour notre plus grand bonheur. On peut y loger pour des prix très raisonnables (juste à côté du Taj) et nous y prenons les repas les moins chers de notre séjour en Inde: des petits déjeuners copieux pour 25 roupies (30 cents) et un délicieux steak-frites pour 100 roupies (1€50), du jamais vu. 
 
Prix imbattables dans les rues d'Agra!
Back in Delhi, we were once again surrounded by the chaos and hassled by the street vendors of the Paharganj area but this time, we didn't stay long. The city represented for us (perhaps unfairly) the very worst of North India: fog, traffic, crowds, shit, noise, etc. We left the next morning for Agra. It is famous for the Taj Mahal but holds many other treasures and that's where we were going to spend our last days in India. We first visited the beautiful Mughal mausoleums and tombs built in red sandstone and white marble. The persian-style architecture was particularly refined and the search for perfection would later lead to the construction of the Taj Mahal. As it was impossible that day to walk the distance between the sights, we had to take a rickshaw (or tuk-tuk) and we could only get a good price on the condition that we would stop at the end of the ride in two tourist shops and spend at least twenty minutes in each one. We had to deal with insistant vendors and the savings were definitely not worth the torture!
The next day, we headed to Fatehpur Sikri, former Mughal capital with magnificent palaces. Built in the sixteenth century but soon abandoned due to the lack of water, the city has not changed a lot in five centuries. A real journey through time. After two days in Agra, we still hadn't visited the Taj Mahal and it was not going to happen on the third day either, as we found out Friday is closure day. So we took the opportunity to visit the imposing red fort of Agra which offers beautiful views of the Taj. When we finally entered the precincts of the Taj, we were overwhelmed by the beauty of the place. Approaching the mausoleum, it was difficult to remain insensitive to the perfect symmetry of its shape standing out in the fog. And like the hundreds of tourists sourrounding us, we could not help but pose for a few pictures. When we got closer to the building, we were surprised by the rich decorations: what seemed to be plain white from afar was in fact decorated with floral motives made of colorful semi-precious stones inlaid in white marble. Inside, the tomb of the beloved queen seemed really small compared to the huge marble structure.
But behind the scenes, the city shows a different face. It may be home to the Taj Mahal but if you leave the main alley that leads tourists from their air-conditioned bus to the entrance of the complex, the streets are particularly dirty, with cows and pigs wandering among the garbage. Thousands of tourists come to Agra every day but few actually spend more than a few hours and competition is fierce between hotels and restaurants, a good thing for us. We found very good-priced accommodation (just next to the Taj) and had our least expensive meals ever in India: breakfasts for 25 Rs (30 cents) and a delicious steak & chips for 100 Rs (1€50). Can't get cheaper than that!

Farniente à l'indienne

Diu, ancien comptoir portugais sur la mer d'Oman, est un peu à l'écart de notre itinéraire nord-indien mais nous ne résistons pas à l'appel de la plage pour célébrer le passage à 2012 et passer quelques jours de repos sous le soleil. Après une nuit dans le train et une longue journée de bus sur des routes défoncées, nous traversons enfin le pont qui relie l'île de Diu à l'état voisin du Gujarat. C'est décidé, au retour nous prendrons un vol low cost pour retourner à Delhi!
Avec seulement vingt mille habitants sur l'ensemble de l'île, la ville que nous traversons à la tombée de la nuit, à la recherche d'un hébergement, est un village à l'échelle indienne. Quel calme après le tumulte des cités du Rajasthan! Mais il ne faut pas s'y tromper, la ville est loin d'être déserte: c'est une période d'affluence et les rares hébergements non complets affichent des tarifs exorbitants à l'approche du nouvel an. Nous trouvons quand même une chambre abordable, certes sommaire, mais dans un cadre insolite: le toit d'une vieille église reconvertie en musée. Nous sommes entre de bonnes mains: notre hôte Georges est un personnage atypique, une vedette locale, connu de tous pour ses barbecues et les veillées alcoolisées qui s'ensuivent inmanquablement. 
 
Séance photos sur le toit de l'église
De jour, la ville offre un spectacle incroyable: les rues sont désertes et propres, bordées de maisons coloniales délabrées, de vieilles églises blanchies à la chaux et de pimpantes villas modernes. Le ciel est d'un bleu profond et la température de 30ºC nous fait vite oublier les nuits fraîches des plaines du nord. Les plages, sans être spectaculaires, invitent au farniente mais une petite période d'adaptation s'impose. En effet, l'ancienne enclave portugaise, connue pour son alcool bon marché (50 roupies pour une bière de 650 mL, soit 75 cents) est une destination particulièrement populaire auprès des indiens du Gujarat, où l'alcool est strictement interdit, apparemment par respect pour Gandhi qui était originaire de l'état. Du coup, ils sont nombreux à venir, pour un week-end ou des vacances, se saoûler et importuner les touristes occidentales en bikini. A chaque sortie à la plage, nous sommes littéralement encerclés par des dizaines d'indiens, souvent éméchés, qui nous observent avec curiosité et tentent de voler quelques clichés d'Eléonore. Dans ces conditions, la pauvre ne risque pas de bronzer beaucoup, c'est l'exposition minimale. Mais ils sont toujours gentils et nous amusent presque avec leur petit numéro. 
 
Souvenir d'une journée mémorable en compagnie d'Allegra, Andy et A.
En dehors de la plage, les journées plutôt oisives sont rythmées par les repas et nombreux jeux de cartes et nous sympathisons avec les touristes occidentaux que nous croisons et recroisons dans la ville minuscule et sur le chemin du Sunset Point. C'est en bonne compagnie que nous fêtons la nouvelle année autour d'un barbecue puis d'un feu de camp sur la plage. C'est encore avec trois d'entre eux que nous décidons de partir à la découverte de l'île en scooter. Après les négociations - et complications - typiquement indiennes pour louer trois scooters, nous partons enfin pour le village de Vanakbara, à l'extrémité ouest de l'île, où nous arrivons un peu tard pour le retour des pêcheurs mais juste à temps pour découvrir l'animation du marché aux poissons où les femmes tentent de vendre leurs dernières marchandises. Les plus belles prises étant déjà parties, il reste surtout des petits poissons et, chose effarante pour les plongeurs que nous sommes, des raies et des petits requins. Par centaines, en tas. 
 
Leçon de biologie marine avec Allegra sur le marché aux poissons
Si nous étions le matin tous les trois simples passagers, nous goûtons vite au plaisir de conduire un scooter, les cheveux au vent, sur des routes désertes. Une expérience qu'il nous tarde de renouveler. Mais tout a une fin et après quatre jours de pur bonheur sédentaire, il est temps de reprendre la route. 

Diu, a former Portuguese trading post on the Arabian Sea, was not quite on our itinerary but we could not resist the call of the beach to celebrate the new year and relax a few days in the sun. After a night on the train and a long bus trip on bumpy roads, we finally crossed the bridge that connects the island of Diu to the neighboring state of Gujarat. We decided we would take one of these cheap flights to get back to Delhi!
With only twenty thousand inhabitants on the whole island, Diu is actually more of a village for indian standards. And so quiet after the chaotic cities of Rajasthan! But do not be mistaken, the city was far from empty: it was high season and the few non fully booked hotels or guesthouses were charging exorbitant rates. We still managed to find an affordable room, even though it was a basic and overpriced one, but in an unusual setting: the roof of an old church converted into a museum. We were in good hands: our host George was quite atypical and a local star known for his barbecues and parties. During the day, what an incredible sight! The streets were empty and clean, lined with crumbling colonial buildings, old whitewashed churches and modern villas. The sky was deep blue and the warm climate made us quickly forget the cool nights of the northern plains. The beaches, although not spectacular, were nice enough to relax a few hours but it was difficult to get away from it all. Indeed, Diu is known for its cheap booze (50 rupees or 0,75€ for 650 mL of beer) and is a popular holiday or weekend destination, particularly among Indians from Gujarat, where alcohol is forbidden, apparently by respect for Gandhi who was a native of the state. As a result, many young Indians go there to get drunk and annoy western tourists in bikinis. Every time we went to the beach, we ended up being surrounded by dozens of Indians, often tipsy, staring at us with curiosity and trying to take pictures of Eléonore. Difficult for her under the circumstances to have some proper sunbathing! But they were always nice and entertained us more than they disturbed us.
Apart from the beach, our lazy days were punctuated by meals and many card games. We made some new friends among the western tourists we met and met again in the tiny city and on the way to Sunset Point. We celebrated the New Year in good company over a good barbecue and later, sitting around a campfire on the beach. With three of our new friends, we decided to explore the island by scooter. After the usual negotiations and complications, we finally got the three scooters and left for Vanakbara, a small village at the western end of the island. We arrived too late to watch the return of the fishermen, but just in time for the lively fish market where women were selling the catch of the day. The bigger fishes were long gone, what remained was mostly small stuff but it was really sad to see the huge number of dead rays and small sharks. Hundreds of them, juveniles. That day, the three of us rode a scooter for the first time and we really enjoyed it. We can't wait to repeat it! But everything has an end and after four days of sedentary happiness, it was time to hit the road again.

dimanche 15 janvier 2012

L'Inde des maharajas

Le Rajasthan ou "terre des rois" est peut-être l'état le plus emblématique de l'Inde avec son désert et ses palais de maharajas. La ville de Bikaner est souvent boudée par les touristes qui lui préfèrent Jaisalmer et son célèbre fort qui évoque un gigantesque château de sable mais ce sera bien notre première étape au Rajasthan. Bikaner se situe à une distance plus raisonnable de Delhi et en cette période de forte affluence, impossible de toute façon de dénicher trois billets de train pour Jaisalmer. Le voyage en train est en soi une aventure, qui commence bien avant le départ, dès l'achat des tickets. Le vaste réseau ferroviaire indien, hérité des britanniques, est très efficace et permet d'aller quasiment partout pour des sommes dérisoires mais avec six classes différentes, beaucoup de formulaires à remplir et des listes d'attente, le système de réservation reste encore déconcertant pour nous.
Les villes du Rajasthan que nous visiterons s'organisent sur un plan similaire: un fort ou palais imposant domine la vieille ville où le temps semble s'être arrêté. Dans les rues débordantes de vie, le spectacle des haveli, ces vieilles demeures de charme plus ou moins bien conservées, est magnifique et même si l'on a parfois du mal à surmonter le dégoût inspiré par la négligeance et le décrépitude, le charme agit encore. 
 
Scène de rue avec le fort de Jodhpur en arrière-plan
Bikaner est une ville particulièrement agréable. Nous logeons chez l'habitant et partageons une chambre à trois pour 350 roupies (5€). Notre hôte, déconcertant de gentillesse, nous donnera une multitude d'informations sur la ville et ses alentours. Le désert n'étant qu'à quelques kilomètres, nous ne résistons pas à la tentation de partir pour une balade à dos de chameau, en l'occurrence de dromadaire. Après un voyage d'une heure en tuk-tuk (véhicule à trois roues ouvert aux quatre vents) dans un épais brouillard et un froid glacial, nous arrivons dans le désert congelés et nous nous empressons d'entasser quelques brindilles et bouts de plastique pour nous faire un feu de fortune.
 
Feu de camp improvisé
Le soleil ne tarde pas à faire son apparition et nous nous endormons presque, bercés par le rythme nonchalant des dromadaires. Presque seulement car le jeune dromadaire monté par David est en grande forme et n'a qu'une seule envie en tête: le faire tomber. Ce qui fait beaucoup rire toute l'assemblée à chaque nouvelle tentative. Le bivouac dans le désert sera un moment très agréable et comptera parmi nos plus beaux souvenirs de l'Inde. Nous passons cinq heures assis sur des couvertures à partager le chai et un maigre repas avec nos guides qui sortent lentement de leur réserve. Entre deux parties de cartes, Eléonore a droit à son premier tatouage au henné. Ce n'est que sur le chemin du retour, en regardant les ombres des dromadaires s'étirer interminablement au soleil couchant, que nous comprenons le charme de cette journée: la tranquillité et le silence. Deux choses rarissimes en Inde.
Près de Bikaner, nous visitons aussi un temple infesté de rats avant de partir pour Jodhpur, la ville bleue (appellation qui ne prend d'ailleurs tout son sens qu'une fois en haut de la forteresse) où nous passons Noël à déguster une bouteille de Bordeaux ramenée par Eléonore, puis Udaipur et son magnifique palais de conte de fées au bord d'un lac.
 
Palais de maharaja d'Udaipur

Rajasthan, literally "land of the kings", is perhaps the most emblematic state of India with its deserts and palaces of maharajas. Tourists often skip the city of Bikaner in favour of Jaisalmer and its fort looking like a big sandcastle but still, Bikaner was our first stop in Rajasthan as it is closer to Delhi and it was impossible anyway to find three train tickets to Jaisalmer on short notice at this time of the year. A train journey in India is an adventure in itself. An adventure that begins well before departure, when booking tickets. Indian railway system, legacy of the British empire, is very efficient and allows to go almost everywhere inexpensively but with up to six different classes, many forms to fill and waiting lists, the booking system is still a mystery to us.
In Rajasthan, the cities we visited have common features: an imposing fort or palace overlooks the old town where things don't seem to have changed a lot in centuries. In the crowded streets, old mansions known as haveli, not always well preserved, remind of a glorious past. It must have been beautiful and although it was sometimes hard to overcome the disgust inspired by the lack of maintenance, the charm still worked.
Bikaner is a very pleasant city. The owner of the guesthouse where the three of us shared a room for 350 rupees (€5) was very helpful and and gave us a wealth of information about the city and the countryside. The desert was only a few kilometers away so we couldn't resist a camel ride. When we left in the morning, it was still cold and foggy and after one hour in a tuk-tuk, the famous three-wheeled vehicle open on both sides, we were freezing and started a fire with plastic trash to warm our hands. Later, gently warmed by the sun, we almost fell asleep on the back of our camels, walking at a slow pace. One of the camels was a young and wild one and had only one thing in mind: get rid of its burden - David - which made our small group laugh after each new attempt. The day out in the desert was a great experience and one of our best memories of India. We spent five hours sitting on blankets, sharing chai and a simple meal with our guides and Eléonore even got her first henna tattoo. It was only on the way back, while watching the endless shadows of our camels in the sunset light, that we eventually realised what made this day so special: silence and being away from the crowds. A luxury in India.
Near Bikaner, we also visited the rat temple before leaving for Jodhpur, the blue city (which you can only tell when you're looking down at it from the fort) where we spent Christmas with a good bottle of Bordeaux brought by Eléonore. Our last stop in Rajasthan was Udaipur and its fairytale castle on the lakeshore.

vendredi 13 janvier 2012

L'Inde du Nord, pour le meilleur et pour le pire

Après trois mois de voyage, nous savons bien que le passage à pied d'une frontière ne donne jamais une bonne première impression d'un pays. C'est toujours une zone assez chaotique, sale et délabrée. Il n'en ira pas autrement pour l'Inde et lorsque nous quittons le poste-frontière népalais de Sunauli, c'est une claque en pleine figure. C'est dégueulasse, ça pue et nous avons hâte d'atteindre notre prochaine étape. Mais cette fois, l'éloignement n'aide pas et la crasse et les odeurs vont nous suivre pendant un mois.
Après une longue journée de bus, nous voilà enfin à Varanasi (Bénarès), au bord du Gange, le fleuve sacré des hindous. C'est l'Inde des cartes postales. Pas celles du Taj Mahal ou des palais de maharajas mais celles de l'Inde mystérieuse et surpeuplée, avec sa complexité, les vaches qui déambulent dans les rues, les couleurs vives des saris, les enfants qui font du cerf-volant avec la morve au nez. C'est tout cela et bien plus encore que nous découvrons sur les bords du fleuve, émerveillés. Tous nos sens sont sollicités et la grisaille hivernale vient renforcer l'intensité du tableau. 
 
Bain matinal dans le fleuve sacré
Le long des sept kilomètres de ghats - ces marches qui descendent vers le fleuve - surchargés de temples et de palais, nous assistons au spectacle des bains rituels, des crémations, des jeux d'enfants, tout en essayant d'échapper aux rabatteurs, aux mendiants, aux masseurs, aux bateliers et autres vendeurs en tout genre. C'est chaque soir épuisés que nous retrouvons le confort précaire de notre chambre bon marché mais nous nous levons chaque jour avec l'envie d'en voir plus. 
 
Scène de rue à l'approche du principal ghat de crémation
Depuis Varanasi, nous entamons notre traversée de l'état le plus peuplé d'Inde, l'Uttar Pradesh pour rejoindre Delhi où nous retrouverons mi-décembre Eléonore, la plus jeune soeur de Pierre, qui vient passer trois semaines avec nous pour les fêtes de fin d'année. Un beau cadeau de Noël! En chemin, nous visitons Allahabad, fief de la famille Nehru, qui compte de magnifiques mausolés moghols - un avant-goût du Taj Mahal - et Lucknow, une grande ville étrangement agréable avec ses nombreux vestiges du règne des nababs et de la présence britannique. 
 
Tombeau moghol à Allahabad
Mais pour l'heure, le meilleur de l'Inde, c'est sans conteste sa cuisine et chaque soir, nous nous réconcilions avec le pays autour d'un délicieux repas. Que ce soit dans la rue pour quelques roupies ou dans les plus grands restaurants, la nourriture est excellente!

After three months on the road, we knew for sure that a border crossing on foot never gives a good first impression of a country. It is always a chaotic, dirty and dilapidated area. This was no different for India and when we left the Nepalese border post Sunauli, it was like a slap in the face. It was filthy, smelly and we couldn't wait to reach our next stop. But this time, the distance did not help and dirt and odors would follow us during one month.
After a long bus ride, we finally reached Varanasi (Benares), on the banks of the Ganges, the sacred river of the Hindus. Picture-postcard India. Not the India of Maharajas but mysterious and crowded India, with its complexity, cows wandering in the streets, bright colored saris and street children running kites. We were really amazed at what we discovered on the river banks. All our senses were stimulated and the scene was intensified by the thick fog. Along the seven kilometers of ghats - the steps leading down to the river - overloaded with temples and palaces, we enjoyed the spectacle of ritual baths, cremations, children's games, while trying to escape the touts, beggars, masseurs, boatmen and street vendors of all kinds. Every night we would go back exhausted to our cheap room but still, left with the desire to see more.
From Varanasi, we crossed the most populous state of India, Uttar Pradesh, to reach Delhi where we would meet Eleonore, Pierre's younger sister, who was about to spend three weeks with us on her Christmas holiday. A great Christmas gift for us! On the way to the capital city, we visited Allahabad, stronghold of the Nehru family, with magnificent Mughal mausoleums - a foretaste of the Taj Mahal - and Lucknow, a surprisingly pleasant big city with extensive remains of the Nawab and British periods. But the highlight was undoubtedly the Indian cuisine and we would reconcile every night with the country over a delicious meal. Whether in the street for a few rupees or in fancier restaurants, the food was just amazing!

Sur les traces du tigre du Bengale

Après un jour de repos bien mérité à Pokhara, nous partons pour le parc national de Chitwan, situé à la frontière indienne et l'un des derniers refuges pour les rhinocéros d'Asie et le mystérieux tigre du Bengale. La spécialité locale, c'est le safari à dos d'éléphant, mais avant de chevaucher le pachyderme, nous commençons par deux jours de marche à l'intérieur du parc. Ce qui semblait être une bonne idée pour s'enfoncer plus profondément dans la jungle et ainsi augmenter nos chances d'observer la vie sauvage s'avèrera vite être une grosse déception. Les autorités ayant en effet décidé d'étendre la piste à l'intérieur du parc, nous passerons la deuxième journée à marcher en compagnie d'une cinquantaine de tracteurs et remorques charriant du gravier!
 
Vue imprenable sur les tracteurs depuis une plateforme d'observation
Mais nous ne le savons pas encore quand nous nous partons avec nos guides. Sécurité oblige, ils sont deux mais armés de simples bâtons de bambou. Les consignes de sécurité ne sont pas très rassurantes mais il peut être utile de savoir quelle attitude adopter en cas de rencontre avec les trois animaux les plus dangereux. En cas de charge d'un rhinocéros, c'est chacun pour soi, il faut grimper à un arbre le plus vite possible ou à défaut courir en zig-zag pour tromper l'animal qui peut atteindre les 40 km/h. Face à un ours, il faut former un groupe compact et essayer d'effrayer l'animal en criant et en frappant le sol avec des bâtons. Inutile de courir ou de grimper à un arbre. Enfin, face au tigre, rien à faire mais l'animal est de toute façon particulièrement farouche et les rencontres rarissimes.
A l'aube, dans un brouillard épais et au milieu des hautes herbes, l'environnement semble encore plus hostile mais les moins rassurés sont bien nos guides qui se figent à chaque bruit suspect et grimpent aux arbres au premier signe de présence d'un rhino. Autant dire que nos guides ne seront pas d'une grande utilité pour traquer l'imposant animal mais nous en verrons malgré tout trois, à une distance plus que raisonnable. Une rencontre magique, qu'il est impossible d'immortaliser avec nos malheureux appareils numériques et leur zoom 4x. Nous n'apercevrons pas le fameux tigre mais ses traces sont nombreuses et quelques paons, daims, singes et crocodiles sont heureusement là pour rompre la monotonie de la marche. 
 
Eléphants dans la brume
Avant de partir pour l'Inde, nous tentons le safari à dos d'éléphant, vivement recommandé par de nombreux touristes qui ont ainsi pu voir des rhinocéros de près. Nous voilà donc partis sur le dos d'une vieille éléphante arthrytique qui renacle à la moindre descente. Vite semés par les autres élephants, nous nous retrouvons seuls dans la jungle. Et même si les rhinocéros ne sont pas au rendez-vous ce matin-là, la balade est incroyable. Malgré sa taille, l'éléphant marche à pas feutrés et ne fait pas un seul bruit. De plus, son odeur familière pour les autres animaux masque notre présence et nous permet de passer à quelques mètres seulement des mêmes animaux que nous avions aperçus de loin les jours précédents. Ils nous regardent avec curiosité mais semblent nous ignorer. Un moyen unique d'approcher la vie sauvage!
 
No comment!

After a well deserved day of rest in Pokhara, we headed to the Chitwan National Park, located near the Indian border and one of the last refuges for the Asian rhino and the elusive Bengal tiger. The big attraction there is the elephant safari but before riding one, we started with a two-day hike inside the park. What seemed to be a good idea to go deeper into the jungle and increase our chances to spot wildlife soon turned out to be a big disappointment. The park authorities had decided to extend the road network further inside the park so that we spent the second day walking next to tractors unloading gravel!
For safety reasons, we had two guides with us with no other weapon than a stick of bamboo. They gave us the safety instructions and let us know how to behave if we were to come across a dangerous animal. If being charged by a rhino, the best is to find a tree (and climb it) as soon as possible or to run in a zig-zag to confuse the animal which can reach a speed of 40 km/h. Faced with a bear, it is advised to form a compact group and try to scare the animal by shouting at him while hitting the ground with sticks. Finally, there's nothing to do against the mighty tiger but such encounters are pretty rare!
At dawn, in thick fog and surrounded by tall grass, the environment seemed even more hostile but our guides were even less reassured. They would stop at every suspicious noise and climb trees at the first sign of the presence of a rhino. In other words, they were not very useful for tracking this powerful animal but we eventually saw three of them at a more than reasonable distance. A magical encounter, though impossible to capture with our miserable digital cameras and 4x zooms. We didn't spot the famous tiger but its traces were everywhere and some peacocks, deers, monkeys and crocodiles were there to help break the monotony of the walk.
Before leaving for India, we surrendered to the odd elephant safari, highly recommended by many tourists who had been able to see rhinos up close. And so we departed on the back of an old arthritic elephant, who was reluctant to walk downhill. Soon left behind by the other elephants, we ended up alone in the jungle. And even if the rhinos did not show up that morning, the ride was incredible. Despite its size, the elephant walks softly and noiselessly. In addition, its smell is familiar to other animals and masked our presence, allowing us to pass just a few meters away from the same animals we had seen from afar in the previous days. They looked at us with curiosity but seemed to ignore us. A unique way to approach the wildlife!