"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

mardi 21 février 2012

Drôle de communisme

Sitôt débarqués à Ho Chi Minh Ville (prononcer Saigon) nous retrouvons Jacky, le père de Pierre, venu faire un bout de chemin avec nous pendant deux semaines au Vietnam. Nous sommes contents de le voir en pleine forme, malgré un long vol depuis la France, et savourant déjà le spectacle de la circulation infernale et des scènes de rue typiquement asiatiques depuis le taxi qui nous emmène à notre hôtel. Son enthousiasme est communicatif et même si nous sommes loin d'être blasés, nous ne réalisons pas toujours forcément la magie de chaque instant. Pour la deuxième (et dernière?) fois depuis notre départ, l'arrivée d'un compagnon de voyage chamboule - pour le meilleur - nos habitudes nomades et le rythme de notre périple. Si nous avions réussi à épuiser Eléonore en Inde du Nord, qu'en sera-t'il de Jacky après l'ambitieuse traversée du pays qui doit nous conduire en moins de quinze jours du delta du Mékong au sud à la baie d'Along au nord? Si nous connaissons un peu la cuisine vietnamienne par les nombreux restaurants présents en France, nous avons cependant une idée assez vague du pays et de la vie quotidienne, particulièrement depuis la fin de la guerre et la réunification du pays en 1975. Quant à Saigon, nous n'avons à vrai-dire qu'une vision assez romanesque de la ville coloniale d'Indochine des années 40-50. La métropole que nous découvrons au réveil est surprenante, débordante de vie et plus moderne qu'escompté, bien différente de nos images d'Epinal. Les traces de la présence française sont encore bien visibles: hôtel de ville, cathédrale, théâtre, poste et larges boulevards ombragés où se concentrent aujourd'hui de nombreux hôtels et boutiques de luxe.

Le drapeau vietnamien flotte sur la poste de Saigon
Pour trouver un Saigon un peu plus palpitant et authentique, il faut s'éloigner des belles avenues pour rejoindre le vieux quartier de Cholon qui regroupe une importante communauté de commerçants d'origine chinoise et toute l'animation qui va avec. En somme, même si le charme de Saigon se fait assez discret, ce qui saute aux yeux après cette première journée, c'est le dynamisme et la dignité du peuple vietnamien.
Mais pas de temps à perdre, nous partons déjà pour notre première excursion dans le delta du Mékong, plus au sud. Si tous les hôtels et agences de la ville proposent des visites à la journée, nous décidons de nous y rendre par nos propres moyens en espérant échapper aux foules. Arrivés sur les berges du fleuve après de longues heures de bus, nous nous laissons convaincre d'embarquer à trois sur un bateau pour découvrir le Mékong et les îles mais nous nous retrouvons bien vite sur les sentiers battus que nous pensions justement éviter. Sur les îles, un seul chemin pavé mène de boutique en restaurant. Rien ne nous est épargné: présentation d'artisanat, dégustation de produits locaux et même petit concert et danse folklorique. Illustration d'un tourisme de masse en terre communiste! Le circuit ne s'arrête pas là et nous avons droit à un petit tour en barque sur un canal dans un décor magnifique mais des dizaines d'embarcations chargées de touristes se suivent à la queue leu leu. 

Voyage sans efforts au fil de l'eau
Les chapeaux pointus sont même fournis pour la photo. C'est l'enfer du routard mais nous savourons quand même le paysage et la promenade au fil de l'eau. A notre retour à Saigon, nous découvrons amers que le tour organisé nous aurait coûté moins cher que notre vaine tentative d'y échapper. Mais il en faudrait plus pour nous dégoûter de l'aventure et nous retentons l'expérience dès le lendemain. Direction le village de Cu Chi et son immense réseau de tunnels qui ont permis aux Vietcong de résister à la puissante armée américaine. Si nous réussissons cette fois à éviter la foule, nous n'échappons pas à une bonne dose de propagande anti-américaine un peu rétro. Ce pays est décidément plein de surprises!  

Difficile de se faufiler dans ces tunnels quand on n'a pas le gabarit vietnamien!
 
As soon as we landed in Ho Chi Minh City (pronounced Saigon), we met Pierre's father, Jacky, who was going to spend two weeks with us in Vietnam. We were happy to see him in top form despite the long flight from France and already savoring the sight of bustling traffic and typical Asian street scenes from the cab that was taking us to our hotel. His enthusiasm was contagious. Even though we are far from being jaded, we do not always enjoy the magic of these moments. For the second (and last?) time since we left, the arrival of a travelling companion had turned upside down - for the best - our nomadic habits and the pace of our journey. Eléonore had come back exhausted after three weeks with us in North India so what would be of Jacky after the ambitious cross-country trip that was about to take us in less than fifteen days from the Mekong Delta in the south to Halong Bay in the north? We knew a little bit about the traditional cuisine thanks to the many Vietnamese restaurants in France but we only had a rough idea about the local culture and everyday life, particularly since the end of the war and the country's reunification in 1975. As for Saigon, we had this romantic vision of the colonial city in the 40s and 50s. The metropolis that we discovered the first morning was surprisingly full of life and more modern than expected, very different from our idealized images. Traces of the French presence are still visible: the city hall, cathedral, theater, post office and wide, shaded boulevards full of luxury shops and hotels. To find a somewhat more authentic and bustling Saigon, we had to get away from the beautiful avenues to reach the old district of Cholon known for its large Chinese merchant community and all the activity that goes with it. Saigon might not be the most charming Asian city but what we immediatly noticed was the dynamism and dignity of the Vietnamese people.
No time to lose and so we left for our first excursion in the Mekong Delta further south. All hotels and travel agencies were offering day tours but we decided - as usual - to go there on our own, hoping to escape the crowds. When we finally got to the river after a few hours on the bus, the three of us actually got persuaded to embark on a boat to discover the Mekong and the islands. We soon found ourselves on the beaten path, exactly what we wanted to avoid! On the islands, we only got to see shops and restaurants. Nothing was spared to entertain the tourist: presentation of craftwork, local products tasting and even small concert and folk dance. A good example of mass tourism in communist territory! But it did not end there and we were entitled to a canoe ride on a small canal. The setting was beautiful but dozens of boats full of tourists following each other in single file. Conical caps were even provided for taking pictures. When an independent adventure turns into a nightmare! But we still had fun and enjoyed a lot the scenery and the ride. Back in Saigon, we found out that it would have been cheaper to go on a tour! It certainly didn't refrain us from doing it again on our own the next day. We went to the small village of Cu Chi, home to a vast network of tunnels that allowed during the war the Vietcong to resist the powerful US Army. This time, we managed to avoid the crowds but could not get around a good dose of old-fashioned anti-American propaganda. This country is definitely full of surprises!

1 commentaire:

  1. "Pour la deuxième (et dernière?) fois depuis notre départ"...et non, raté, au moins une twin hall (1 2eme peut-etre si on fait le forcing) va se pointer! Bon par contre, David sera deja rentré. Soupir...
    Pierre, RDV a Singapour/en Malaisie!!
    Mélanie.

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