"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

mercredi 29 février 2012

Bienvenue chez les Hmong (et autres Dao)

Pas de doute, le Vietnam est une destination désormais éminemment touristique et la palme dans la catégorie revient de façon assez surprenante à Sapa, petite ville située dans les montagnes du Nord-Ouest. Certes, les voyageurs sont séduits par le trajet en train et les magnifiques paysages - notamment les très photogéniques rizières en terrasses - mais ce qui attire vraiment les foules à Sapa, c'est la possibilité de partir à la rencontre de certaines minorités ethniques du pays. L'expérience tient en réalité plus du safari chez les pauvres que de l'ethnologie et du coup, ça gâche un peu le séjour. Difficile de se représenter l'ancienne station climatique fondée par les Français car aujourd'hui, ce n'est qu'une succession de bars et restos branchés, hôtels et agences de voyages. Une bonne base en somme pour découvrir la région sans renoncer aux conforts modernes. Oui mais voilà, c'est sans compter les incessantes sollicitations des cortèges de femmes en tenue traditionnelle qui tentent de vendre diverses babioles et des moto-taxis qui guettent le touriste à chaque coin de rue. 

Petit attroupement autour d'un couple de touristes
Les "Siiiir, you buy something from me?" deviennent très rapidement insupportables même s'il faut bien reconnaître que les jeunes routards ne sont pas forcément leur cible privilégiée et puis, elles ont tout de même un côté assez malicieux et amusant, ces femmes Hmong ou Dao capables de soutenir une conversation en anglais (avec même parfois quelques mots en français) et elles savent aussi faire preuve d'auto-dérision. Ce qui est beaucoup plus dérangeant, c'est la conversion de certains villages en "zoos" avec droit d'entrée à payer, boutiques de souvenirs à profusion et l'impression désagréable d'être un voyeur parmi tant d'autres. Ajoutez à cela une bonne dose de propagande (par exemple, les taxes versées vont directement aux locaux ou tous les enfants vont à l'école) et vous obtenez un mélange franchement frustrant et dénué de toute authenticité, pourtant la promesse de base, le côté vendeur.

Femme hmong et guide pour quelques heures
Ceci dit, comme partout ailleurs, il est possible et assez facile même, de prendre un peu de recul et de sortir des sentiers battus. Pas de solution miracle, il faut bien évidemment éviter les agences comme la peste, prendre une femme locale comme guide en cas de besoin (au moins, on sait où va l'argent) et puis marcher, marcher et encore marcher! C'est seulement à ce moment là qu'on peut réellement profiter des superbes vues sur les Alpes Tonkinoises et les fameuses terrasses façonnées par l'homme (enfin, plutôt par la femme en l'occurrence!).

Les célèbres rizières en terrasses de Sapa

No doubt that Vietnam has now become an eminently tourist destination and the award in this category goes - surprisingly enough - to Sapa, a small town located in the Northwest mountains. Of course, travelers are attracted by the train ride and beautiful scenery - including the very photogenic rice terraces - but what really draws the crowds there is the opportunity to meet some of the ethnic minorities present in the country. The experience is actually more of a safari among the poor than ethnology and it kind of spoils the whole fun. Difficult to imagine what the old hill station established by the French was like because today, it is no more than a succession of trendy bars and restaurants, hotels and travel agencies. A good base in fact to explore the area without giving up modern comforts. But that's not counting with the procession of persistant local women dressed in traditional costume trying to sell handicrafts and motorbike taxis waiting for tourists at every street corner. The "Siiiir, you buy something from me?" soon becomes unbearable although we have to admit that young backpackers are not necessarily their main target and these women are quite smart and funny in a way. They had to learn English from scratch, sometimes know a few words of French and even use self-mockery. 
What is far more disturbing is the fact that some villages have been turned into "zoos" with an entry fee to pay, a plethora of souvenir shops and the unpleasant feeling of being a voyeur among many others. Add to that a good dose of propaganda (for example, collected fees supposedly go to locals or all children go to school) and you get a mixture that is truly frustrating and devoid of any authenticity, yet the so-called drawcard. That being said, as usual, it is possible and even easy enough to stand back a bit from things and go off the beaten path. For that, obviously, you have to avoid agencies like the plague, take a local woman as a guide when needed (this way, at least, you know where the money goes) and then, you have to walk, walk and walk! Only then can you really enjoy the stunning views of the Tonkinese Alps and the famous terraces shaped by men (well, most probably by women in this case!).

lundi 27 février 2012

Pains de sucre sur une mer d´huile

Si le nom de Saigon est plus évocateur et invite au voyage, nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre en atterrissant à Hanoi. Un Vietnamien du Sud nous avait dépeint une capitale administrative austère et arriérée, fortement marquée par le communisme. Mais nous ne verrons rien de tout cela et en cette première journée, nous découvrons une ville où la modernité a bel et bien su trouver sa place sans trop altérer le patrimoine historique: le vieux centre a peu changé avec ses rues étroites où se côtoient une trentaine de corporations dans d'anciennes bâtisses à un ou deux étages. On est loin des cités du Moyen-Âge avec forgerons et tanneurs mais l'esprit est resté et il y a la rue du papier, celle du poisson séché, celle des accessoires pour bébés, celle du bambou et bien d'autres encore. 

Rue du bambou dans le vieux Hanoi
Les nombreux lacs qui parsèment Hanoi ajoutent une touche d'humanité et c'est l'endroit préféré des Vietnamiens pour leurs exercices matinaux et pour paresser en famille en dégustant une glace, sans oublier les nombreux couples de jeunes mariés qui viennent s'y faire tirer le portrait. Pour l'heure, nous ne verrons pas grand chose de plus car c'est lundi et tous les monuments et musées de la ville sont fermés. Nous en profitons donc pour organiser notre visite de la baie d'Along. Après nos déboires dans le delta du Mékong, nous décidons cette fois de choisir à quelle sauce nous allons être mangés! Parmi les nombreux tours proposés, nous optons pour une excursion de deux jours avec une nuit sur un bateau dans la catégorie intermédiaire.

Fin d'après-midi ensoleillée et paisible dans la baie d'Along
Encore un peu sceptiques dans le bus qui nous conduit de notre hôtel à l'embarcadère de Ha Long City, il nous faudra finalement bien peu de temps pour apprécier d'être pris en mains. Notre guide est un peu caricaturale mais elle est à mourir de rire - on soupçonne d'ailleurs les Vietnamiennes de parodier leur accent pour nous faire sourire à chaque phrase - et puis il n'y a que treize autres touristes à bord et tous sont de très bonne compagnie! Eux aussi sont un peu des caricatures d'eux-mêmes: des Toulousains bien franchouillards, un couple gay américain très bavard, une jeune Chinoise bien discrète, un Irlandais blafard qui boit la bière locale comme de l'eau, etc. En quittant le port de Ha Long, le temps est gris et nous sommes saisis par la multitude de rochers calcaires chargés de végétation dont la silhouette se découpe dans le brouillard. Et plus tard, sous un franc ciel bleu, le spectacle est tout simplement grandiose. Nous avons perdu de vue les autres bateaux et pouvons admirer en silence le coucher de soleil sur ce paysage surréel. 

Inoubliable coucher de soleil depuis le bateau!

Saigon definitely was more evocative to us than Hanoi, the kind of place that invites to travel, and we did not really know what to expect when we landed in the capital city. A South Vietnamese had depicted it as dull and strongly influenced by communism. But we saw none of this and in fact, as we discovered on the first day, it's a city where modernity has found its place without much altering the historical heritage: the old center has changed little in centuries with its narrow streets concentrating more than thirty corporations in one or two-storey buildings. This is obviously not a medieval city anymore, with blacksmiths and tanners, but the spirit has remained the same as there is one dedicated street for each kind of goods e.g. paper, dried fish, accessories for babies, bamboo and many more. The many lakes in Hanoi add a touch of humanity and are a favorite place of Vietnamese for their morning exercise, ice cream and a stroll with family, not to mention for the newlywed couples posing for pictures. We didn't get to see much more that day because it was Monday and all the monuments and museums were closed. So we used the opportunity to arrange a tour to Halong Bay. After our previous experience in the Mekong delta, we decided that this time we would choose the way we wanted to do it! Among the many options, we opted for a two-day cruise with night on the boat in the middle price category.
Still a bit skeptical on the bus taking us from our hotel to the pier in Ha Long City, it did not take us long though to enjoy being taken care of. Our tour guide was a bit of a caricature but she was very funny - we sometimes still suspect Vietnamese women to parody their own accent for us to smile at every sentence - and then there were only thirteen other tourists on board and all of them were very good company! They too were caricatures of themselves: typical French people, a very talkative American gay couple, a young, shy Chinese girl, a pale Irishman who drank beer like water, etc. When we left the port, the weather was gray and we were amazed by the multitude of limestone rock formations, covered with vegetation, with their silhouette emerging through the fog. And later, it looked even more magnificent under blue sky. We lost sight of the other boats and were able to admire the sunset over the surreal landscape in a complete silence.

samedi 25 février 2012

Sur la rivière des Parfums

Sur la route entre Hoi An et Huê, il suffira d'un simple tunnel pour passer de la chaleur tropicale du sud à la fraîcheur humide du nord. Et c'est sous la grisaille que nous allons découvrir l'ancienne cité impériale. On en viendrait presque à se demander pourquoi c'est précisément ici que les derniers empereurs vietnamiens ont choisi de résider mais le temps sied après tout parfaitement au site: le gris du ciel répond au gris des épais remparts et se reflète dans les douves qui en protègent l'accès. L'immensité du complexe est saisissante avec ses dix kilomètres de circonférence mais les quelques bâtiments sauvés de la destruction peinent à faire justice à la grandeur passée des lieux. 

L'impressionnante entrée principale de la cité Impériale
Si de nombreux palais ont été engloutis à jamais par la guerre, ceux qui ont traversé le temps ont été restaurés et aménagés avec soin pour nous faire entrevoir les fastes de la cour. Nous aurions pu en rester là et poursuivre notre route vers le nord mais nous nous sentons étrangement bien à Huê et nous décidons d'y passer quelques jours. La ville abrite par ailleurs un marché très animé ainsi que de nombreux temples, pagodes et tombeaux construits par les empereurs Nguyên qui se sont succédés à la tête du pays jusqu'en 1945. 

Elégance vietnamienne
Nous sommes également fascinés par la fameuse rivière des Parfums qui sépare la vieille ville de la cité moderne. En guise de rivière, c'est un fleuve immense qui charrit une eau brunâtre mais il agréable de flâner sur les berges malgré les incessantes sollicitations des vendeuses et des bateliers, auxquels nous cédons finalement. Après d'âpres négociations, nous embarquons pour une balade d'une heure. Rien de spécial à voir depuis le bateau mais nous savourons en silence ce moment de sérénité. 

Petite balade sur la rivière des Parfums
La ville est cependant loin d'être ennuyeuse et les occasions de franches rigolades ne manquent pas. En cherchant un petit resto tenu par des sourds et muets et recommandé par notre guide, nous nous trompons et atterrissons dans la gargote voisine. Nous ne nous en apercevons que le lendemain en découvrant que trois enseignes adjacentes revendiquent en réalité les éloges des guides de voyage et toutes se prêtent au petit jeu du sourd et muet. Nous en essaierons finalement deux en tentant de démasquer les imposteurs, mais en vain. Les Vietnamiens n'ont pas fini de nous surprendre!  


On our way to Hue, we passed through a tunnel and it was like a boundary separating two different climates. The tropical heat of Hoi An gave place to a moist, cool weather in the most brutal way. Grey remained the dominant color of the sky during our stay in the old imperial city. We couldn't help but wonder why the last Vietnamese emperors had decided to establish their capital there but the weather after all perfectly suits this place: the grey of the sky matches the grey of the thick walls surrounding the area and is reflected in the moats. The immensity of the Citadel complex is striking with a perimeter of ten kilometers but the few old buildings saved from destruction barely do justice to the former grandeur of the place. While many palaces were destroyed forever by the war, those who have survived have been beautifully restored and furnished with care for us to catch a glimpse of the splendor of the imperial court. We could have left after that and continued our way north but we kind of liked Hue and decided to stay a few more days. The city also boasts a lively market and many temples, pagodas and tombs built by the Nguyên emperors who ruled the country until 1945.
We were fascinated by the famous Perfume River which separates old and new Hue. It is not quite as romantic as it sounds as it is actually brownish water but the river bank was still a nice enough place for a stroll despite the touts. After some tough haggling, we embarked on a boat ride. There was nothing special to see but we did enjoy the moment and silence. The city was far from boring and provided lots of opportunities for good laughs. While searching for a small restaurant run by deaf and dumb staff and recommended by our guidebook, we got it wrong and landed in a nearby cheap eatery. We realized the mistake the following day and found out that there were actually three adjacent restaurants pretending to be the one and only praised by travel guides, all playing the deaf and dumb card. We did not manage to identify the original one! The Vietnamese really are full of surprises!

vendredi 24 février 2012

Dégât des os

Après seulement trois jours dans le sud, c'est parti pour la traversée express du long pays qui aurait, paraît-il, la forme d'un dragon. Pour nous épargner de très longues heures de bus ou de train et pour seulement quelques euros de plus, nous rallions par avion le centre du Vietnam et en l'occurrence, la vieille ville de Hoi An. Autrefois prospère grâce au commerce maritime, la cité s'est endormie suite à l'ensablement de la rivière avant de renaître comme une destination touristique prisée avec l'ouverture du pays dans les années 90. Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle compte une centaine de demeures traditionnelles mêlant les styles chinois, japonais et vietnamien. Tout a été rénové avec soin pour accueillir la manne touristique. Les maisons en bois à un seul étage et aux lourds toits de tuiles émaillées en imposent le long des ruelles étroites. 

Ballet des touristes en cyclo-pousse dans les ruelles de Hoi An
A l'intérieur, les habitants ont cédé la place aux commerçants, en particulier aux tailleurs, et nombreux sont ceux qui viennent à Hoi An pour se faire confectionner des vêtements sur mesure à des prix imbattables. Si certains bâtiments sont ouverts au public, la visite s'achève immanquablement dans une pièce encombrée de bibelots à vendre. Le manque d'authenticité est assez pesant dans cette ville-musée mais il est agréable de se promener le long de la rivière et de traverser le joli pont japonais qui relie les anciens quartiers chinois et nippon. Et après Saigon, le contraste est saisissant: le calme règne et David peut enfin traverser la rue sans craindre de se faire écraser! Une bonne base en somme pour découvrir les environs. A commencer par le site archéologique de My son et ses vestiges du royaume de Champa, de culture hindouiste, qui contrôla le centre du Vietnam pendant des siècles. Nous nous frayons un chemin parmi la masse compacte des touristes pour admirer quelques temples en ruines dédiés aux divinités hindous qui nous sont désormais bien familières. Ce patrimoine historique n'a cependant pas été épargné par les bombardements américains et la visite est plutôt rapide. 

Au coeur des ruines de My Son
Sur le chemin du retour, David fait une mauvaise chute. Ça tombe bien, nous avons un médecin avec nous et le verdict de Jacky tombe: quelques égratignures et la clavicule gauche cassée. Diagnostic confirmé après une radio faite à l'hôpital de Hoi An et voilà les épaules de David qui disparaissent pour quatre semaines dans deux anneaux de mousse pour les immobiliser complètement. Heureusement pas de quoi changer les plans pour la suite du voyage et nous partons le lendemain pour la plage toute proche, large étendue de sable fin bordée de cocotiers. Rien de tel pour se remettre des frayeurs de la veille!   
 
Pas de doute, c'est cassé!

After only three days in the South, we started our express journey across the long dragon-shaped country. To avoid sitting on a bus or train for long hours and for only a few euros more, we flew to central Vietnam and headed to the old town of Hoi An. Once a prosperous trading port, the city lost its statut due to silting up of the river mouth before being reborn as a popular tourist attraction after the opening of the country in the 90s. Listed as a UNESCO World Heritage Site, it has more than hundred traditional buildings that display a blend of Chinese, Japanese and Vietnamese influences. Everything has been carefully renovated to accommodate the tourist business. On both sides of the narrow streets, wooden one-storey houses have their roof covered with enameled tiles: quite an imposing sight for the visitor. Most of them are now restaurants or shops, especially tailor shops as many people come to Hoi An to get clothes custom-made at unbeatable prices. While some of the historical buildings are open to the public, the visit inevitably ends with the odd souvenir stall. The lack of authenticity was pretty much unbearable in this open air museum but it was nice though to walk along the river and cross the beautiful bridge that used to connect the Japanese and Chinese medieval areas. And after Saigon, the contrast was striking: it was so quiet and David could even cross the street without fear of getting hit! In other words, a good base for exploring the surroundings. Starting with the archaeological site of My Son and its vestiges of the Champa kingdom, of Hindu culture, that used to rule Central Vietnam for centuries. We made our way through the tourist masses to admire some ruined temples dedicated to Hindu deities which were now well familiar to us. But this cultural heritage was heavily damaged by the US bombings so the visit did not take long.
On the way back, David had a bad fall. Luckily, we had a doctor with us and Jacky's verdict fell: a few scratches and a broken (left) collarbone. The diagnosis was confirmed after an x-ray done at the hospital in Hoi An. David would now have to wear a brace that wraps around the shoulders to keep them back, and this during four weeks. Fortunately, nothing that would require a change of plans for the rest of the trip. The next day, we went to the nearby beach, wide stretch of sand lined with coconut trees, to recover from the shock of the accident!

mardi 21 février 2012

Drôle de communisme

Sitôt débarqués à Ho Chi Minh Ville (prononcer Saigon) nous retrouvons Jacky, le père de Pierre, venu faire un bout de chemin avec nous pendant deux semaines au Vietnam. Nous sommes contents de le voir en pleine forme, malgré un long vol depuis la France, et savourant déjà le spectacle de la circulation infernale et des scènes de rue typiquement asiatiques depuis le taxi qui nous emmène à notre hôtel. Son enthousiasme est communicatif et même si nous sommes loin d'être blasés, nous ne réalisons pas toujours forcément la magie de chaque instant. Pour la deuxième (et dernière?) fois depuis notre départ, l'arrivée d'un compagnon de voyage chamboule - pour le meilleur - nos habitudes nomades et le rythme de notre périple. Si nous avions réussi à épuiser Eléonore en Inde du Nord, qu'en sera-t'il de Jacky après l'ambitieuse traversée du pays qui doit nous conduire en moins de quinze jours du delta du Mékong au sud à la baie d'Along au nord? Si nous connaissons un peu la cuisine vietnamienne par les nombreux restaurants présents en France, nous avons cependant une idée assez vague du pays et de la vie quotidienne, particulièrement depuis la fin de la guerre et la réunification du pays en 1975. Quant à Saigon, nous n'avons à vrai-dire qu'une vision assez romanesque de la ville coloniale d'Indochine des années 40-50. La métropole que nous découvrons au réveil est surprenante, débordante de vie et plus moderne qu'escompté, bien différente de nos images d'Epinal. Les traces de la présence française sont encore bien visibles: hôtel de ville, cathédrale, théâtre, poste et larges boulevards ombragés où se concentrent aujourd'hui de nombreux hôtels et boutiques de luxe.

Le drapeau vietnamien flotte sur la poste de Saigon
Pour trouver un Saigon un peu plus palpitant et authentique, il faut s'éloigner des belles avenues pour rejoindre le vieux quartier de Cholon qui regroupe une importante communauté de commerçants d'origine chinoise et toute l'animation qui va avec. En somme, même si le charme de Saigon se fait assez discret, ce qui saute aux yeux après cette première journée, c'est le dynamisme et la dignité du peuple vietnamien.
Mais pas de temps à perdre, nous partons déjà pour notre première excursion dans le delta du Mékong, plus au sud. Si tous les hôtels et agences de la ville proposent des visites à la journée, nous décidons de nous y rendre par nos propres moyens en espérant échapper aux foules. Arrivés sur les berges du fleuve après de longues heures de bus, nous nous laissons convaincre d'embarquer à trois sur un bateau pour découvrir le Mékong et les îles mais nous nous retrouvons bien vite sur les sentiers battus que nous pensions justement éviter. Sur les îles, un seul chemin pavé mène de boutique en restaurant. Rien ne nous est épargné: présentation d'artisanat, dégustation de produits locaux et même petit concert et danse folklorique. Illustration d'un tourisme de masse en terre communiste! Le circuit ne s'arrête pas là et nous avons droit à un petit tour en barque sur un canal dans un décor magnifique mais des dizaines d'embarcations chargées de touristes se suivent à la queue leu leu. 

Voyage sans efforts au fil de l'eau
Les chapeaux pointus sont même fournis pour la photo. C'est l'enfer du routard mais nous savourons quand même le paysage et la promenade au fil de l'eau. A notre retour à Saigon, nous découvrons amers que le tour organisé nous aurait coûté moins cher que notre vaine tentative d'y échapper. Mais il en faudrait plus pour nous dégoûter de l'aventure et nous retentons l'expérience dès le lendemain. Direction le village de Cu Chi et son immense réseau de tunnels qui ont permis aux Vietcong de résister à la puissante armée américaine. Si nous réussissons cette fois à éviter la foule, nous n'échappons pas à une bonne dose de propagande anti-américaine un peu rétro. Ce pays est décidément plein de surprises!  

Difficile de se faufiler dans ces tunnels quand on n'a pas le gabarit vietnamien!
 
As soon as we landed in Ho Chi Minh City (pronounced Saigon), we met Pierre's father, Jacky, who was going to spend two weeks with us in Vietnam. We were happy to see him in top form despite the long flight from France and already savoring the sight of bustling traffic and typical Asian street scenes from the cab that was taking us to our hotel. His enthusiasm was contagious. Even though we are far from being jaded, we do not always enjoy the magic of these moments. For the second (and last?) time since we left, the arrival of a travelling companion had turned upside down - for the best - our nomadic habits and the pace of our journey. Eléonore had come back exhausted after three weeks with us in North India so what would be of Jacky after the ambitious cross-country trip that was about to take us in less than fifteen days from the Mekong Delta in the south to Halong Bay in the north? We knew a little bit about the traditional cuisine thanks to the many Vietnamese restaurants in France but we only had a rough idea about the local culture and everyday life, particularly since the end of the war and the country's reunification in 1975. As for Saigon, we had this romantic vision of the colonial city in the 40s and 50s. The metropolis that we discovered the first morning was surprisingly full of life and more modern than expected, very different from our idealized images. Traces of the French presence are still visible: the city hall, cathedral, theater, post office and wide, shaded boulevards full of luxury shops and hotels. To find a somewhat more authentic and bustling Saigon, we had to get away from the beautiful avenues to reach the old district of Cholon known for its large Chinese merchant community and all the activity that goes with it. Saigon might not be the most charming Asian city but what we immediatly noticed was the dynamism and dignity of the Vietnamese people.
No time to lose and so we left for our first excursion in the Mekong Delta further south. All hotels and travel agencies were offering day tours but we decided - as usual - to go there on our own, hoping to escape the crowds. When we finally got to the river after a few hours on the bus, the three of us actually got persuaded to embark on a boat to discover the Mekong and the islands. We soon found ourselves on the beaten path, exactly what we wanted to avoid! On the islands, we only got to see shops and restaurants. Nothing was spared to entertain the tourist: presentation of craftwork, local products tasting and even small concert and folk dance. A good example of mass tourism in communist territory! But it did not end there and we were entitled to a canoe ride on a small canal. The setting was beautiful but dozens of boats full of tourists following each other in single file. Conical caps were even provided for taking pictures. When an independent adventure turns into a nightmare! But we still had fun and enjoyed a lot the scenery and the ride. Back in Saigon, we found out that it would have been cheaper to go on a tour! It certainly didn't refrain us from doing it again on our own the next day. We went to the small village of Cu Chi, home to a vast network of tunnels that allowed during the war the Vietcong to resist the powerful US Army. This time, we managed to avoid the crowds but could not get around a good dose of old-fashioned anti-American propaganda. This country is definitely full of surprises!

lundi 20 février 2012

Dans la jungle urbaine

Kuala Lumpur est une étape incontournable en Asie du sud-est pour de nombreux voyageurs généralement en transit. De même que nous avions tourné la page africaine aux Emirats, ces quatre jours dans la capitale malaise marquent la fin de notre périple sur le sous-continent indien. Kuala Lumpur est à l'image de Dubai une ville multiculturelle et ultra-moderne, transition parfaite entre deux univers. La Malaisie a toujours été un carrefour commercial important sur les routes maritimes reliant la Chine au reste du monde, via l'Inde et le Moyen-Orient. De cette longue histoire, le pays a conservé l'islam, apporté par les marchands arabes et une population très hétérogène avec environ 23% de chinois et 7% d'indiens. 

Bougies et encens dans un temple chinois
Cette diversité, qui fait son charme, se retrouve en premier lieu dans les assiettes et nous faisons en quelques jours un tour d'horizon de la cuisine asiatique. La nourriture est présente à chaque coin de rue et nous avons envie de goûter à tout. Nous tournons définitivement le dos au riz blanc et currys qui nous ont été servis sous leurs différentes formes au cours des trois derniers mois: le dal baat népalais, simple et nourrissant, parfait pour les longues journées de marche, le thali indien, plus raffiné et infiniment riche en couleurs et en saveurs et enfin, le rice & curry sri-lankais, horriblement épicé où le chili tente de faire oublier la fadeur du plat. Place aux soupes, nouilles en tout genre et à une multitude de légumes cuits simplement. Et toujours le riz, bien sûr, dont nous n'arrivons déjà plus à nous passer. 

On trouve de tout sur les marchés de Chinatown!
Entre deux repas, rien de mieux que de flâner pour découvrir la ville. Si Kuala Lumpur a été fondée seulement à la fin du dix-neuvième siècle par des mineurs chinois, elle en conserve cependant une vraie richesse architecturale mêlant vieilles maisons chinoises, temples hindous, bâtiments administratifs hérités des colons britanniques et une multitude de constructions modernes à l'image des fameuses tours jumelles Petronas. La capitale s'est donné les moyens de ses ambitions, cela se voit, et pour le touriste, cela se traduit par de beaux musées flambant neufs, d'immenses centres commerciaux climatisés à outrance et des attractions pour tous les goûts. Nous apprécions particulièrement les collections du musée d'art islamique et la visite guidée en français du musée national. 

Les tours Petronas, encore plus impressionnantes de nuit
Au milieu de tout ce béton, il y a quand même quelques espaces de verdure et, chose plutôt rare pour une capitale de cette envergure, de la jungle. On se croirait presque à Bornéo sur les quelques sentiers de rando infestés de moustiques ou au coeur de l'immense volière du Bird Park. Si le prix de l'entrée est un peu excessif, nous ne regrettons pas la séance photos avec quelques beaux spécimens. En somme, nous avons adoré le côté jungle urbaine de Kuala Lumpur, au propre comme au figuré! 


Kuala Lumpur is an unavoidable stopover in South East Asia and we knew that at some point we were going to spend some time there. Dubai had concluded our African adventure and the capital of Malaysia marked in the same way the end of our journey across the Indian Subcontinent. Like Dubai, Kuala Lumpur is an ultra-modern multicultural metropolis and a perfect transition between two worlds. Malaysia has always been at the crossroads of important trade routes linking China to the rest of the world via India and the Middle East. From this long history, the country has retained Islam, brought by Arab traders, and a very heterogeneous population with approximately 23% ethnic Chinese and 7% Indians. A very good example of this diversity can be found in the local cuisine and within a few days, we sampled a wide range of Asian dishes. Food was present on every street corner and it was difficult to make a choice! No more rice and curries, the staple food that we had been served in a variety of ways over the last three months: the Nepali Dal Baat first, hearty and filling, then the Indian Thali, more elaborate, full-flavored and colored and finally the Sri Lankan rice and curry dish, usually very spicy, that might otherwise be considered bland. In Kuala Lumpur, it was all about soups, noodles and loads of cooked vegetables. And rice of course. There has to be some on the table!
Between meals, nothing better than a stroll to explore the city. Kuala Lumpur was founded in the late nineteenth century by Chinese settlers but it is architecturally impressive nevertheless. It combines old Chinese houses, Hindu temples, British colonial architecture and lots of modern buildings like the famous Petronas Twin Towers. Kuala Lumpur's ambition to become a tourism destination means that you can find brand new museums, huge air-con shopping malls and many attractions for all tastes. We especially liked the collections of the Islamic Arts Museum and the guided tour at the National Museum. But amidst all that concrete, there are still some green spaces and even - a rare thing for a city of this size - jungle. It felt a little bit like being in Borneo when we were hiking the mosquito-infested trails or visiting the Bird Park. It was a bit expensive but fun though posing for the picture with some of the birds. In short, we loved the urban jungle of KL, both literally and figuratively!

Le voyage entre parenthèses

Après l'Afrique, le Népal et l'Inde, les deux premières semaines au Sri Lanka avaient déjà un petit goût de vacances mais en arrivant sur la côte sud, nous mettons temporairement le voyage entre parenthèses. Nous avions entendu tout et n'importe quoi sur les plages: trop touristiques, trop chères, décadentes. Tout un programme... On nous avait toutefois présenté la petite ville de Tangalle comme une destination plus tranquille et abordable. Et en effet, nous ne sommes pas déçus, le calme est au rendez-vous et les longues étendues de sable presque désertes. Le cadre est agréable sans être exceptionnel et après deux jours sur place, nous sommes bien reposés mais déjà l'ennui nous guette. Il est temps de reprendre la route! Nous posons nos sacs un peu plus à l'ouest, à Mirissa, où la plage est nettement plus bétonnée mais aussi plus animée. Encore une fois, pas grand chose à faire sur place si ce n'est siroter quelques cocktails en soirée et déguster de délicieux poissons grillés les pieds dans le sable. 

La plage de Mirissa, un cadre idyllique pour quelques jours de repos
Toujours en quête d'un semblant d'activité, nous continuons notre route jusqu'à Unawatuna. Les touristes ne manquent pas en cette saison et la plage est par endroits quasi inexistante tant les habitations n'en finissent pas d'avancer vers la mer. Malgré tout, c'est l'endroit rêvé pour passer nos derniers jours au Sri Lanka et puis, il y a quelques sites de plongée et la vieille ville classée de Galle à proximité. Le programme est donc tout trouvé! Nous sommes contents de trouver une alternative à la plage même si la météo n'est pas très favorable à la plongée: un vent contraire a soufflé fort et la visibilité est mauvaise. La première plongée est un désastre: personnel incompétent, site médiocre et visibilité de quelques mètres seulement. L'envie nous en passerait presque de replonger mais nous retentons quand même l'expérience avec un autre club pour aller explorer une épave au large du port de Galle. Une première pour David qui n'est pas près d'oublier le spectacle du bateau qui gît par trente mètres de fond et la multitude de poissons qu'il abrite. 

David au-dessus de l'épave du Rangoon
Nous partons aussi à la journée découvrir Galle, sous une chaleur accablante. La vieille ville qui a vu se succéder les colons portugais, hollandais puis britanniques est magnifiquement conservée. Grâce à ses épais remparts, elle a été relativement épargnée lors du tsunami de 2004 qui a dévasté une bonne partie du littoral. 

Rempart et bastion du vieux fort de Galle
A Unawatuna, nous retrouvons par hasard Béatrice et Henri, un couple de français rencontré à Haputale. Nous sommes ravis de les revoir et d'échanger nos impressions du Sri Lanka autour d'un bon repas et d'une bière bien fraîche. Pour eux, l'aventure continue dans quelques jours en Inde. Pour nous, c'est bientôt le départ pour Kuala Lumpur, puis le Vietnam. Le voyage va enfin pouvoir reprendre!

After Africa, Nepal and India, the first two weeks in Sri Lanka almost felt like a holiday but when we arrived on the south coast, we literally put aside traveling for a while. We had heard all sorts of things about the beaches: too touristy, too expensive, decadent. Not very appealing! However, we were told that the small town of  Tangalle was a cheaper and more laid-back destination and indeed we were not disappointed. It was very quiet down there and the long sandy beaches were almost deserted. A nice place, even though not exceptional and after two days, we were well-rested and ready to hit the road again. We moved just a little further west and landed in Mirissa, which has a lively but far more built-up beach. Once again, there was not much to do there except sipping a few cocktails in the evening and sampling the local seafood with the feet in the sand. Still looking for some sort of activity, we then continued our journey to Unawatuna. It was high tourist season and the beach was almost non-existent in some places as the buildings were so close to the water. Despite that, it was the perfect place to spend our last days in Sri Lanka and then, there were a few dive sites and the UNESCO-listed old town of Galle in the vicinity. Enough to keep us busy for a few days!
It was a nice change from the beach although the diving conditions were not so good because strong winds had reduced visibility. The first dive was a disaster: incompetent staff, lack of fish and poor visibility. We decided to give it another try - needless to say, with another dive center - and explored a shipwreck off the harbour of Galle. It was David's first wreck dive who will not soon forget the sight of the wreck lying in 30m of water with lots of fish around it. We also made a day trip to Galle in the unbearable heat. The old town has witnessed a succession of Portuguese, Dutch and British settlers and it is beautifully preserved. Thanks to its thick walls, it was relatively spared from the 2004 tsunami that devastated much of the coastline. In Unawatuna, we ran into Beatrice and Henri, a young French couple we had met in Haputale. It was good to see them again and share our impressions of Sri Lanka over a good meal and a cool beer. They were going back to India a few days later and we were about to leave for South East Asia and get back into our travel routine!