"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

samedi 30 juin 2012

Une simple bouffée d'air

La petite île de Siquijor, au large de Dumaguete, incarnait pour nous la promesse de plages secrètes et préservées. Dès la traversée en ferry, nous n'en croyons pas nos yeux: nous n'avons encore jamais vu une eau aussi claire et les teintes turquoises sont tout simplement irrésistibles. Nous avons envie de nous mettre à l'eau, juste là, dans le port un peu négligé où nous débarquons mais déjà, les impatients chauffeurs de tricycles s'agitent pour nous conduire à notre destination finale, un petit village de la côte ouest, idéalement situé donc pour profiter des couchers de soleil. Il n'y a pas d'autres clients dans notre petite pension familiale et nous réalisons d'ailleurs bien vite que nous sommes quasiment les seuls touristes sur toute la côte. 

Dure journée sur l'île de Siquijor!
A force de chercher le calme, nous l'avons trouvé et nous nous sentons presque seuls à l'heure de boire notre Cuba Libre dans un bar désert face au soleil couchant. Les plages de l'ouest étant encombrées de déchets végétaux ramenés par le vent et les courants, nous partons à la découverte du reste de l'île en scooter, à la recherche de sable blanc et qui sait, peut-être aussi de touristes. Nous ne tardons pas à trouver une eau qui invite à la baignade et même par endroits quelques locaux qui nagent tout habillés. Après soixante-quinze kilomètres de conduite détendue dans un cadre on ne peut plus rural et bucolique (poules, cochons et églises au rendez-vous), nous voilà déjà à San Juan, à quelques minutes de notre point de départ. Un petit détour par les sources thermales en plein milieu du village et il est temps de rentrer pour l'Happy Hour! 

Retrouvailles avec le scooter
Nous resterions bien encore quelques jours mais nous sommes attendus à Moalboal, sur l'île voisine de Cebu. Rendez-vous a été pris quelques semaines auparavant pour tenter l'expérience de la plongée en apnée lors d'un cours de deux jours organisé par un ami autrichien du recordman Herbert Nitsch. Nous sommes donc en confiance, d'autant que nous ne sommes que quatre à suivre la formation, avec deux Taiwanais. Une petite matinée de théorie et nous voilà bien vite dans la piscine pour les premiers exercices d'apnée statique. Après seulement quelques minutes de relaxation (à la recherche du fameux silence intérieur) et de respiration par le ventre, nous sommes capables de tenir notre respiration pendant trois minutes! Nous sommes encore loin du record mondial de plus de onze minutes mais il est impressionnant de voir ce que peut accomplir le corps humain avec un peu d'entraînement. L'après-midi est consacrée à l'immersion libre. En pleine mer, nous descendons le long d'une corde attachée à une bouée. Ce n'est pas encore le Grand Bleu mais les sensations sont incroyables et nous sommes contents d'atteindre quinze mètres dès le premier jour. Pas d'exploit au programme de la deuxième journée, juste quelques rappels de sécurité et une sortie d'apnée-détente au milieu des poissons autour de l'île minuscule de Pescador. Avant de repartir et pour explorer un peu plus les fonds marins, nous faisons deux plongées (avec bouteille) pour réaliser une fois encore que les Philippines ne sont décidemment pas la destination de rêve pour les amateurs de (gros) poissons. Tout ce qui se mange a été pêché depuis longtemps et nous devons nous contenter de quelques Némos et autres espèces minuscules, jusqu'à ce que surgisse devant nos yeux une raie manta.
  
Rencontre inattendue à Moalboal
Nous sommes sous le charme de sa nage gracieuse mais notre guide, lui, ne s'en remet visiblement pas et part à sa poursuite. Nous le regardons s'enfoncer de plus en plus alors que nous sommes déjà descendus à presque quarante mètres! Nous remontons lentement en espérant le voir revenir bien vite. Une fois sur la terre ferme, il nous expliquera qu'il n'avait pas vu de manta ici depuis 2006. Sacré jour de chance à Moalboal!


The small island of Siquijor, off Dumaguete, had lured us with the prospect of secret and unspoiled beaches. From the ferry arriving in the main harbour, we could not believe our eyes: we had never seen a water that clear and the turquoise sea was simply irresistible. We wanted to jump in right away even though it was not the cleanest place for a swim but already, we were accosted by a handful of tricycle drivers willing to take us to our final destination, a small village located on the west coast and therefore a perfect sunset-watching spot. There were no other guests in our small family hotel and we actually soon realized that we were almost the only tourists in the area. We had been looking for peace and there it was but all of a sudden, it was not that fun anymore, especially when sipping a Cuba Libre in a deserted bar! The western beaches were full of green stuff washed up by the strong currents so we set out to explore the rest of the island by scooter in search of white sand and who knows, maybe also tourists. It didn't take us long to find crystal clear water and even a few locals swimming with their clothes on. After seventy-five kilometers of relaxed driving in a rural setting (chickens, pigs and churches aplenty), we arrived at San Juan, just minutes away from our starting point. After a short detour to the pools in the middle of the village, it was time to head back for Happy Hour!
It would have been great to stay a few days more but we were expected in Moalboal on the neighboring island of Cebu. We had booked a few weeks before a two-day freediving course organized by a friend of the Austrian record holder Herbert Nitsch. Quite a good reference and luckily, we were only four students, the two of us and two Taiwanese. After a short theory session, we went to the pool for the first practical exercises (of what is called static apnea). A few minutes of relaxation (trying to reach inner silence) and belly-breathing and we were able to hold our breath for three minutes! We were still far from the world record (which is a bit more than eleven minutes) but it was amazing to actually see what the human body can accomplish with a little practice. The afternoon was devoted to Free Immersion Apnea. In the open sea, we had to pull ourselves down using a vertical rope attached to a buoy. Not quite like The Big Blue (the movie) but still, the sensations were incredible and we were pleased that we could reach fifteen meters on the first day. There was no major record broken on the second day, we had a safety talk and then went for some Fun Freediving around Pescador Island. Before we left Moalboal, we decided to explore a bit more the local underwater world so we signed up to do two (scuba) dives. We realized once again that the Philippines was definitely not the dream destination for big fish fans. Everything that could be eaten was long disappeared and there were only a few Nemos left! But then, to the surprise of all, a manta ray passed by, swimming amazingly graceful through the waters. Our divemaster was even more distracted than we were and didn't seem to notice that we had almost reached forty meters! We ascended a few meters waiting for him to show up. Once back on the boat, he told us that he had not seen a manta there since 2006. That must have been a very lucky day indeed!

samedi 23 juin 2012

Le coq est mort

Avec plus de 7000 îles aux Philippines, ça en fait des kilomètres de plage et nous n'avons que l'embarras du choix pour les trois semaines à venir. C'est finalement la ville de Dumaguete, située au sud de l'île de Negros, qui retiendra notre attention pour sa proximité avec quelques sites de plongée renommés et ses nombreuses liaisons maritimes avec les autres îles centrales des Visayas. La petite capitale provinciale ne dispose d'aucun attrait touristique majeur (il n'y a même pas de plage) et pourtant, nous y découvrons une atmosphère authentique, loin des excès de Manille, tout particulièrement à la tombée du jour, quand toute la ville semble se donner rendez-vous sur le front de mer pour une dernière promenade et un snack ou deux dans l'une des nombreuses gargottes. Nous profitons d'une journée de battement (avant la plongée) pour aller chercher un peu de fraîcheur aux chutes de Casaroro toute proches. Après un court trajet en jeepney (ces anciennes jeeps de l'armée américaine aux couleurs désormais flamboyantes), nous marchons les derniers kilomètres sous une chaleur écrasante en pensant déjà à la baignade qui nous attend. 

Un cadre propice à la baignade
Sur le chemin du retour, nous passons devant un bâtiment qui nous avait semblé plus tôt désaffecté mais où règne désormais une agitation grandissante. C'est dimanche après-midi et il y a aux Philippines un rituel plus sacré que la messe du matin: les combats de coqs! Les propriétaires n'en finissent plus d'arriver avec leur champion sous le bras et ce n'est rien de moins qu'une centaine de volatiles qui vont s'affronter sous nos yeux dans quelques minutes! Les préparatifs sont un moment magique où tout semble possible pour les éleveurs qui caressent en silence leur coq comme un animal de compagnie ou plutôt comme une amulette sensée leur porter bonheur. L'ultime étape est cruciale, il s'agit de placer une petite lame en forme de sabre à l'arrière de l'une des pattes de l'animal. Rien qu'à voir l'objet, on comprend aisément que l'issue du combat sera fatale au perdant et même dans la plupart des cas aux deux adversaires. 

Fin prêt pour le combat!
Quand l'heure du premier duel arrive, nous nous pressons autour du ring en plexiglas. Les paris commencent et ça crie aussitôt dans tous les sens. L'organisateur tente de nous en expliquer le déroulement ainsi que le système de répartition des gains mais nous sommes vite perdus. Au bout de quelques minutes, tout est bouclé et les premiers gallinacés font leur entrée dans les bras de leur propriétaire. Une fois leur aptitude au combat vérifiée par l'arbitre, la protection des lames est retirée et les coqs se jettent alors littéralement l'un sur l'autre, pressés d'en découdre. Difficile alors de suivre vraiment le déroulement du combat: ça hurle de plus belle, les volatiles sautent, retombent, les plumes volent dans tous les sens et puis soudain, après quelques secondes seulement, tout s'arrête: l'un des deux adversaires gît inerte sur le flanc. L'arbitre le soulève, le secoue un peu pour en tirer peut-être encore quelques secondes de combat puis le laisse retomber. Le malheureux sera plumé quelques mètres plus loin et finira à la casserole. Le vainqueur, lui, s'il est encore suffisamment vif, échappera - pour cette fois - à ce sort. Tout a été tellement rapide que nous n'avons pas été choqués par la cruauté du spectacle. Nous suivons même avec intérêt les affrontements suivants. Ce qui n'est pour nous qu'un divertissement improvisé est sans aucun doute une part intégrante de la culture philippine.



With over 7000 islands and plentiful beaches in the Philippines, we were spoiled for choice and it was a tough choice to decide where to spend the following three weeks. We finally opted for Dumaguete, a small city located in the south of the island of Negros, as it is close to several renowned dive sites and well connected (by ferry) to the other Central Visayas islands. The small provincial capital has no major tourist attraction (not even a beach) but we discovered there an authentic atmosphere, far from chaotic Manila, especially at dusk when the whole city seemed to move to the waterfront for a late walk and a snack in one of the many street stalls. We went for an excursion to the nearby Casaroro Falls, a great opportunity to cool off. After a short jeepney ride (the US military jeeps left over from WII known for their flamboyant decoration), we walked the last few kilometers under a scorching heat looking forward to the swim awaiting us!
On the way back, we passed a building that had earlier seemed to be empty but there was now a growing crowd in front of it. It was Sunday afternoon and there is on this day in the Philippines a ritual more sacred than the morning Mass: cockfighting! The cock owners were arriving one after the other with their champion-to-be and no less than hundred roosters were about to fight in front of us! We got to capture every special moment of the preparations, including the last and crucial step: a sharp blade (or knife) being attached to the leg of the animal and just by looking at it you could tell that the fight was going to be fatal for the loser, if not for both opponents. When things got started, we got as close as possible to the ring. Spectators began betting on the outcomes and screaming in all directions. Someone tried to explain us how it worked and how the money was to be split but the thing just looked way too complex. The combatants finally entered the arena, in the arms of their owner. Once the referee had checked their ability to fight, the covers were taken off the blades and as soon as they were released, the roosters started running into each other with an impressive frenzy. We had a hard time being able to tell what exactly was going on: people were yelling furiously, the birds were jumping, falling and feathers were flying in all directions but then, suddenly, it all stopped. The referee picked up the loser lying on its side, shaked the nearly dead body to restart the fight and eventually let it fall. The unfortunate fowl would then be plucked and put into boiling water. The winner, assuming it was still reasonably fit, had escaped - at least this time - this sad fate. We were not really shocked by the cruelty of the show as everything had been so fast. We even watched with interest the following matches. What turned out for us to be an impromptu entertainment is undoubtedly an integral part of Filipino culture.

mercredi 13 juin 2012

Les fameux trottoirs de Manille

Certaines villes ont une réputation qui leur colle à la peau et effectivement, notre arrivée de nuit dans la capitale philippine n'est pas des plus engageantes. Pauvreté flagrante, prostitution à peine dissimulée et quartiers mal famés, un mélange détonnant en guise de comité d'accueil! Oui mais voilà, les choses sont rarement aussi simples et les premières impressions, sans être pour autant trompeuses, ne sont pas toujours déterminantes. Il faut dire que Manille a plusieurs visages. De jour, dans le quartier des routards de Malate, la misère n'en est pas moins omniprésente mais les "travailleuses de la nuit" ont laissé leur place aux marchands ambulants et surtout, nous découvrons un autre aspect, typique du pays: le sourire, présent sur tous les visages. Face à la chaleur et l'humidité ambiantes, nous n'en menons pas large et nous arrivons péniblement dans le coeur historique de la ville, Intramuros, entouré de remparts. Le style colonial (espagnol) et l'aspect délabré des bâtiments sont trompeurs: la plupart des édifices ne sont en effet pas d'origine et ont été reconstruits maintes fois jusqu'à la seconde moitié du vingtième siècle. 

Architecture coloniale dans le quartier d'Intramuros
L'occasion pour nous de constater une fois de plus que la Seconde Guerre mondiale n'a pas été seulement dévastatrice en Europe et que l'occupation japonaise fut tout aussi douloureuse que celle menée par les Allemands. Même si la plupart des noms de rues sont encore en espagnol et l'architecture évoque l'ancienne mère-patrie, Intramuros n'a rien d'une ville musée. Ce qui fait son charme, c'est le mélange du passé (tout est dans l'atmosphère) et du présent, caractérisé comme bien souvent en Asie par ces scènes de rue si ordinaires et pourtant si photogéniques.
Le deuxième jour, c'est une toute autre facette de Manille qui se cache derrière les quelques mots volontairement intrigants et agicheurs "Discover The True Manila" ("Découvrez le vrai Manille") sur le tableau d'annonces de notre auberge de jeunesse. Ceux qui attendaient une visite guidée conventionnelle en seront pour leurs frais: en fait, l'objectif de la journée, comme nous l'explique Edwin, le "cerveau de l'opération", c'est de faire découvrir aux touristes un quartier défavorisé pour sortir un peu des clichés traditionnels (mendicité et insécurité) et de créer une opportunité de dialogue.

Un accueil très chaleureux!
Dans les faits, c'est aussi l'occasion (ou l'illusion) pour les voyageurs souvent insouciants que nous sommes de nous rendre utiles l'espace de quelques heures en distribuant quelques sacs de nourriture et en mettant la main au porte-feuille. Si l'idée est honorable, difficile tout de même d'échapper à la désagréable sensation de voyeurisme: nous pénétrons dans l'univers des bidonvilles et dans l'intimité de nombreux foyers, appareil photo sous le bras, l'expérience n'est pas anodine! Comme bien souvent, c'est la joie de vivre et l'innocence des enfants qui auront le dernier mot. Ils nous font bien vite oublier la chaleur accablante et l'insalubrité et posent comme de vraies petites stars! Manille n'est clairement pas une ville facile mais il y a encore tant à découvrir.

Un des nombreux sourires qui ont marqué cette matinée

Some cities have a bad reputation stuck to them and not surprisingly, our arrival at night in the Philippine capital was by no means engaging. Flagrant poverty, barely concealed prostitution and bad neighborhoods, that was our first glimpse of the metropolis, quite an explosive mix! However things are rarely that simple and first impressions don't always give the whole picture. Manila is indeed a city of many faces. During the day, in the backpacker district of Malate, misery was no less real but the "ladies of the night" had given way to street vendors and most importantly, we discovered the people and their wonderful smiling faces. We faced the scorching heat and humidity and headed to the historic heart of the city, Intramuros, surrounded by defensive walls. The Spanish colonial style and the overall dilapidated aspect of the district were misleading: most buildings were actually quite recent as they had been rebuilt many times until the second half of the twentieth century. This was once again a reminder of the devastation caused by the Second World War - not only in Europe! - and no doubt that the Japanese occupation was just as painful as that conducted by the Germans. While most street names are still in Spanish and it has retained a strong colonial flair, Intramuros has nothing of an open-air museum. What makes its charm is the mix of past (it's all about the atmosphere) and present, the latter characterized by the typical street scenes, so common in Asia and yet so photogenic.
The second day we got to experience a completely different side of Manila. It all began with a few intriguing words - "Discover The True Manila" - left on the Event Board of our hostel. Those who had expected a conventional guided tour were probably surprised: the goal of the whole operation, as Edwin - the man behind the idea - explained us, was to take tourists to a very poor part of the city, try and break traditional cliches and create an opportunity for dialogue. In other words, a good occasion for otherwise insensitive travelers to be (or feel) helpful for a few hours by distributing some food bags and donating some money. A more than honorable idea but still, we couldn't help but feel like voyeurs as we entered the slum and at the same time the privacy of many people, with camera in hand. Was it really a genuine experience? Once more, it was the joie de vivre and innocence of the children that settled the question. They made us forget about the dust and dirt and posed happily for our cameras just like stars! Manila is clearly not an easy city but there is so much to discover!

mercredi 6 juin 2012

Trésors millénaires et pavillons éphémères

La Corée est décidément pleine de surprises et en arrivant à Gyeongju au sud-est du pays, nous ne nous attendions pas à trouver autant de joyaux historiques dans cette petite ville de 300.000 âmes. L'ancienne capitale du royaume de Silla, qui a unifié la péninsule au VIIème siècle, a conservé de nombreux vestiges de ce passé glorieux qui en font aujourd'hui une étape incontournable. A commencer par ces centaines de tombes si particulières, immenses tumuli de roches et de terre, étranges maisons de Hobbit aux dimensions impressionnantes! 
 
Tumuli de Gyeongju dans la lumière du soir
Les plus imposantes, situées en plein centre-ville, sont celles des premiers rois et reines de Silla et nous ne nous lassons pas de les observer sous les différentes lumières de la journée. Des fouilles ont permis de mettre à jour des milliers d'objets (dont de somptueuses couronnes en or) qui font désormais le bonheur de tous les musées du pays! Petit à petit, avec l'introduction du bouddhisme et la généralisation de la crémation, les tombes sont devenues plus modestes. L'arrivée de cette nouvelle religion a toutefois permis la construction d'un des temples majeurs de Corée (et l'un des plus beaux): Bulguk-sa. Non loin de là, après une petite marche si prisée par les locaux, une statue du Bouddha, stupéfiant de majesté, trône au milieu d'une grotte artificielle en granit. Une porte vitrée en ferme l'accès, il faut donc se contenter de la vue depuis l'extérieur. Gyeongju n'est pas seulement un musée à ciel ouvert: la ville est aussi célèbre pour son "ssambap", la spécialité locale, composée de riz et d'une vingtaine d'accompagnements à déguster enroulés dans des feuilles en tout genre (salade, choux et algues). On en perdrait presque l'appétit devant tant de nourriture!
 
Copieux banquet façon coréenne!
Notre passage en Corée coïncidant avec le lancement de l'Exposition Universelle 2012, nous sautons sur l'occasion et faisons le détour par Yeosu, une ville portuaire au sud du pays qui avait grand besoin d'un petit coup de pouce pour attirer quelques investissements et changer son image de bassin industriel. En plus, le thème s'annonce particulièrement intéressant: "pour des côtes et des océans vivants". Le site occupe tout le front de mer et il est difficile d'imaginer ce qu'il pouvait y avoir ici avant la construction de ces dizaines de pavillons gigantesques, bâtis sur un même modèle sans âme de béton et de tôle ondulée. A l'intérieur, chaque pays y va de son petit gadget pour véhiculer un même message - les océans sont l'avenir de l'homme - et se faire un peu de publicité au passage. Un petit tour par l'aquarium flambant neuf qui ne désemplit pas et nous voilà bien contents de retrouver le calme à l'extérieur. 
 
Rien de mieux que de prendre un peu de hauteur (ici à Busan)
Après presque trois semaines au pays du matin calme, nous rejoignons Busan, deuxième ville après Séoul. Pour accéder au principal temple historique, Beomeo-sa, nous sautons par habitude dans le premier bus bondé avant même de remarquer la file inhabituellement longue des candidats au voyage. Nous avons du passer pour de drôles d'impolis! Ce n'est qu'une fois arrivés sur place que nous comprenons la forte affluence du jour: c'est l'anniversaire de la naissance de Bouddha, un peu comme un 15 août à Lourdes. Nous laissons bien vite le temple aux fidèles et continuons la marche jusqu'au sommet de la colline, bien loin de la ferveur en contre-bas et offrant une vue imprenable sur l'agglomération moderne et bétonnée, coincée entre la mer et les montagnes. Mais Busan est surtout réputée pour la fraîcheur de son poisson (à consommer cru) et nous nous perdons avec plaisir dans les dédales de l'immense marché aux poissons. Jamais encore nous n'avions vu une telle diversité de fruits de mer! Ça grouille, ça bouge et ça éclabousse dans les aquariums: si nous perdons vite toute trace d'appétit, le spectacle est fascinant!  
 
Il est frais le poisson!

South Korea is definitely full of surprises. When we arrived in Gyeongju, in the southeast of the country, we did not expect to find so many historical gems in this town of 300,000 souls. The ancient capital of the Silla Kingdom that unified the peninsula in the seventh century retains many vestiges of its glorious past and is a must-see sight for tourists. Starting with the more than hundred very special burial sites, huge mounds of earth that resemble small hills or Hobbit houses! The most impressive ones, located in the city center, are those of the early kings and queens of Silla and we couldn't get tired of admiring them under different daylights. Thousands of artefacts were excavated there (including sumptuous gold crowns) that today are the pride of many museums in the country. Gradually, with the introduction of Buddhism and the spread of cremation, graves became smaller. The arrival of this new religion, however, brought the construction of one of Korea's major (and most beautiful) temples: Bulguk-sa. A short walk away stands a majestuous Buddha statue, in the middle of an artificial granite cave. It was not possible to go inside so we had to be content with the view from outside. Gyeongju is not only an open-air museum, it is also famous for its "ssambap", the local specialty consisting of rice and twenty or so side dishes to eat wrapped in all kinds of leaves (salad, cabbage and seaweed). The sight of so much food almost made us lose our appetite!
Our stay in Korea coinciding with the launch of the World Expo 2012, we jumped on the occasion and made a detour to Yeosu, a port in the south, badly in need of a little help to attract investments and change its image of industrious city. In addition, the theme of this year's edition ("The living ocean and coast") promised to be particularly interesting. The entire waterfront area was dedicated to the exhibition and it was hard to imagine what could have been there before the dozen huge pavilions were built on the same - soulless - pattern. Inside, each country had its own little gadgets to convey the same universal message - the oceans are the future of the earth - and get some publicity along the way. After a quick tour through the brand new aquarium, we were glad to get back to the quiet streets of Yeosu.
After almost three weeks in The Land of the Morning Calm, we reached Busan, the second biggest city. On the way to the main historic temple, Beomeo-sa, we hopped on the first - crowded - bus before we actually noticed there was an unusually long line of locals waiting for a ride. We must have seemed very rude! It was only once there that we understood the "why" of the crowds: it was Buddha's Birthday and the temple was probably as busy as Lourdes on August 15! We soon left the place to the faithful and just continued walking up the hill where we could find some peace and stunning views of the modern, sprawling city, wedged between sea and mountains. But Busan is best known for its fresh fish (eaten raw) and the best place to soak up the port atmosphere was the huge fish market. Never before had we seen such a variety of seafood! All kinds of weird things crawling around in tanks: even though we soon lost all trace of appetite, it was a fascinating experience!