"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

jeudi 15 septembre 2011

Où l'expression "hors des sentiers battus" prend tout son sens

Même s'il était tentant de prolonger un peu notre séjour à Semonkong (ah, le délicieux pain frais servi au dîner et le feu de bois dans la chambre...), il est temps de poursuivre la traversée du pays. Pour éviter de revenir sur nos pas (et de longues heures de bus) mais aussi pour avoir une nouvelle approche du pays et de ses habitants, nous avons choisi de rejoindre à pied (en deux jours de marche) la principale route au sud qui mène à la ville frontalière de Qacha's Nek. Nous voilà donc partis avec notre guide et nos gros sacs sur le dos. La nuit a été fraîche et la marche est pour l'instant très agréable. Les cols s'enchaînent et le soleil devenant plus puissant, nous transpirons bien vite sous nos sacs. Les paysages changent un peu au gré des kilomètres mais toujours cette même couleur paille de l'herbe à la sortie de l'hiver, partout un berger dans sa couverture surveillant son troupeau. 
Une pause bien méritée
A chaque rencontre, notre guide échange quelques mots avec les bergers, parfois distants de plusieurs centaines de mètres. Sans jamais s'arrêter. Sur la route, la conversation commence de face et se termine de dos, avec au moment de la rencontre cette poignée de mains typiquement basotho (il nous a fallu plusieurs tentatives avant de la maîtriser) en trois temps. Notre guide n'est pas très bavard et plutôt avare d'informations (tant pis pour le nom de ce sommet ou de cette rivière) et nous ne savons jamais vraiment quelle distance reste à parcourir. C'est donc chaque jour par surprise que nous nous arrêtons pour la nuit au coeur d'un village, rapidement rejoints par l'ensemble de sa population qui vient se mettre en cercle autour de nous. D'abord timides, ils finissent par s'approcher, puis on échange les poignées de main rituelles, quelques mots dans leur langue que nous ne comprenons pas et quelques mots en anglais qu'ils ne comprennent pas,  on se sourit et c'est au tour du suivant. A chaque fois, nous attendons longuement avant de pouvoir nous poser. Le premier jour, nous attendons le chef du village pas encore rentré des champs, le deuxième jour la matronne qui nous héberge et qui passera sa nuit à danser et chanter ivre sous notre fenêtre. 

Notre guide et notre hôtesse d'un soir
 Quand l'attente cesse, la scène est la même. On nous conduit dans une des huttes où l'on a entassé mobiliers et artefacts occidentaux, ici une commode en bois massif et sa vaisselle en porcelaine, là des canapés léopard et des chiens de faience. Nous sommes les bienvenus au royaume du kitsch. Il y a même deux lits et une table. Tout cela rien que pour nous. Pendant que nous préparons notre repas soupe-pâtes ou soupe-riz, toute la famille est assise en rond autour du feu dans une hutte enfumée dénuée de tout mobilier. Nous nous endormons bien vite. Demain est un autre jour de marche. Vivement la bassine d'eau chaude du matin pour pouvoir faire un brin de toilette!
Bienvenue au royaume du kitsch

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