"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

dimanche 25 septembre 2011

A la rencontre des géants des mers

Notre première étape, à 450 km au nord de Maputo, est le village de Tofo, réputé pour son ambiance décontractée très prisée des touristes sud-africains qui viennent en nombre pendant leur vacances scolaires mais c'est surtout un haut-lieu de la plongée!
Enfin quelques jours sans transport, que nous apprécierons sûrement après toutes ces heures de bus, de marche et encore de bus. Le cadre est idyllique, une longue plage de sable fin et derrière la dune, des cocotiers par milliers. Et l'embarras du choix au niveau de l'hébergement en cette période creuse. Nous optons pour une petite hutte rustique à flanc de dune. Pas de superflu. Le cadre est planté. 


Tout est parfait, sauf le temps: le vent souffle fort,la mer est mauvaise et l'eau assez froide. Le lendemain matin, le verdict tombe au club de plongée: pas de sortie aujourd'hui, la mer étant trop agitée. Une longue journée en perspective (pas grand chose à faire sur place à part la plongée). Deuxième jour, retour au club et même verdict, pas de sortie ce matin. L'aprés-midi, le moniteur n'est toujours pas emballé mais le vent a tourné et nous n'en pouvons plus, nous insistons et faisons notre première plongée, accompagnés de deux allemands et d'une autrichienne (ce qui va devenir notre petit groupe de plongée de la semaine). Nous ferons finalement 6 plongées en 4 jours et chaque sortie est un pur bonheur: les baleines à bosse, présentes en nombre à cette époque, accompagnent nos sorties en bateau et rythment nos plongées de leur chant. La visibilité est réduite, une dizaine de mètres environ mais il faudrait être aveugle pour ne pas profiter du spectacle: une baleine à bosse qui vient se gratter le ventre par 30 m de fond tout près de nous, une raie manta, des requins de récif et des tortues. Du pur bonheur! 

Un requin guitare (vu à Manta Reef)
Clou du spectacle, lors de notre dernière sortie, un requin baleine passe à quelques mètres de notre bateau, nous nous jetons vite à l'eau avec masque et tuba et nous voilà en pleine mer avec le plus gros poisson du monde qui nage paisiblement un mètre en dessous de nous. Un spectacle enivrant, aussitôt répété lors de l'Ocean Safari (sauf pour David resté à terre pour cause de mal de mer) avec une dizaine de requins baleines et un ballet de raies mantas.

Requin baleine (au large de Tofo)



Mise en bouche mozambicaine

Le paysage sec assez décevant que nous découvrons après la frontière fait bientôt place aux premiers cocotiers. Une fois de plus, après un voyage ridiculement long, nous arrivons à destination à la tombée de la nuit. Impatients bien sûr de repartir vers les plages plus au nord mais une fois de plus, notre route passe d'abord par une capitale. Située à l'extrême sud du pays et économiquement plus proche de Johannesburg que des provinces du nord, Maputo est pourtant une introduction parfaite à cet immense pays. Le ton est vite donné. L'influence portuguaise se ressent partout. Dans la langue bien sûr mais aussi dans l'architecture, la musique, la cuisine et pleins de détails de la vie quotidienne. Certes, Maputo ne présente pas un grand intérêt touristique (quelques bâtiments coloniaux plus ou moins bien conservés) mais elle fait partie de ces villes dont on peut affirmer qu'il doit y faire bon vivre. L'atmosphère y est d'abord beaucoup plus décontractée qu'en Afrique du Sud, beaucoup moins de barbelés et même s'il n'est pas conseillé de s'y déplacer à pied la nuit, on s'y sent bien. Et puis, il y a les petits cafés pleins de charme (où l'on trouve du vrai café!) et de bons restaurants de fruits de mer et de grillades. Ajoutez à cela les couleurs et le rythme de vie typiquement africains et vous obtenez un mélange intéressant.

Bâtiment colonial dans le centre de Maputo
Le meilleur endroit pour apprécier la ville est peut-être la terrasse du restaurant Costa do Sol depuis laquelle on peut observer les parties de foot improvisées sur la plage et les femmes ramassant les coquillages à marée basse, tout en dégustant un curry de crevettes.
Front de mer
Nous avons voulu terminer la journée par un concert dans l'un des bars de jazz de la ville. Plus d'expatriés que de locaux et une musique plus rock que jazz mais une bonne expérience quand même (les occasions de sorties le soir ne sont pas si fréquentes depuis le début de notre voyage).
Dans un autre registre, notre arrivée à Maputo marque aussi le début de la guerre contre les moustiques! Vêtements imprégnés, répulsif, moustiquaire et traitement préventif anti-palu, rien n'a été laissé au hasard mais nous savons que la bataille s'annonce rude.
Demain, nous entamons notre remontée vers le nord avec pour objectif (début novembre) l'île de Zanzibar.

jeudi 15 septembre 2011

Hors du temps

Qacha's Nek est un petit bourg qui grouille d'animation dans la journée, tout le monde vient y faire son marché. Pas vraiment d'intérêt touristique à proprement parler mais, chose plutôt rare au Lesotho, l'endroit est assez vert et ne manque pas de charme. Nous y faisons un arrêt un peu plus long que prévu, le bus qui devait nous conduire à notre prochaine étape étant apparemment "en réparation" depuis quelques jours. 
 
Marché et gare de minibus à Qacha's Nek
Pour terminer notre périple au Lesotho, nous voulons rejoindre le parc national de Sehlabathebe, le plus ancien du pays et de là marcher jusqu'en Afrique du sud. Atteindre le parc est déjà - comme l'indique le Lonely Planet - une aventure en soi. Après un trajet en mininus de 4h sur une piste chaotique, entassés comme des sardines à l'arrière du véhicule (qui ferait presque regretter celui de Semonkong passé entièrement debout), nous atteignons au coucher du soleil le hameau de Mavuka. Impression de bout du monde. C'est exactement ce que l'on cherchait!
 
Rien ne vaut un petit verre de vin devant un coucher de soleil!
Le lendemain, petite marche de trois heures pour atteindre le coeur du parc et plus particulièrement la lodge du parc où nous allons passer la nuit. Construite dans les années 70 pour le premier ministre de l'époque qui venait pêcher dans le coin, elle bénéficie de tout le confort possible dans un endroit aussi reculé, à savoir l'eau courante (potable), une cuisine équipée et une lampe à gaz dans chaque pièce. Que du bonheur donc! D'autant plus que le site est somptueux: pics alpins, de l'eau partout (ruisseaux et mares) et de bizarres formations rocheuses. En plus, nous faisons connaissance avec la faune locale (jusque là, c'était surtout moutons, chèvres et chevaux) comme l'antilope des montagnes et le cobra (si, si, on vous assure, sacrée surprise!).
 

De là, la frontière est toute proche, sur les hauts plateaux. Le poste de frontière, en revanche, est dans la vallée, à plusieurs heures de marche. Encore une fois, un simple tampon et nous voilà de retour en Afrique du sud. Autre monde, autre époque presque...

Où l'expression "hors des sentiers battus" prend tout son sens

Même s'il était tentant de prolonger un peu notre séjour à Semonkong (ah, le délicieux pain frais servi au dîner et le feu de bois dans la chambre...), il est temps de poursuivre la traversée du pays. Pour éviter de revenir sur nos pas (et de longues heures de bus) mais aussi pour avoir une nouvelle approche du pays et de ses habitants, nous avons choisi de rejoindre à pied (en deux jours de marche) la principale route au sud qui mène à la ville frontalière de Qacha's Nek. Nous voilà donc partis avec notre guide et nos gros sacs sur le dos. La nuit a été fraîche et la marche est pour l'instant très agréable. Les cols s'enchaînent et le soleil devenant plus puissant, nous transpirons bien vite sous nos sacs. Les paysages changent un peu au gré des kilomètres mais toujours cette même couleur paille de l'herbe à la sortie de l'hiver, partout un berger dans sa couverture surveillant son troupeau. 
Une pause bien méritée
A chaque rencontre, notre guide échange quelques mots avec les bergers, parfois distants de plusieurs centaines de mètres. Sans jamais s'arrêter. Sur la route, la conversation commence de face et se termine de dos, avec au moment de la rencontre cette poignée de mains typiquement basotho (il nous a fallu plusieurs tentatives avant de la maîtriser) en trois temps. Notre guide n'est pas très bavard et plutôt avare d'informations (tant pis pour le nom de ce sommet ou de cette rivière) et nous ne savons jamais vraiment quelle distance reste à parcourir. C'est donc chaque jour par surprise que nous nous arrêtons pour la nuit au coeur d'un village, rapidement rejoints par l'ensemble de sa population qui vient se mettre en cercle autour de nous. D'abord timides, ils finissent par s'approcher, puis on échange les poignées de main rituelles, quelques mots dans leur langue que nous ne comprenons pas et quelques mots en anglais qu'ils ne comprennent pas,  on se sourit et c'est au tour du suivant. A chaque fois, nous attendons longuement avant de pouvoir nous poser. Le premier jour, nous attendons le chef du village pas encore rentré des champs, le deuxième jour la matronne qui nous héberge et qui passera sa nuit à danser et chanter ivre sous notre fenêtre. 

Notre guide et notre hôtesse d'un soir
 Quand l'attente cesse, la scène est la même. On nous conduit dans une des huttes où l'on a entassé mobiliers et artefacts occidentaux, ici une commode en bois massif et sa vaisselle en porcelaine, là des canapés léopard et des chiens de faience. Nous sommes les bienvenus au royaume du kitsch. Il y a même deux lits et une table. Tout cela rien que pour nous. Pendant que nous préparons notre repas soupe-pâtes ou soupe-riz, toute la famille est assise en rond autour du feu dans une hutte enfumée dénuée de tout mobilier. Nous nous endormons bien vite. Demain est un autre jour de marche. Vivement la bassine d'eau chaude du matin pour pouvoir faire un brin de toilette!
Bienvenue au royaume du kitsch

Le royaume dans le ciel (par la petite porte)

Pour rejoindre le Lesotho depuis Pretoria, il faut d'abord prendre un bus jusqu'à Bloemfontein (la capitale judiciaire d'Afrique du Sud), traverser la ville (à pied) puis monter dans un des minibus qui parcourent les 150 derniers kilomètres jusqu'à la frontière. Tout s'enchaîne plutôt bien pour nous et nous passons la frontière à pied, à quelques km de la capitale Maseru, à la tombée de la nuit. Mauvaise idée... Nous découvrons une capitale bidonville, sale et nauséabonde. Pour couronner le tout, nous n'avons ni guide ni plan en main (tout sur ordi) et personne ne semble connaître le seul hostel dont nous avions griffonné le nom sur un bout de papier avant de partir. Un grand moment de solitude. Heureusement, nous sommes rapidement abordés par
deux jeunes filles qui nous proposent de nous "cacher" chez elles (très engageant) en attendant de trouver une option d'hébergement pour la nuit. Toute la famille est mise à contribution. Ils nous conduisent finalement dans une guesthouse de la capitale. Merci à eux. Cependant nous ne saurons jamais si l'insécurité à Maseru était réelle ou fantasmée. Le lendemain et en plein jour, la ville n'est pas plus belle ni plus accueillante. Nous montons dans notre bus pour Semonkong et ses montagnes. Adieu Maseru, nous ne reviendrons pas!
L'intérêt de ce tout petit pays enclavé dans le territoire sud-africain ne réside de toute facon pas dans sa capitale (minuscule et dénuée de monuments historiques) mais plutôt dans ses paysages grandioses (le point le plus bas du pays est situé à 1400 m d'altitude!) et le mode de vie encore très traditionnel de ses habitants.
Habitat traditionnel du Lesotho
Le visage du pays change sous nos yeux au fur et à mesure que nous quittons la capitale et que nous nous élevons. Des montagnes à perte de vue, quelques villages de huttes rondes couvertes de chaume et des petits hommes drapés de couvertures qui surveillent leurs troupeaux. En ce sens, notre destination Semonkong ne diffère à priori en rien de n'importe quel autre village du Lesotho mais elle dispose d'une des rares infrastructures touristiques du pays, une auberge pleine de charme, la Semonkong Lodge (qui, pour l'anecdote, a hébergé les participants du Pékin Express 2011) et qui est située tout près des chutes de Maletsunyane, probablement moins spectaculaires que les chutes Victoria mais 2 fois plus hautes (192 m). 
Les chutes de Maletsunyane
Nous aurons droit à un véritable traitement de faveur suite à l'arrivée impromptue d'une délégation du gouvernement. A la place du dortoir que nous avions réservé, nous sommes logés pour le même prix dans une hutte comfortable avec salle de bains et cheminée! Le grand luxe...
Et pour profiter de ces paysages grandioses, rien de mieux que la marche et surtout la spécialité locale, la rando à cheval!

Afrique du Sud: l'Afrique pour les nuls?

Aéroport (Johannesburg) très moderne, formalités administratives minimales (un petit tampon vite expédié dans le passeport et le tour est joué), un train rapide flambant neuf pour nous conduire au coeur de la capitale sudafricaine. C'est sûr, notre premier contact avec le continent subsaharien se fait tout en douceur...
Pretoria s'est vite imposée comme base stratégique pour notre court séjour en Afrique du Sud car elle dispose des mêmes connexions vers les pays frontaliers que sa voisine Johannesburg, d'un consulat du Mozambique où nous pourrons obtenir notre visa à l'avance et surtout, on peut s'y déplacer à pied en toute sécurité (ce qui ne semblait pas gagné à Johannesburg). Tant pis donc pour le circuit classique sudafricain: les manchots du Cap, la route du vin, le surf à Durban et le safari au parc Kruger. Notre itinéraire africain passera par les montagnes du Lesotho, les plages du Mozambique, les rivages du Lac Malawi et la savanne tanzanienne. 
 
Mariage devant les Union Buildings de Pretoria
Après quelques jours passés à Pretoria, nous apprécions son ambiance décontractée, ses larges rues ombragées, ses alignements d'ambassades cossues, le centre historique avec ses bâtiments afrikaners et le siège du gouvernement (Union Buildings) d'inspiration italienne. Nous aimons un peu moins l'obsession sécuritaire qui se manifeste par les barbelés et clôtures électriques qui entourent chaque bâtiment.