"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues."

Joseph Kessel

samedi 21 avril 2012

En selle pour la Great Ocean Road!

Depuis le début de notre périple, nous avions envie de faire une partie de la route en vélo et en arrivant en Australie, nous sommes tous les deux convaincus d'avoir trouvé l'endroit idéal pour cela: 300 kilomètres de route côtière entre Warrnambool et Torquay, à l'ouest de Melbourne, la fameuse Great Ocean Road. Nous trouvons facilement deux VTT à louer pour la semaine dans le quartier bohème de Prahran et concentrons l'essentiel de nos affaires dans un gros sac à dos, à savoir nos deux sacs de couchage, une tente achetée quelques jours plus tôt pour 15 $ à Adélaide et jamais dépliée, un slip, une paire de chaussettes et un T-shirt chacun et nous voilà partis. Après trois heures de train pour rejoindre l'extrémité ouest du parcours et une première nuit recroquevillés dans notre tente qui s'avère être minuscule, c'est plein d'entrain mais encore incertains que nous nous lançons dans cette nouvelle aventure. 
 
C'est parti pour 5 jours d'effort et de liberté!
Car il faut bien l'avouer, aucun de nous n'ayant fait de vélo depuis des années, nous n'avons aucune idée de nos limites sur deux roues. Ça tombe bien, la première journée ne nous fait parcourir que 65 kilomètres, sur une route plate et peu fréquentée, qui passe malheureusement un peu loin du littoral. Nous ne retrouvons la côte accidentée (surnommée Côte des Epaves en raison des nombreux naufrages) que peu avant Port Campbell pour un premier aperçu des impressionnants blocs de calcaire sculptés par le vent et les vagues. Le soir même, nous faisons la connaissance d'un groupe de retraités néo-zélandais qui parcourent eux-aussi la côte à vélo mais depuis Adélaide!

Le site emblématique des 12 Apôtres
Le deuxième jour nous offre les plus beaux paysages avec les célèbres sites du Loch Ard et des 12 Apôtres (pas forcément le plus grandiose mais sans conteste le plus photographié) mais aussi de gros moments d'effort et de sueur avec des montées sinueuses et interminables pour rejoindre Lavers Hill, point culminant de la Great Ocean Road. Nous n'en pouvons plus et pourrions nous arrêter là comme nos amis néo-zélandais qui nous offrent le thé mais nous voulons atteindre le parc national du Cap Otway pour tenter d'apercevoir nos premiers koalas sauvages. Nous arrivons épuisés à la tombée de la nuit mais nos efforts sont récompensés et la fatigue vite oubliée: la forêt d'eucalyptus grouille de koalas et nous en verrons des dizaines. Dans les arbres comme au sol (plus rare), leur extrême lenteur est propice à l'observation! 

Les distractions sont nombreuses sur la route!
A l'est du cap, les falaises laissent progressivement place aux longues étendues de sable et la route retrouve pour de bon l'océan. Désormais bien rodés aux successions de montées et descentes, nous apprécions la vue et prenons le temps de jouer avec les perruches qui nous mangent dans la main et de dénicher encore quelques koalas dans les arbres. Le quatrième jour restera dans nos mémoires comme le jour le plus long. En arrivant vers midi à Torquay, au bout de la Great Ocean Road, nous prenons la décision de poursuivre en vélo jusqu'à Melbourne plutôt que de prendre le train. Soit dans l'immédiat 45 kilomètres supplémentaires pour rejoindre le ferry à Queenscliff, une courte traversée de la baie et la recherche d'un camping à la tombée de la nuit: plus de 100 kilomètres au total! Moins sauvage, la fin du parcours le long de la baie s'avère toutefois magique et laisse entrevoir de magnifiques plages et villas. A la mi-journée, les premières silhouettes des tours de Melbourne apparaissent à l'horizon. Le temps d'une petite baignade dans une eau très fraîche et nous voilà déjà dans la banlieue sud. Nous rendons les vélos tout émus et fiers de l'effort accompli: plus de 400 kilomètres en cinq jours. La Great Ocean Road en vélo, on l'a fait!      

 
Since the beginning of our journey, we had been thinking about cycling part of our route but it seems it had never been the right time and right place to do so. The 300 km coastal road between Warrnambool and Torquay, west of Melbourne, better known as the Great Ocean Road turned out to be the perfect opportunity to make it happen. It was quite straightforward to hire two mountain bikes for the week in Prahran, a hype suburb of Melbourne and it didn't take us long either to pack a few essential things in one backpack, namely two sleeping bags, a tent bought a few days earlier for $15 - and never unfolded - underpants, a pair of socks and a T-shirt each and off we went. After three hours on a train to reach the western end of the road and a first night struggling for space in our amazingly tiny tent, we couldn't wait to start the adventure even though we were a bit nervous. None of us had done any serious cycling in years so we didn't really know our limits on two wheels. Luckily, we only had to ride 65 kilometers on the first day, on a flat and uninspiring road with little traffic but we soon lost sight of the ocean. We reached the rugged coastline (nicknamed Shipwreck Coast) again shortly before Port Campbell for a first glimpse of the impressive limestone blocks carved by wind and waves. That same evening, we met a group of retired New Zealanders cycling along the coast between Adelaide and Melbourne!
The second day provided the most beautiful landscapes with the famous sights of Loch Ard Gorge and the 12 Apostles (not necessarily the most breathtaking spot but for sure the most photographed one) but also demanding hill climbs on endless winding roads until we reached the highest point on the Great Ocean Road in Lavers Hill. Quite exhausted, we could have called it a day and stayed with our New Zealand friends who had offered us tea but we really wanted to get to the Cape Otway National Park to try to spot our first wild koalas. We arrived late at dusk but our efforts were soon rewarded as the eucalyptus forest was teeming with koalas and we saw loads of them. In trees or on the ground (a much rarer sight), their extreme slowliness makes them easy to observe! East of the cape, the cliffs gradually gave way to long stretches of sand and the road met the ocean again. Now well accostumed with the ups and downs of the road, we could really enjoy the views and take time to hand-feed the parakeets and spot a few more koalas in the trees. The fourth day will definitely be remembered as the longest one. When we reached the end of the Great Ocean Road in Torquay around noon, we decided to cycle back to Melbourne rather than taking the train. We still had 45 km ahead of us to get to the ferry at Queenscliff, After a short crossing of the bay, it took us quite some time to find a campsite (in the dark). In total we rode over 100 km that day! The end of the ride along the bay was equally scenic with beautiful beaches and villas on the way. At midday, we could already see the Melbourne skyline on the horizon. After a dip in a very cold water, we soon reached the southern suburbs. We gave back the bikes, moved and proud of the effort: more than 400 kilometers in five days. We did it!

L'Australie sans modération

Si l'Australie est une destination mythique pour beaucoup (à commencer par nous), Adélaide n'est pas forcément le point d'entrée le plus évident. Mais c'est un arrêt stratégique pour les amateurs de vin que nous sommes et l'endroit idéal pour passer quelques jours avant de poursuivre notre route plein est en direction de Melbourne et Sydney. La ville est beaucoup plus agréable que nous ne le pensions et nous tombons bien vite sous le charme de cette étape improbable. Les façades des bâtiments du dix-neuvième siècle nous transportent à l'époque de la ruée vers l'or et les balustrades en bois ajoutent incontestablement une touche Far West. Adélaide et l'état d'Australie Méridionale sont peu prisés des touristes mais ils font tout pour retenir les visiteurs qui s'y aventurent. La plupart des musées sont gratuits et les transports en commun étonnament performants. Nous profitons des visites guidées proposées pour découvrir d'une part les plantes endémiques australiennes au jardin botanique et d'autre part les collections disparates du South Australia Museum. C'est un de nos petits plaisirs: oublier un instant le guide de voyage pour se laisser guider par des bénévoles passionnés. 

"Randonnée" thématique au coeur des vignes
Le lendemain, c'est lundi de Pâques et nous sommes les seuls dans le bus public qui nous conduit jusqu'aux vignobles de McLaren Vale. Les vignes d'étendent à perte de vue et une cinquantaine de domaines se partagent l'une des plus célèbres appellations d'Australie. Le shiraz est la spécialité locale (en raison du climat méditerranéen) mais on trouve aussi dans la vallée du cabernet sauvignon ou des cépages moins connus comme le petit verdot. Nous sommes au paradis: un petit sentier pédestre, le bien-nommé "Shiraz trail", nous conduit, à travers les vignes, d'une propriété à la suivante et nous goûtons à tout: vin, huile d'olive, amandes. Nous nous prenons vite au jeu de la dégustation et ne voyons pas le temps passer. 

On confirme, surtout après 23 verres!
Ce sera la randonnée la plus courte du voyage mais il nous faudra bien toute la journée pour parcourir quatre modestes kilomètres et savourer jusqu'à vingt-trois vins différents (record détenu haut la main par David qui en gardera un très bon souvenir).
Pour notre dernière journée sur place - plus sobre mais tout aussi ludique - et avant de prendre un bus de nuit pour Melbourne, nous décidons de faire connaissance avec la faune locale et nous rendons dans un parc animalier sur les hauteurs d'Adélaide avant d'apercevoir prochainement (avec un peu de chance) kangourous et autres marsupiaux dans les grands espaces. Si nous n'avions pas vu un seul kiwi en Nouvelle-Zélande, cette fois au moins, nous aurons notre photo avec un koala dans les bras! 

Un peu cliché mais impossible de résister!

If Australia is a legendary destination for many travelers (starting with us), Adelaide is not really the most obvious entry point. But it is a strategic stopover for wine lovers so it was for us the ideal introduction to the country before continuing our journey east towards Melbourne and Sydney. The city turned out to be much nicer than expected and we quickly fell under its spell. The architecture of the nineteenth-century buildings brought us back to the Gold Rush era with the wooden balustrades undoubtedly adding a touch of the Wild West. Adelaide and the state of South Australia are not overrun with tourists but they do everything to retain visitors who venture there. Most museums were free and public transportation was surprisingly good and efficient. We took advantage of the numerous guided tours on offer to discover Australian endemic plants at the Botanic Gardens and the diverse collections of the South Australia Museum. This is indeed one of our little pleasures: to forget the guidebook for a moment and let ourselves be guided by passionated volunteers.
The following day was Easter Monday and we were alone on the public bus that took us to the vineyards of McLaren Vale. This is one of the most famous wine-making regions in the country and there are more than fifty wineries concentrated in a small area. Shiraz is the local specialty (due to the Mediterranean climate) but there are also other grape varieties in the valley such as Cabernet Sauvignon or the lesser known Petit Verdot. We were in heaven: we followed a small footpath, the well-named "Shiraz trail" through the vineyards from one cellar door to the other and we got to taste everything: wine, olive oil, almonds. It did not take us long to master the art of wine tasting and we made the most of the day. This must have been our shortest hike ever even though it took us all day to walk the four kilometers (!) and enjoy up to twenty-three different wines (hands down record held by David who had a very good time for sure). For our last - and more sober but equally fun - day in Adelaide and before we took the overnight bus to Melbourne, we decided to get acquainted with the local wildlife (the easy way) and made our way to a wildlife park in the nearby hills, hoping though that we would soon get the chance to see kangaroos and other marsupials in the wild. We had not seen a single kiwi in New Zealand but this time, at least, we got our picture with a koala in the arms!